Barack Obama, la grande désillusion

Alors que les premiers candidats pour les élections américaines de 2020 se déclarent et que Donald Trump parvient toujours à étonner par son indécence, ses outrances et ses méconnaissances en matière de diplomatie internationale : pourquoi ne pas faire un retour en arrière sur Barack Obama qui lui aussi a divisé l'opinion. A commencer par André Kaspi qui n'a jamais été "fan" d'Obama !

En commençant cette lecture j'avais peur de lire un "Obama bashing" primaire". Certes, parfois certaines petites piques semblent assez peu professionnelles (ah l'ego des profs de fac français est une bête féroce! La "concurrence" avec son collègue François Durpaire, parfois trop optimiste y est sans doute pour quelque chose) mais bon, si elles sont teintées d'une grande subjectivité, n'importe quel lecteur un tant soit peu averti sera en faire abstraction.
Mon autre préoccupation au début de cette lecture st une chose pourtant essentielle pour l'analyse d'un historien : le manque de recul par rapport aux évènements. En effet, Kaspi a rédigé cet ouvrage avant l'élection du second mandat de Barack Obama, donc difficile de tirer un bilan avec une vision assez globale pour être complète.

Alors, il est vrai qu'à l'issue des deux mandats, les échecs de la présidence d'Obama restent les mêmes que ceux décrits dans cet essai. En revanche, les échecs, somme toute réels, ne sont donc pas tous étudiés en détails (au profit des fameuses petites piques). Un exemple : il est vrai que les tensions raciales se sont accentuées sous Barack Obama (et grâce à Trump, les fachos se sentent encore plus décomplexés et autorisés à laisser libre court à leurs instincts!) et qu'on attendait bien plus du premier président noir, mais là où on pouvait attendre une analyse détaillée, on trouve un simple enchainements de faits et de considérations personnelles du Grand Professêur. A l'inverse, l'historien ne mentionne pas ou très peu les réussites d'Obama : c'est tout de même lui qui a laissé une situation économique favorable à Trump. Alors oui, le plan de relance a creusé la dette : mais grâce aux Républicains elle est maintenant abyssale !!
Là aussi, autre faiblesse des historiens (surtout français) à laquelle André Kaspi n'échappe pas : les contresens et racourcis en termes d'économie. Hé oui Mr Kaspi, pour l'explication des mécanismes de la crise des subprimes, il faudra repasser (ce qui est d'autant plus impardonable qu'il existe des vidéos sythétiques très pédagogiques sur le sujet accessible sur Youtube!)
Et autre aspect sur lequel André Kaspi passe trop vite à mon goût et qui est pourtant essentiel dans la compréhension de l'aboutissement un peu mou de Barack Obama : la nature même du système politique américain !

Enfin, malgré ces points négatifs, le mérite de cet ouvrage reste qu'il donne des "grandes" pistes" de compréhensions pour les néophytes.
Et peut-être le titre a-t-il été mal choisi, car au final, cette démonstration se résume en une phrase : les médias (et le public) ont vu en Barack Obama un Messie qui serait l'instrument du Changement après l'ère Bush catastrophique (et la menace grandissante du terrorisme pour l'ouverture du 21ème siècle) - la fameuse "Obamania" - alors qu'Obama n'est qu'un homme, dont le succès dépendait de l'appui du système économique et politique. Et malheureusement, son peu d'expérience dans le domaine politique ne lui a pas toujours permis de faire les bons choix.

Voilà donc ce qu'est en réalité cet ouvrage : une démystification de l'Obamania.