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Anne Wicke (Traducteur)
EAN : 9782020475525
320 pages
Seuil (30/11/-1)
3.69/5   557 notes
Résumé :
Par une froide journée de janvier, une femme disparaît dans l'une de ces banlieues trop propres et trop calmes que le cinéma américain nous a révélées. Le mari semble accepter cette absence et se résigner. Quant à Katrina, leur fille unique, elle croit régler avec un soin méticuleux et lucide ses comptes avec l'image d'une mère destructrice et détestée en secret. Mais alors pourquoi ces rêves obsédants qui hantent ses nuits ? Et comment une mère peut-elle ainsi s'év... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (108) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 557 notes
Kat, 16 ans, découvre, en rentrant de l'école un après-midi de janvier, la maison vide. Sa mère n'est plus là. Elle s'est comme volatilisée. Disparue. Envolée. Sans laisser de mots, ni pour elle ni pour son père, n'emportant aucun vêtement ni affaires personnelles. Elle ne reviendra pas. Bien sûr, la police est alertée aussitôt. L'inspecteur mis sur l'affaire essayera de faire la lumière sur cette femme mystérieuse. Kat, impassible à cette sombre disparition, continue de vivre sa vie tout à fait normalement, entre un père discret et un petit ami, Phil, pour qui elle ne semble éprouver que peu d'amour. Elle commencera tout de même à s'interroger sur sa mère. Qui était-elle vraiment ? Qu'éprouvait-elle pour son mari ? Pour elle ? Et surtout, pourquoi est-elle partie ? Pour aller où ? Au fil des jours, peu à peu, Kat se remémore sa mère et les rapports qu'elles entretenaient...

Une lecture qui me laisse, justement, dans le blizzard. Prédomine ce sentiment d'une ambiance froide, aussi bien dans les descriptions des rêves que de la vie quotidienne de Kat et que des sentiments qui l'habitent, que ce soient ceux qu'elle éprouve pour son petit ami Phil ou pour sa mère. Kat, elle-même, semble insaisissable tant la disparition de cette dernière ne semble guère l'affecter. L'auteur donne la parole à Kat et on la suit pendant ces 4 chapitres soit 4 années. On la voit se transformer, on l'écoute parler de l'absence de sa mère, de ce qu'elle était avant de disparaître et de sa propre sexualité. L'auteur ne cesse d'utiliser des métaphores et son écriture imagée est empreinte de poésie. Malgré cela et une étude psychologique des personnages poussée, ce roman est beaucoup plus déconcertant qu'il n'y paraît.

Faisons le rêve d'Un oiseau blanc dans le blizzard...
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Un jour d'hiver, Kat rentre du lycée et sa mère n'est plus là. Pas juste partie faire les courses, non, disparue, volatilisée (voire même envolée comme un oiseau dans le blizzard). Alors, année après année, Kat s'interroge et cherche à comprendre.

Voilà toute l'intrigue. Cela donne un livre assez lent et quasiment dépourvu d'action, mais pas inintéressant pour autant, tant les réflexions de Kat sont troublantes. Je me suis d'abord interrogée sur sa santé mentale à elle, si froide et indifférente face à sa mère, son petit ami ou plus généralement la vie. Ensuite, je me suis posé des questions sur la mère, tantôt incarnation de la femme dévouée et parfaite, tantôt monstre de méchanceté, d'acrimonie et de désespoir. Puis sur le petit ami au cerveau ralenti, la psychologue inutile, la voisine tyrannique, l'inspecteur lubrique ou les copines délurées. Bref, je ne me suis pas ennuyée, d'autant que le dénouement m'a montré que j'avais tout faux dans mes échafaudages de suppositions.

Ce livre confirme à mon sens le talent de Laura Kasischke pour créer des ambiances étouffantes, nous y laisser mariner quelques centaines de pages, puis nous en donner la clé, toujours inattendue et bien trouvée... Le principe est le même dans les quelques romans que j'ai lus d'elle, sans pour autant nous donner d'impression de 'déjà vu' car elle varie les thèmes, les histoires, les personnages, les rebondissements. Je ne la suivrai pas dans le blizzard, mais certainement dans ses prochains romains !
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Froid, glace, flocons de neige, blanc, pur, feu sous la glace.
C'est indéniable : Laura Kasischke aime l'hiver.


Après « Esprit d'hiver », j'ai glissé et je suis tombée sur « Un oiseau dans le blizzard ».
Tombée bien bas et bien mal ! Car ma chute m'a entrainée dans les remugles nauséabonds de l'enfance fade et grise de Kat, enfant mal-aimée d'une mère mal-aimée par un époux gris et fade.
Remugles de l'enfance car celle-ci est uniquement citée par bribes.


En effet, dès la première page, la mère disparait. du jour au lendemain. Sans aucune trace. Et Kat, mal dans sa peau de jeune fille enrobée et qui venait enfin de s'éveiller à la sensualité, s'en trouve gravement perturbée. de l'extérieur, on ne voit rien, pourtant : la jeune fille est froide comme la glace. Mais son cerveau est le siège de cauchemars terribles et récurrents. Et le jour, ses souvenirs affluent et tuent la mère.


Mère mal-aimante et mal-aimée. Voisine d'une autre mère, aveugle et accaparante envers son fils, celui-ci amoureux de la jeune fille. Vous me suivez toujours ? Il vaut mieux, parce que c'est parti pour plusieurs visites chez la psy, mère de remplacement.
Et nous voilà encore et toujours patinant sur la glace des trottoirs, trébuchant sur le verglas, tombant dans les cauchemars de Kat et nous heurtant au père, toujours fade, toujours là.


Stop ! J'en ai eu marre, de ces valses enneigées et interminables. de belles images, ça oui, très poétiques, mais de la « poussière céleste » aux « cendres lunaires », en passant par les « éclats de verre froid », j'en ai eu assez. Les férus de psychanalyse adoreront. Quoique. Tout est si cousu de fil...blanc, bien sûr, que je n'ai ressenti pas trop de surprise lors de la révélation finale.


Froid, glace, flocons de neige, blanc, pur, feu sous la glace.
Vivement le printemps !
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Un vent glacial, signe hivernal, qui me saisit à la gorge dès la sortie du bureau où j'ai flemmardé ou d'une salle obscure où j'ai vagabondé. le climat se détraque, l'ami. J'ai froid, mes yeux pleurent. Eve est partie.

Rentrer chez moi, dans cette maison vide ou presque, un verre d'Islay pour réchauffer l'âme. Et se prendre pour un oiseau blanc dans le blizzard. (oui, j'ai tendance à me prendre pour un oiseau quand je bois un peu).

Imaginer encore cette belle Eve (énigmatique comme une ex-James Bond Girl) descendre les escaliers du sous-sol dans une tenue si vaporeuse qu'elle ferait frémir n'importe quel gamin en train de se masturber devant la vieille collection de Playboy du paternel. Imaginer justement la moustache du paternel (au sourire aussi avenant qu'un flic dans une unité spéciale de New-York) façon Village People des années 80. Mais avant tout, sortir le livre de Laura Kasichke, qui prenait la poussière et l'humidité automnale depuis trop longtemps, A White Bird in the Blizzard. Pour bien pénétrer l'air froid de l'Ohio.

Une journée tranquille donc, sous le soleil de l'Ohio. A Garden Heights, toutes les maisons se ressemblent. Pas de clôture, une petite pelouse verte, une entrée de garage pour le break familial. D'ailleurs toutes les familles se ressemblent aussi un peu. Et puis dénotant un peu au milieu de ce conformisme de la petite bourgeoisie, se trouve Eve qui au final n'est pas à sa place. Elle rêve de voler comme un oiseau, mais à la place, elle prépare le diner pour son mari et sa fille Kat (qui a été appelé ainsi parce qu'elle voulait juste avoir un chat), elle nettoie la maison, passe l'aspirateur et le plumeau, prépare des tas de cookies pour s'occuper, trop de cookies, et doit surveiller sa ligne. Moi, je la surveille, quand elle passe le plumeau, nue dans le grand salon, fenêtres à peine voilées par des rideaux aussi crèmes que transparents.

Une soirée banale où le soleil clos sa brève conversation avec les mornes plaines de l'Ohio. Kat rentre de l'école, son père déjà à table l'air pensif et abattu – comme tous les jours - la moustache ayant abandonné tout frétillement depuis quelques années déjà. Sauf que le repas n'est pas prêt. Eve a disparu sans laisser de mot ni de trace. Envolée comme un oiseau hors de sa cage. Évaporée comme la brume matinale qui s'élève de la pelouse, alors que l'arrosage automatique s'est lancé à 5h00 du mat'. Elle est partie.

Un premier hiver, un second puis un troisième. La vie en Ohio s'écoule de nouveau normalement. Ou presque. Il y a toujours ce manque qui n'en est pas vraiment un. Cette disparition qui n'en est peut-être pas une. Serons-nous un jour ce qui s'est passée dans la tête d'Eve. L'ennui d'une femme au foyer, le besoin d'aventures, la sensation de n'être plus à sa place. Et le temps qui défile sous ses yeux alors que Kat change de classe, arrive au collège, au lycée, bientôt à l'université. Eve qui veut rester jeune et belle mais Eve qui n'est pas faite pour rester dans une maison payée à crédits à Garden Heights, dans l'Ohio. A-t-elle fugué, fait une mauvaise rencontre, partie avec un nouvel amant. Morte ou vivante. L'attendre et espérer son retour ou ne plus se bercer d'hypothétiques illusions. Après tout, elle n'est peut-être que perdue dans ce terrible blizzard d'un hiver dans l'Ohio où la rudesse de l'hiver, sans son pull marine, ressemble à un séjour dans un congélateur.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Kat a 16 ans lorsque sa mère disparaît sans emporter quoi que ce soit avec elle. le lendemain, son père reçoit un appel téléphonique de sa femme lui annonçant qu'elle ne reviendra jamais.

Pour Kat, cela n'engendre pas un grand bouleversement car non seulement sa mère n'était pas gentille avec elle et passait son temps à critiquer son physique, ses attitudes, ses amitiés ... mais en plus Kat découvre ses premiers émois sexuels et a d'autres centres d'intérêt que sa mère. Cependant, elle est poursuivie par d'étranges cauchemars où sa mère lui apparaît.
Son père est triste car il aimait sa femme mais c'est un homme terne, falot et avare.
Sa mère était jolie,brillante et cultivée mais elle a passé les 20 dernières années de sa vie à entretenir la maison et à cuisiner. Elle ne supportait plus son mari qu'elle n'avait par ailleurs jamais aimé.
La vie continue donc pour le père et la fille comme si rien ne s'était passé, Kat étant bien trop absorbée par la découverte du sexe et son père, ben son père est toujours aussi morne et sans envergure.
Kat a un petit ami (son voisin) beau garçon mais d'une intelligence assez limitée, elle entreprend de séduire d'autres hommes.
La police mène une courte enquête avant de classer l'affaire.

Ce livre d'une écriture tout en finesse, poétique et métaphorique analyse avec soin la psychologie des différents personnages. C'est un livre d'action psychologique au cours duquel nous voyons évoluer Kat au cours de son adolescence.

Par bien des aspects, Laura Kasischke m'a évoqué Joyce Carol Oates : famille spéciale, analyse de la société américaine des années 80, finesse psychologique, faux-semblants et caractères très particuliers des personnages.

Le tout nous emmène vers la résolution de l'énigme de la disparition de la mère qui nous réserve bien des surprises.

Deuxième livre lu de Laura Kasischke (le 1er était "esprit d'hiver") qui m'enthousiasme. J'aime beaucoup cet auteure et je n'en ai pas fini avec elle. J'adore son style d'écriture et j'ai beaucoup apprécié ses histoires. Vivement le suivant !
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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
En vérité, ma mère a disparu vingt ans avant le jour où elle est réellement partie. Elle s'est installée dans la banlieue avec un mari. Elle a eu un enfant. Elle a vieilli un peu plus chaque jour - de cette façon qu'ont les épouses et les mères d'âge moyen d'être de moins en moins visibles à l'oeil nu. Vous levez peut-être les yeux de votre magazine quand elle entre dans la salle d'attente du dentiste, mais elle est en fait transparente.
Quant à la femme plus jeune qu'elle fut un jour, celle que vous auriez pu remarquer, elle n'est plus qu'un fantôme, une fille spectrale qui s'éloigne et finit par disparaître dans le blizzard.
Ou alors elle s'est réincarnée en moi.
Je me suis peut-être glissée dans la peau que ma mère a laissée derrière elle, je suis peut-être devenue la jeune fille que ma mère avait été, celle qu'elle voulait encore être. Je portais peut-être sa jeunesse comme une écharpe aérienne, comme un accessoire, tout en éclats nerveux et en perles collantes, et c'est peut-être pour cela qu'elle passait autant de temps à me regarder avec cette expression mélancolique dans les yeux.
Je portais quelque chose qui lui appartenait, quelque chose qu'elle voulait récupérer. C'était écrit partout sur son visage.
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Un peu d’humidité parcourait le froid, un courant de chaleur circulait par en-dessous, ce courant sentait la glace fondue, les vieilles feuilles, l’odeur des atomes océaniques, comme si un énorme ventilateur, tourné vers nous, avait été mis en marche au large des côtes de Floride et qu’au moment où le vent soulevait cet air pour l’amener au nord-ouest, vers notre poche de l’Ohio, il avait accumulé les odeurs des autres États traversés : les couvoirs de poisson, la laine luisante des éleveurs de moutons, les montagnes dénudées et les terrains de foot boueux du Kentucky, la légère brume feutrée des vieilles Ronéos des années soixante, qui flottait toujours au-dessus des centaines d’écoles primaires – cette irritante odeur de papier, de déchets industriels, l’odeur de dentelle des vieilles dames, humide et douceâtre, pulvérisée en pluie fine sur nos visages.
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En vérité, ma mère a disparu vingt ans avant le jour où elle est réellement partie. Elle s’est installée dans la banlieue avec un mari. Elle a eu un enfant. Elle a vieilli un peu plus chaque jour – de cette façon qu’ont les épouses et les mères d’âge moyen d’être de moins en moins visibles à l’œil nu. Vous levez peut-être les yeux de votre magazine quand elle entre dans la salle d’attente du dentiste, mais elle est en fait transparente.
Quant à la femme plus jeune qu’elle fut un jour, celle que vous auriez pu remarquer, elle n’est plus qu’un fantôme, une fille spectrale qui s’éloigne et finit par disparaître dans le blizzard.
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"J'ai seize ans lorsque ma mère se glisse hors de sa peau par un après-midi glacé de janvier - elle deveint un être pur et désincarné, entoué d'atomes brillants comme de microscopiques éclats de diamant, accompagnés, peut-être, par le tintement d'une cloche, ou par quelques notes claires de flûtes dans le lointain - et disparaît.
Personne ne la voit s'en aller, mais elle est bel et bien partie.

La veille au matin, ma mère était encore une femme au foyer - qui, depuis vingt ans, maintenait notre maison dans un état de propreté et de stérillité qui aurait pu rivaliser avec l'esprit de l'hiver lui-même ; alors, peut-être a-t-elle tout simplement fini par s'épousseter elle même, en un nuage lumineux qui s'est envolé par la fenêtre de la chambre, un nuage fait d'une poudre douce comme le talc, qui s'est mélangé avec des flocons qui tombaient, avec la poussière céleste et les cendres lunaires qui flottaient au loin."
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…il n’y a pas d’adjectifs pour décrire la légèreté, la blancheur légère que je ressens. C’est comme si j’avais été prise dans un filet diaphane – je suis désincarnée, le filet ne retient que mon essence, qui flotte dans la brise. Ou alors, comme si j’avais des poids attachés à mes poignets et à mes chevilles, mais ces poids sont plus légers que moi, comme si je portais une robe faite d’émotions – un tricot humide et invisible.
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