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EAN : 9782491287009
Signes et balises (15/10/2020)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Plus de cent vingt lettres envoyées par le marin-poète Nikos Kavvadias tout au long de sa vie à sa soeur et sa nièce chéries et ses amis, tout ce que la Grèce a compté d'écrivains, éditeurs ou comédiens au XXe siècle.

Ainsi que dix lettres du romancier M. Karagatsis à son ami 'La Sirène'.

Traduit du grec par Françoise Bienfait et Gilles Ortlieb
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avant tout, j'aimerais souligner la qualité de l'objet-livre, son élégant format qui loge parfaitement dans la main, ses rabats cartonnés et épais, le très beau choix de couverture à partir d'une véritable carte promotionnelle de la compagnie maritime ELMES. Cette réalisation esthétique est tout à à fait remarquable.
Ce recueil de correspondances rassemblent les lettres du poète grec Nikos Kavvadias de 1934 (il a alors 24 ans) à 1974 (soit l'année précédent son décès). Ces lettres envoyées pour l'essentiel à sa famille, sa soeur et sa nièce, et quelques rares amis sont rédigés alors qu'il parcourt le monde sur des paquebots de commerce. Certaines sont destinés à Dimitrios Rodopoulos, peut-être plus connu sous son nom de plume Michálīs Karagátsīs. En retour, le recueil comporte dix réponses de M. Karagatsis. On peut s'attendre légitimement à ce que les deux auteurs échangent sur les créations littéraires, c'est parfois le cas. Mais en proportion, à l'échelle de l'ouvrage, l'écriture en tant qu'objet occupe une faible place. On trouve bien ici ou là, un ou deux poèmes traduits pour l'occasion. Mais le lecteur qui viendrait à s'intéresser à ce recueil par amour de la poésie ou de la littérature grecque pourrait être déçu. L'aventure maritime, les femmes et les prostituées rencontrées dans chaque port, les souvenirs à rapporter à la famille tiennent une place prépondérante, l'amitié et dans une moindre mesure la solitude du marin toujours éloigné de ses proches, sont au coeur de l'ouvrage. Nikos Kavvadias a peu d'amis, il le dit lui-même, mis à part son très cher M. Karagatsis. Les trivialités maritimes sont toutefois narrées dans une langue magnifique, et les ports et le quotidien du marin se dessinent volontiers dans l'esprit du lecteur avide. Les récits de N. Kavvadias m'ont transportée, j'ai eu grand plaisir à le suivre dans ses tribulations. Il m'en reste une grande curiosité de découvrir ses romans et ses poèmes, et de partir à mon tour à la découverte de la littérature grecque contemporaine.
La dernière lettre surtout est magnifique et mérite à elle seule la lecture de cet ouvrage.
Un grand merci à Babelio et Signes et Balises pour l'envoi de ce livre d'une très grande qualité littéraire et esthétique.
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Je ne connaissais pas du tout Kavvadias avant d'ouvrir ces correspondances. L'intérêt que je portais à cet ouvrage était justement de découvrir un pan de littérature m'étant jusque-là inconnu, mais surtout de renifler les embruns et la saveur des voyages au fil des courriers. de pouvoir également jauger de la perception d'une histoire en marche ( la période parcourue, de 34 à 74 étant à la fois large et dense ) et de l'évolution même d'un homme sur cette période.

De ces trois thématiques, c'est peut-être bien la dernière qui m'a le plus captivée à la lecture. Comme on peut s'y attendre, les lettres évoluent tant dans les thèmes que dans le style, dans les discours et les destinataires.
Ma curiosité de voyeur, cet appétit pour le coup d'oeil jeté au fond d'une enveloppe qui ne nous est pas destinée, cherchant à comprendre quels sens et interprétations l'on peut prêter aux mots d'un inconnu sont déjà tout un frisson en soi. Mais parcourir quarante ans de courriers allant de la simple missive informative de 3 lignes, aux déclarations d'amitiés enflammées de plusieurs pages se révèlent parfois réellement passionnant. L'intimité qui se crée permet de déceler des marques de faiblesses dans une lettre qui cherche à rassurer, la solitude subie quand elle est revendiquée et les méninges travaillent pour deviner de quels actes Kavvadias s'excuse auprès de sa soeur si proche.
Le combat entre l'écriture et la lassitude revient fréquemment, l'envie de liberté et les attaches aux amis et à la famille, tout ces tiraillements nous dressent la toile d'une personnalité complexe et presque attachante. Oui, vous m'excuserez, mais bien qu'il soit nécessaire pour la cohérence de conserver les passages décrivant les prostituées mineures ou les autres abus qui, à l'époque, n'étaient pas considérés comme problématique, il est difficile aujourd'hui d'étendre son empathie face à de tels comportements.

Je n'ai pas de souvenir particulièrement évocateur d'un sentiment de dépaysement. L'accent est surtout mis sur la vie à bord et les escales de repos, la vie quotidienne d'un marin en soi. Sur ce point, on se projette facilement cette vie en cabine ainsi que l'évolution technique au fil des lettres.


Pour ce qui est du style et des découvertes littéraires, bien que certains passages jouissent d'une écriture libre et passionnée larguant de l'enthousiasme à tour de bras, je retiendrai plus certainement les écrits de Karagatsis. Ces courriers sont dynamiques, très expressifs et d'une lecture bien plus agréable que les lettres de Kavvadias à mon sens.

Cette correspondance a donc un intérêt certain, et sûrement plus grand encore pour les amateurs de la littérature grecque. Cependant, les discours discutables et la lecture pas toujours agréable en font un document intéressant, mais dans lequel je ne me suis pas plongé à corps perdu.
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Extraites d'une correspondance inédite en français étalée sur 40 ans, ces 131 lettres signées Nikos KAVVADIAS, romancier et poète grec (1910-1975), mais aussi et peut-être surtout marin sont destinées à ses proches, de quoi entrer dans l'intimité d'un écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie en mer, loin des siens, matelot puis télégraphiste à partir de 1939.

KAVVADIAS a laissé peu de publications, ce livre est donc une espèce de petit trésor pour qui s'intéresse à cet auteur, mais plus largement à la littérature grecque du XXe siècle.

Qu'il s'adresse par ces lettres à sa famille ou à ses amis, KAVVADIAS est un homme complexe : tantôt apparemment satisfait de sa vie, voire fier de son parcours, tantôt accablé, se dévalorisant avec cynisme. Mais une chose est sûre : il ne pouvait vivre ailleurs que sur mer. Cependant jamais il n'oublie ses proches, qu'il couvre de cadeaux achetés dans divers ports du globe.

Dans cette correspondance sur papier libre ou cartes postales, il écrit de plusieurs coins de la planète : Royaume-Uni, France, Australie, Grèce bien sûr, Egypte, Yémen, Italie, Inde, Liban, Singapour, Belgique, Allemagne, Suède ou encore Chypre. Il raconte ce qu'il y voit, y entend, passe des coutumes locales dans les villes portuaires aux anecdotes vécues en mer ou non. Il s'y raconte aussi : son rapport à l'alcool, au tabac, au haschich, aux femmes (les prostituées surtout), son coeur qu'il parvient à considérer par moments comme asséché, son isolement, sa solitude même. Avec une pointe d'autocritique dure et violente pouvant laisser entrevoir un homme tourmenté : « Je ne me souviens jamais quand j'ai été heureux, amer ou affecté ».

Mobilisé au tout début de la deuxième guerre mondiale, KAVVADIAS, ce petit bonhomme d'un mètre cinquante-trois, entrera en résistance, sera incarcéré. La correspondance de cette période de guerre est moindre. « Mes journées s'écoulent de manière monotone, tantôt sentinelle, tantôt chef de chambrée, et parfois de faction à l'entrée du camp. Mais encore rien de concert pour ma démobilisation ».

KAVVADIAS est un amateur éclairé de peinture, il fait partager ses émotions par écrit et commente plusieurs tableaux dont certains sont ici reproduits en noir et blanc. Il se fait parfois nostalgique voire mélancolique : « Même les erreurs des autres me font vieillir ».

Les femmes, peut-être un péché, en tout cas un vice : « J'ai les mains affreusement sales. Les femmes que je vénère sont des femmes pour qui il n'existe ni ciel, ni horizon ». Et « ses » femmes, adorées : sa soeur Tzénia et sa nièce Elga auxquelles il écrit avec tendresse, affection et amour, lettres publiées ici. Il se dépeint comme un homme manquant de confiance en lui, mauvais écrivain aux sentiments bancals. Mais son humour est acéré.

La littérature prend une place non négligeable dans cette correspondance, ne serait-ce que parce qu'une partie est destinée à son ami de toujours, M. KARAGATSIS, lui-même écrivain, ainsi que d'autres lettres écrites à l'écrivain Startís TSÍRKAS. L'éditrice a eu la très bonne idée de faire paraître dans ce recueil dix lettres de KARAGATSIS à destination de KAVVADIAS. Concernant ce dernier, il est (très peu) question de son unique roman (disponible en France sous le titre « le quart »), que l'auteur semble ici ne pas apprécier ou en tout cas mésestimer, critique (dirait-on) envers son oeuvre, pourtant majeure.

Le titre du recueil est issu d'une lettre de KAVVADIAS. Dans ce volume, en plus des lettres écrites par KAVVADIAS, vous découvrirez une poignée de poèmes, une préface concise, précise et exemplaire d'Anne-Laure BRISAC (par ailleurs éditrice du présent ouvrage), quelques citations et notes, un glossaire, ainsi qu'un bref repère bibliographique. Les lettres sont traduites par Françoise BIENFAIT, les poèmes par Gilles ORTLIEB.

« La mousson a follement malmené le bastingage, la nuit dernière. Tu tiens dans ta main un mince rameau, une plume, du papier. À force de tempêtes et de saisons, te voila maintenant dépenaillé- Je voudrais te couvrir… mais tu glisses, je ne peux rien y faire »

Les éditions Signes et Balises d'Anne-Laure BRISAC donnent une place très particulière à Nikos KAVVADIAS dans leur catalogue. Écrivain peu connu en France, c'est pourtant déjà son second ouvrage à être présenté chez cette maison d'édition après « Journal d'un timonier et autres récits » (écrits de jeunesse, d'ailleurs assez magistraux) en 2018. Mais ce n'est pas tout. Prochainement sortira un recueil de poèmes du même KAVVADIAS, projet alléchant que l'on espère voir aboutir au plus vite. Merci à Signes et Balises pour sa confiance, sa complicité et sa remarquable et toujours pertinente ligne éditoriale.

https://deslivresrances.blogspot.com/
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Nikos Kavvadias est un écrivain assez méconnu, et qui n'a laissé derrière lui que peu d'écrits. J'avais lu avec plaisir son roman le Quart, grandement autobiographique, et qui m'avait plu, l'auteur narrant ses histoires de marin désabusé.
Aussi, lorsque j'ai vu cette correspondance disponible à chroniquer, j'ai été intrigué. J'ai aussi été content de découvrir cette maison d'édition (Signes et Balises), le livre est agréable à manipuler et la correspondance est plutôt bien agencée.
En revanche, je suis moyennement emballé par cette lecture. Je trouve que la plupart des lettres relèvent de l'anecdotique, je ne sais pas, je m'attendais à mieux, à un peu plus de folie et d'entrain. Paradoxalement, ce sont les lettres des correspondants de Kavvadias qui m'ont le plus intéressé. Je trouve l'écriture de l'auteur assez terne, sans relief, télégraphique (vous me direz, c'est normal vu qu'il était télé-graphiste !). Bref, il y a tout de même un intérêt à cette lecture, où l'on peut parfois rencontrer une certaine empathie pour cet homme loin des siens, qui envoie des cartes postales, des lettres, lors de quelques escales, entre deux traversées.
Je remercie la maison d'édition, et Masse Critique, de m'avoir fait parvenir ce livre.
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Nikos Kavvadias : Le Quart
A la Cité Internationale Universitaire de Paris, Olivier BARROT présente le roman "Le Quart" du poète grecNikos KAVVADIAS, où il dépeint la noirceur de la vie de marins grecs embarqués sur un cargo en route vers la Chine.
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