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EAN : 9782200248413
216 pages
Armand Colin (05/05/2010)
3.54/5   12 notes
Résumé :
Internet a bouleversé le paysage des rencontres amoureuses. L’affaiblissement des interdits libère les désirs et nombre de rencontres se concluent rapidement au lit. « Il n’y a pas de mal à se faire du bien » philosophent les amants d’un soir. La sexualité s’est banalisée au point de devenir une sorte de nouveau loisir. « Cela revient même moins cher qu’une place de cinéma », avance un radin de la Toile. Le sexe pourrait-il vraiment être un loisir comme les autres ?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Au tournant des années 2000, la conjonction de deux phénomènes très différents (la banalisation d'Internet et la revendication féminine d'un droit au plaisir) allait brusquement accélérer le mouvement et bouleverser le paysage des rencontres. La sexualité, qui avait commencé à s'autonomiser en se séparant du sentiment depuis plus d'un siècle, puis à s'émanciper, jusqu'à apparaître dans les médias comme une banale technique de plaisir, s'installa alors dans un espace assez clairement séparé, distinct de la question de l'engagement conjugal, et dédié au seul bien-être. Loin des effrois diaboliques et des transgressions frissonnantes d'antan, une nouvelle activité de loisir, somme toute très ordinaire, était née. Prenant la forme d'un immense hypermarché de l'amour et/ou du sexe, où chacun est à la fois consommateur et vendeur, affichant ses désirs et cherchant à les satisfaire de la façon la plus efficace qui soit." (p. 193)

Cela constitue le paysage. La problématisation sociologique vient du dédoublement contradictoire de chacun de ces éléments factuels, dès lors que les représentations (individuelles et sociales) s'en mêlent. Ainsi de la "revendication féminine" où semblent s'alterner continuellement, comme dans un mouvement de pendule, une sexualité prédatrice et boulimique (anciennement masculine et fondée sur le nombre des trophées) avec une recherche de la liaison et du sentiment. Ainsi de la dichotomie entre sexe-loisir (comme une place au cinéma) et sexe-bien-être qui requiert de l'écoute, de l'empathie, du réconfort en vue de la reconstruction de l'estime de soi. Ainsi de la persistance d'une moralité sexuelle atavique qui sépare le "plan cul" de la "meuf officielle" et le "connard" de l'amant rêvé, par rapport à laquelle l'anonymat et le "monde parallèle" (virtuel) que semble assurer la Toile sont en réalité minés par des relations osmotiques avec la "real life". Ainsi d'une alternance également cyclique et proche des syndromes bipolaires entre boulimie sexuelle et écoeurement, entre facilité de la rencontre et insatisfaction par rapport à ses contenus. Une possible synthèse imaginée par une blogueuse (P.C.R.A. = Plan Cul Régulier Affectif) pourrait à la longue s'affirmer et changer les moeurs en profondeur et durablement (?) si seulement les attentes réciproques des deux sexes s'y rencontraient simultanément, ce qui semble improbable par ailleurs.

Tout ce matériau est très fluctuant. Ma satisfaction à la lecture a été passablement amoindrie par de nombreuses répétitions, une relative lacune d'encadrement théorique, un gros flou méthodologique que ne dissipe pas l'annexe. Il est probable que cela soit inévitable dans le monde très mouvant de l'Internet, ou alors que l'analyse sociologique de ce nouveau type de terrain soit encore insuffisamment mûre. Ma difficulté de synthèse dans cette note en est sans doute le reflet.
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Il y a les grands sociologues, ceux qui manipulent les mots en -isme avec maestria. Rien qu'au petit-déjeuner, ils vous pondent une analyse néo-levistraussienne de la phénoménologie radicale dans le contexte anté-marxiste entre deux biscottes. Et sans forcer. Et puis, il y a ceux qui s'intéressent à la sociologie de la banalité. Qui étudient comment se passe le premier matin d'une histoire d'amour. Qui dissectent la place des tâches ménagères dans notre quotidien. Qui se posent des questions sur les seins nues ou les conflits de voisins en HLM. Jean-Claude Kaufmann est de ceux-là. Un sociologue du petit rien. Il ne fait pas de la Sociologie, mais de la socio. Certes, ses sujets de prédilection ressemblent plus au titre d'un article de Biba ou de Femme actuelle qu'à la thèse du premier sorbonnard venu, mais moi, j'aime son travail d'entomologiste sur nos petits gestes, nos tracas et nos vies. C'est une sociologie de proximité. Les puristes vous diront que c'est de la sociologie pour les nuls : rien n'est plus faux.

Kaufmann avait déjà traité de l'amour dans un ouvrage intitulé La femme seule et le prince charmant. Et avec l'avènement d'internet, il a senti le besoin de revenir sur le sujet. Sex@mour traite donc de l'amour au temps de Facebook et Meetic. Des plans cul gérés par SMS. Des coups d'un soir. de la manière de se vendre sur les réseaux. Des deux terribles questions qui divisent le monde : "Qui paye l'addition ?" et "Faut-il coucher le premier soir ?" le sujet est vaste (et il est illusoire de penser qu'il a tout couvert en 200 pages). Attention : ce n'est pas un livre de conseils de drague. Ce n'est pas un The Game à la française, bien au contraire. Si on y parle de "kino escalation" (utiliser le contact physique par petites touches pour provoquer le rapprochement) et de "kiss closer", ce n'est pas pour proposer de nouvelles méthodes mais bien pour essayer de comprendre ce qui motivent ceux qui utilisent de telles techniques. Je vous le dis tout de suite : la soi-disante égalité des sexes que permet l'anonymat d'internet explose en vol dès qu'il y a rencontre physique. Là, tout reprend à l'ancienne : on prend un verre et on discute. Les échanges de courriels ont beau avoir été intenses. il faut composer avec cet autre qui devient tout à coup réel. On a beau prétendre que les nanas ont autant le droit au sexe libre que les gars, dans le vrai monde, l'atavisme sexuel reprend le dessus : la fille est très vite classée dans la catégorie assez vaste des salopes.

L'idée principale qui se dégage du livre est que le sexe n'est pas un loisir comme les autres. Même quand on le pense libéré du carcan archaïque de la sexualité à papa, c'est une activité trop ancrée dans un ensemble de vieilles valeurs plus ou moins conscientes. On a beau se prétendre "open", le cul pour le cul finit par tourner en rond et mettre en évidence un vide affectif (c'est un peu moins vrai chez l'homme qui sépare depuis des siècles le sexe et les sentiments). D'autant que les méthodes modernes de drague via internet sont aussi violentes que les rateaux d'antan. Voir une discussion enflammée s'arrêter d'un coup dès que la partenaire a envoyé une photo moins flatteuse que prévue ou se rendre compte qu'on est le 3e partenaire sexuel de la semaine, ça heurte encore. On se rencontre plus vite grâce au courriel ou Facebook, mais ça ne veut pas dire pour autant que la charge émotionnelle liée au rejet est amoindrie.

Bon, je ne suis plus sur le marché depuis longtemps, j'ai donc appris beaucoup. Je n'ai jamais dragué sur Facebook, je suis donc très éloignée de cette réalité là. Les adeptes des rencontres trouveront sans doute que le bouquin balance des banalités sur la drague en ligne. C'est vrai que le livre ne révèle rien d'extraordinaire sur le sujet. Les gens mariés profitent allégrement d'internet pour échapper à la morosité ambiante de leur couple. Les jeunes s'envoient en l'air sans arrière-pensée mais finissent toujours par attendre le grand amour. Rien de nouveau sous le soleil. Mais Kaufmann n'est pas là pour faire du sensationnel. C'est plus un état des lieux, une sorte d'instantané de la drague. Et, chose réellement appréciable, le sociologue n'a pas procédé avec les sempiternelles entrevues. Non, son livre est basé sur des billets et des commentaires de blogs spécialisés (des blogs de conseil, des blogs de "chasseur", des blogs de "gamers") et des messages de forums. Ça fait du bien de voir un sociologue que vit avec son temps et qui comprend ce qui se passe en terme de communication.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Avec Sex@mour, Kaufmann part des rencontres amoureuses virtuelles, qui, selon lui, ont totalement transformé les relations amoureuses dans leur ensemble.

Pour appuyer son propos, Kaufmann a passé un temps infini sur la toile, que ce soit sur des blogs et des forums de rencontre, ceux consacrés aux rencontres sentimentales.

De toutes ces confessions virtuelles, Kaufmann a su en tirer des conclusions pertinentes sur ces "nouvelles clés de rencontre amoureuse". Si on se doutait bien que le net permettait, depuis une dizaine d'années, de faciliter les rencontres et de multiplier aisément le nombre de partenaires (disons sans entrer dans les détails personnels que je connais bien le sujet pour l'avoir testé à ses débuts), on ne se doutait pas forcément que l'univers des rencontres sur Internet était à ce point considérée comme une sorte de «jungle relationnelle».

Confronté à un mode de rencontre nouveau qui inverse la chronologie des événements (on apprend à se connaître en ligne avant de se rencontrer, on vit une relation sexuelle avant d'éventuellement évoluer sur un plan sentimental), la personne est privée de tous ses repères et se trouve en même temps être le cobaye et l'instigateur d'un nouveau code relationnel...

Dit comme cela, l'ouvrage peut sembler ardu et un peu fastidieux, mais en fait, il n'en est rien, car fidèle à son mode de fonctionnement, Kaufmann passe trés peu de temps à théoriser pompeusement, le sociologue préféré des médias a pour habitude de reprendre à la lettre les propos des individus concernés, puis de les analyser, mais de façon totalement compréhensible. Cela dit, parfois, il y a comme un décalage assez drôle entre des propos plutôt cashs, et écrits avec un langage trés abrégés, et la réflexion de l'auteur, forcément plus élaborée et écrite dans un langage plus soutenu.

Quoiqu'il en soit, et même si le livre pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses et n'est sans doute pas aussi approfondi que d'autres travaux de Kaufmann, la lecture de Sex@mour est tout à fait captivante, et, avec le recul, l'ouvrage pourra être utilisé comme un excellent outil permettant de mieux comprendre la société française de ce début du 21ème siècle.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'amour sur internet c'est tendance ! J'ai acheté ce livre par simple curiosité pour découvrir l'univers des rencontres à l'ère du numérique.
Je l'ai trouvé très intéressant et l'auteur a pour ma part bien étudié son sujet. Il nous permet de découvrir différentes personnes qui témoignent de leurs expériences au fil des rencontres et des rdv. Des témoignages qui font réfléchir sur l'amour virtuel.
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on ne peut pas dire que cet ouvrage va filer les bas résille ni faire monter en température les ordinateurs connectés aux réseaux. le côté entomologique chez l'auteur est constant et c'est une de ses grandes qualités. Je trouve que cette fois-ci la matière ne s'y prête pas trop ou encore que les analyses ne sont pas assez fouillées. L'évacuation du porno sur le net pourrait ( pourrait) faire croire qu'il n'existe que des relations consenties et actives. du coup l'ouvrage, en occultant cela, limite le champ de l'étude aux déclaratifs.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La vraie rencontre signifie que l'on est disponible, ouvert à la suprise, curieux de l'autre. Or le trouble provoqué par la transition identitaire entre les échanges à distance et la real life pousse au contraire à se crisper sur ses repères anciens, à se clore dans une carapace défensive et donc à ne voir chez l'autre que ce qui peut devenir prétexte à un jugement négatif.
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La révolution que nous sommes en train de vivre est celle de la banalisation du sexuel. Pour tout un chacun, qu'il vive avec son partenaire habituel ou qu'il soit plongé dans l'aventure des rencontres. Il [le sexe] tend au contraire aujourd'hui à devenir quelque chose de simple, de normal, de plaisant. Une sorte de loisir. Très agréable.
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Le développement régulier du nombre des célibataires à travers le monde montre d'ailleurs que le couple à long terme est sérieusement remis en cause.
Et pourtant il résiste. Parfois, par simple habitude, par paresse, par peur de l'aventure, on se raccroche à l'autre parce que la vie est froide et dure au dehors.
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Il suffit d'un clic pour choisir. Bienvenue dans l'illusion consommatoire, qui laisse penser qu'un homme (ou une femme) pourrait être choisi comme un fromage dans un hypermarché.
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Alors qu'autrefois l'amour menait au sexe, nous assistons à un véritable retournement historique: désormais c'est le sexe qui peut mener à l'amour.
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Videos de Jean-Claude Kaufmann (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Kaufmann
https://www.laprocure.com/product/1073037/kaufmann-jean-claude-petite-philosophie-de-la-chaussette
Petite philosophie de la chaussette Jean-Claude Kaufmann Éditions Buchet-Chastel
« La chaussette, c'est sans doute l'accessoire de notre vestiaire le plus discret, le plus anodin, parfois même le plus invisible, et c'est un défi que relève dans ce livre Jean-Claude Kaufmann : nous présenter une Petite philosophie de la Chaussette pendant deux cents pages. C'est vraiment un livre passionnant, parce qu'on découvre que la chaussette cristallise en fait bien des aspects de notre époque contemporaine, notre rapport à la mode, notre rapport à l'argent, notre rapport aussi au couple... » Guillaume, libraire à La Procure de Paris
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