L'imprimerie a tué le sacré du livre, sa rareté, son caractère précieux, l'effort de sa fabrication ; par la multiplication mécanique des mots en milliers d'exemplaires, elle a affaibli la puissance de l'original.
1. La face de Quasimodo, p. 11
Nous ne pouvons plus, comme le faisaient nos ancêtres, parler des centaines et des milliers d'années qui seraient devant nous. Plus aucune année n'est sûre. Il nous suffit d'imaginer l'existence d'un fou, d'un allumeur de mèches, pour que se dessine la perspective de la fin de l'histoire du monde en tant qu'incarnation de la bête apocalyptique.
10. Café "Apokalypsis", (p. 91)
Les architectes connaissent parfaitement nos désirs nutritionnels, rationnels, sexuels, artistiques, physiques et spirituels, biologiques et inorganiques ; leur devoir est de les convertir en langage binaire, en fonctions d'habitation. Physiologie, péristaltisme, récréation, tout est prévu. Mouvement, sommeil, cuisine, lavage, séchage, s'asseoir, se lever, pivoter autour de son axe. On sait combien de place il nous faut pour chaque mouvement : aujourd'hui, 80 cm suffisent pour entrer par la porte principale, 60 cm seulement pour la salle de bains, alors que, auparavant, il fallait 150 cm. On dirait que nous avons rétréci de moitié depuis le siècle dernier ou que nous avons développé à la perfection l'habileté à nous faufiler avec élégance. A certains endroits, on a économisé jusqu'à un mètre, presque deux coudées au-dessus de la tête. Les plafonds ont baissé de 3,5 m à 2,5 m. C'est la hauteur dont nous avons besoin, autrement dit, nous nous sommes abaissés d'autant.
8 - Cimenttyrannie, (p. 68 - 69)
Être moderne signifie entretenir un certain rapport au temps. Les juges, sévères et exigeants, qui surveillent l'accès à la modernité, sont des juges éternellement jeunes. Une formule, parmi d'autres, en ouvre les portes. Il faut, comme disent les Anglo-saxons, être YAVIS (young, attractive, verbal, intelligent, successful). Il faut, pour vivre correctement et être en phase avec l'esprit du temps, vouloir rejeter les anciens préjugés. Il faut regarder tout ce qui précède comme mineur, improvisé, retardé, inconscient, immature. Il faut lui trouver comme un air rustique, une sorte de couleur sépia.
"Le mot "moderne" exprime la conscience d'une vie nouvelle, meilleure que l'ancienne, et impose l'exigence d'être à la hauteur de son temps. Pour "l'homme moderne", ne pas être moderne signifie tomber au-dessous du niveau historique existant." *
9 - Modernité - Monde, p. 74
* J. Ortega y Gasset : Pobuna masa, 1988. La Révolte des masses, Stock, 1937
L'architecture postmoderne actuelle se définit elle aussi par un éclectisme accentué, par l'imitation et la falsification fréquentes des styles historiques, une composition à la limite du kitsch (qui représente, aux yeux de Broch, le mal esthétique) caractérisée par le métissage schizophrène de deux codes, le traditionnel et le moderne.
Ainsi, au fil des siècles, l'homme demeure obsédé, d'une manière ou d'une autre, par le thème de l'inévitable fin du monde. S'il ne s'agit pas d'un enthousiasme prophétique ou d'une science occulte des chiffres sous influence astrale (G. Widengren), le point de départ de la pensée de l'Apocalypse est toujours le déclin du monde ou l'interprétation des indices considérés comme significatifs pour en d'annoncer l'effondrement. Ainsi, à travers la perversion et la décadence de toutes choses, le monde parle et témoigne de ce que nous approchons de notre fin, qu'il n'a plus ni la même force, ni la même vitalité que jadis.
Ses fenêtres, à travers lesquelles les ondes de lumière pénètrent dans les nefs sombres de l'église, avec "la structure des murs qui laissent de larges passages pour la lumière, devraient représenter l'écoulement de l'énergie créatrice divine" , et susciter dans le cœur des fidèles le désir de s'envoler vers les hauteurs, d'élever leur âme.