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Yukiko Sato et Komako Sakaï ont su associer avec intelligence et sensibilité texte et illustrations. Celles-ci forment, autour de la petite Yu-Chan, un paysage flou qui serait celui de la réminiscence, avec ce qu'il faut de densité picturale et de coups de pinceau plus sombres pour suggérer l'inquiétude. Je parle de réminiscence car ce tout petit livre pourrait être celui du souvenir qui resurgit d'un paysage, d'une odeur, d'une sensation, peut-être celle du vent dans les hautes herbes ou le bruit de l'eau qui s'écoule, les voix lointaines des parents. Réminiscence d'une petite aventure oubliée, lors d'une banale et agréable journée en famille, au bord de l'eau. On écoute donc la voix de la petite narratrice, Yu-Chan, absorbée dans sa contemplation d'un papillon qu'elle suit dans les hautes herbes. Parfums de dentifrice, chatouillis des herbes, mouvements de la nature au gré du vent, puis la peur qui s'insinue, doucement, quand, bien qu'à quelques mètres seulement de ses parents, Yu-Chan n'est plus dans un univers familier et rassurant. Premiers pas dans l'étrangeté, tous sens réceptifs puisque les enfants, les tout-petits, comprennent le monde par les sensations et non la raison. Je mettrais un seul bémol à ce livre, le texte, dont le rythme irrégulier entrave parfois la lecture à voix haute, mais cela est sûrement dû à la traduction. A partir de trois ans. + Lire la suite |