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EAN : 9791032917428
222 pages
L'Observatoire (31/03/2021)
3.38/5   12 notes
Résumé :
Pour Jean-Claude Kaufmann, la crise sanitaire est révélatrice d'un possible «?glissement civilisationnel?» vers une forme de vie plus simple et tranquille, au risque d'abandonner certaines de nos libertés. Les confinements ont été de plus en plus pénibles à vivre pour certains, piégés dans leur appartement surpeuplé, mais pas pour tout le monde. Une majorité de personnes a même trouvé quelques agréments discrets dans le fait de se laisser un peu aller, de dormir dav... >Voir plus
Que lire après C'est fatigant, la liberté...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'aime bien les livres de Jean-Claude Kaufmann. Sujets traités à fond tout en restant très accessibles. Ce livre, publié en mars 2021 n'est pas démodé et mérite toujours d'être lu.

Ce livre est divisé en trois parties : "La drôle de vie", "L'autonomie épuisante" et "Le nouveau pays de Cocagne".

"La drôle de vie" nous parle de la rencontre brutale avec la pandémie et tous les changements qui vont avec : le confinement, la communication dans la presse et les réseaux sociaux, les changements des habitudes, ... Finalement, beaucoup ont trouvé un bonheur dans le confinement : la paresse, le temps, ... Bien entendu, à l'exception des cas difficiles tels une famille ou l'espace de vie n'est pas suffisant, les couples qui ne s'entendaient pas déjà avant la pandémie, ...

"L'autonomie épuisante". Kaufmann donne comme exemple la liberté de choisir un plat au restaurant et que finalement le plus simple est de demander "la même chose que lui"... En fait, nous ne sommes pas aussi libres que nous pensons et, parfois, des demandes de plus de liberté ont des incohérences (les français sont des râleurs...). En fait, beaucoup de cette partie tourne autour de "normalité". Ce concept ne va pas de soi et c'est plutôt une construction sociale. Un très bon exemple mentionné par Kaufmann est celui des vacances, époque où chacun est sensé pouvoir faire tout ce qu'il ne fait en dehors des vacances. Donc, ne rien faire, ou faire une siesta à la plage tout en se bronzant, ce sont des choses pas forcément bien vues ou honteuses. A côté de ces "normalités" de la vie en société, il y a un tas de petites choses "anormales" qu'on a découvert et pratiqué pendant les périodes de confinement.

"Le nouveau pays de Cocagne" - alors, quoi faire ? Jean-Claude Kaufmann cherche un mi chemin entre la "normalité" de la société et les petits plaisirs que l'on a pu découvrir, et d'autres, pendant le confinement. Une amie m'a dit l'autre jour sur un "personnage" que j'ai croisé dans la rue : "Il n'a pas peur d'être heureux !". C'est bien ça, il faut se libérer de cette "normalité", et être soi même. Bien sûr, le point central dont parle Kaufmann est les limitations naturelles d'une vie en société.

Ce livre a été publié en mars 2021, plus au moins au milieu de la pandémie. Kaufmann s'est basé sur ce qui a été publié sur la pandémie : presse, livres, ... Et a mis ça en rapport avec des connaissances en sociologie, philosophie, ... C'est un travail de recherche remarquable et toujours d'actualité. C'est un livre à lire.

Je le démarque par rapport à des livres écrits à la hâte, juste au début de la pandémie. Il y a deux qui m'ont beaucoup déplu dès le départ. Alors que les connaissances de la pandémie étaient encore limitées, ils se sont basés sur des généricités en début de la pandémie pour faire du militantisme. Edgar Morin, dans "Changeons de voie - les leçons du coronavirus", parle de solidarité et mondialisation pour plaider un changement dans l'ordre mondial basé sur le communisme. Bruno Latour, dans Où suis-je, fait le rapprochement entre la pandémie et La métamorphose de Kafka pour plaider ses idées écologiques. Je n'ai rien contre leurs idées, c'est leur droit, mais il m'a semblé que ce n'était pas le moment de faire du militantisme. Ça se rapproche d'une imposture intellectuelle.

Klaus Schwab a fait un peu mieux. Il a écrit des idées intéressantes dans "COVID-19 - La grande réinitialisation" tout en promettant une mise à jour de son ouvrage... mise à jour qui n'est jamais venue.
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Avec cet essai j'ai complètement redécouvert Jean-Claude Kaufmann. Je connaissais ses ouvrages de microsociologie qui scrutaient dans le détail nos intimités. Là au lieu de donner la parole à des anynonymes il la donne à différents auteurs, souvent des philosophes. Il s'appuie avant tout sur la théorie de l'économiste Albert Hirschman : Exit, Voice, and Loyalty. Plusieurs attitudes face à la vie. Il y a tout d'abord ceux qui sont loyaux, qui obéissent aux injonctions sociales. Dans la société traditionnelle, c'était la grande majorité des gens. Et puis avec la liberté et l'abondance, utopies devenues réalité, les choses ont changé, surtout à partir des années 60. On a pu s'exprimer davantage, dans la rue ou sur les réseaux sociaux.


Après une sorte de journal de confinement qui revient sur cette "drôle de vie" (première partie), puis un nécessaire préalable théorique (deuxième partie), c'est à la troisième attitude que s'intéresse le sociologue à moustache (troisième partie : le nouveau pays de cocagne). C'est cette partie qui m'a le plus intéressé, en particulier le sixième chapitre (Se retirer du monde). Enfin on en apprend plus sur cet "individu par défaut" épuisé par toutes ces décisions à prendre, ces efforts à faire, cette pression à subir… Gare à la surcharge ou au burn-out ! Heureusement, la plupart du temps il suffit de lever le pied, de prendre un peu de repos et de recul… avant de repartir dans la mêlée. Car l'auteur ne croit pas à un grand virage décroissantiste à 180°. Il ne pare cet être ralenti et ramolli ni de tous les vices ni de toutes les vertus, son propos est assez nuancé.


Moi qui aime prendre des notes, j'aurais aimé avoir une liste des différents types de fatigue. La typologie des divers décrochages que j'ai trouvé dans la presse aurait au moins pu être reprise (décrochage pathologique/intermédiaire/actif). Mais cela aurait nuit à la fluidité et au style de l'ouvrage. Celui-ci se lit rapidement et agréablement, enfin si vous avez quand même une certaine culture générale. En ce qui me concerne j'ai eu du mal parfois avec certains concepts repris et cités tels quels sans explications. Ainsi pour comprendre ce qu'est le "déplacement de l'expérience de la subjectivité" aurait-il sans doute fallu que je lise le livre d'Alain Ehrenberg, La fatigue d'être soi. Je n'en ai pas eu le courage. Fatigue quand tu nous tient...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
(p. 64)
Cette signification d'ensemble était toute trouvée, évidente, partagée par tous. Elle se trouvait déjà dans les archétypes des filmes héroïques contre les épidémies, et elle avait une forme clairement narrative. Celle de l'épopée guerrière contre un ennemi invisible. Le pouvoir politique avait d'ailleurs très tôt fourni des éléments de langage. Nous étions en guerre, et la population était divisée en trois catégories pour mener le combat. Les "premières lignes" sur le front de l'hôpital, les "deuxièmes lignes faisant le ménage et ramassant les poubelles, l'arrière restant sagement configé et applaudissant à 20 heures. Chacun jouait son rôle dans le scénario.
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(p. 173-174)
Le vide subi et le vide voulu, le retrait subi et le retrait voulu renvoient en fait à deux univers très opposés même s'il existe des liens entre eux. Ce qui m'intéresse ici se situe un peu entre les deux, dans le laissez-aller involontaire, le ramollissement honteux mais délicieux, qui cherche vaguement un sens à cette étrange attirance. Ce qui m'intéresse ici exclut toutes les excroissances particulières que je viens d'évoquer, que ce soit dans le cadre d'effondrements pathologiques ou de développements spirituels donnant forme au retrait. CE qui m'intéresse ici est de creuser au centre. Et ce centre se situe dans les gestes les plus ordinaires de la vie quotidienne, les plus anodins, dans les mille expériences existentielles minuscules qui ont révélé leurs trésors lors du confinement.
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(p.163)
Se retirer du monde, ralentir, se reposer, faire le vide; tous ces désires existentiels ne cessent de monter inexorablement comme une vague immense qui nous entraîne quels que soient les efforts que nous fassions pour y résister. Contrepoison aux maladies de la modernité tardive. La lenteur n'est pas le vide, la mollesse n'est pas le retrait; tous ces ingrédients spécifiques s'articulent malgré tout dans un mouvement d'ensemble qui fait sens, fluctuant, informel, mais cohérent. Le plus important à mon avis est de prendre la mesure de cette vague, et de saisir les bouleversements qu'elle annonce; c'est ce qui est au centre de ce livre.
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décider en tout, à chaque instant, fait entrer dans un univers d’incertitudes et de fatigue mentale, dans une responsabilisation culpabilisante puisqu’elle impute à soi-même les échecs et fragilise ainsi l’estime de soi. L’individu, en théorie libre de tout, est de plus en plus un individu qui a besoin d’être réconforté et sécurisé, de se constituer des repères qui ne peuvent se stabiliser qu’en limitant justement cette liberté. En durcissant ses convictions, ses croyances, ses certitudes.
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Une majorité cependant ne rêve pas de disparaître en forêt, et le souhaite encore moins. Nombreux sont ceux qui préfèrent inventer de petites bulles de retrait et d’abandon tout en restant ouverts à l’agitation du monde, branchés sur son excitation virevoltante. Se retirer un peu, de temps en temps, pour que tout continue comme avant ou presque. L’hypothèse d’un basculement vers un modèle d’écologie radicale ne saurait s’imposer qu’à l’issue d’une crise majeure.
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Videos de Jean-Claude Kaufmann (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Kaufmann
https://www.laprocure.com/product/1073037/kaufmann-jean-claude-petite-philosophie-de-la-chaussette
Petite philosophie de la chaussette Jean-Claude Kaufmann Éditions Buchet-Chastel
« La chaussette, c'est sans doute l'accessoire de notre vestiaire le plus discret, le plus anodin, parfois même le plus invisible, et c'est un défi que relève dans ce livre Jean-Claude Kaufmann : nous présenter une Petite philosophie de la Chaussette pendant deux cents pages. C'est vraiment un livre passionnant, parce qu'on découvre que la chaussette cristallise en fait bien des aspects de notre époque contemporaine, notre rapport à la mode, notre rapport à l'argent, notre rapport aussi au couple... » Guillaume, libraire à La Procure de Paris
+ Lire la suite
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