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Critique de cedratier


« L'Arche des Kerguelen » : Jean-Paul Kauffmann (Poche, 210 p)
Embarquement instantané pour les îles de la Désolation, autre nom bien trouvé de cet archipel des Terres Australes Françaises. Dès les premières pages, l'écriture très soignée de l'auteur nous exile aux confins d'un monde quasi inhabité. le dépaysement est immédiat : le vent, encore et toujours le vent, la pluie, pas un arbre sur ces terres découvertes en 1772 par un navigateur breton, cette colonie française où des missions scientifico-militaires se succèdent depuis des décennies, histoire de vaguement maintenir une présence formelle tricolore. L'écrivain-journaliste y court après un rêve d'enfance, voir la célèbre arche de pierre de plus de cent mètres de haut. Débarqué là pour quelques semaines par le navire qui relie 4 fois par an l'archipel à l'ile de la Réunion (première terre habitée à plus de 3000km), il partage avec nous son carnet de voyage, alternant descriptions de rudes paysages, de la faune et de la flore, récits des personnages (marins ou militaires) qui ont foulé ces paysages depuis plus de deux siècles. Il puise dans ses souvenirs de lecture (il a presque tout lu sur les Kerguelen pour préparer son voyage), nous offre ainsi des sauts dans le temps qui jalonnent ses randonnées dans des paysages ignorant presque l'humanité. C'est aussi une réflexion sur le temps, imprégnée ici ou là de références religieuses. C'est beau, parfois répétitif. Et si j-J.P. Kaufmann n'évoque jamais son «expérience» d'otage durant trois ans au Moyen-Orient, on la devine par quelques allusions dans ce récit de voyage aux confins de la civilisation. Car la solitude, même partagée ici avec quelques autres dans cet éloignement volontaire, en rappelle toujours une autre : «Plus que la souffrance, le désoeuvrement n'est-il pas l'épreuve suprême ? Qui sait combler le vide de l'âme quand plus rien ne l'absorbe est tiré d'affaire. Il triomphe du supplice le plus cruel : le temps sans mesure ni terme. La douleur occupe ; l'être souffrant se contemple dans son tourment. L'ennui ne connait ni la nuance ni la satiété.»
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