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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une belle découverte, pour moi, dans l'édition du Livre de Poche biblio!
Voilà cinq nouvelles d'un auteur dont j'ignorais tout... La préface de Nicole Chardaire m'a donc été fort précieuse.
Et voilà donc Horusfonck reparti pour un Japon aux tableaux précis et précieux.
Un Japon de cheminement en compagnie de forains, de coutumes et réflexions surla mort , d'oiseaux fragiles, d'après-guerre et d'image réfléchie... Une écriture de maître, avec une sensualité discrète et subtile comme un parfum léger pour exaucer de beaux portraits féminins.
Yasunari Kawabata serait-il le peintre de la tranquillité? Je ne saurais en juger que par d'autres écrits du maître que je ne manquerai pas de rechercher.
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Ce recueil contient cinq nouvelles lyriques écrites à divers âges de la vie de Kawabata (1899-1972).

1.La danseuse d'Izu 1926 (Izu no odoriko) *****
Kawabata avait 19 ans quand il effectua seul un voyage dans la presqu'île d'Izu. Lors de son périple dans les montagnes autour du mont Amagi, il rencontra une troupe de théâtre itinérant. Cette rencontre a inspiré la Danseuse d'Izu, le premier chef d'oeuvre de Kawabata dont la version définitive date de 1926. Dans ce récit très pictural, tout en sensibilité, le narrateur est un jeune étudiant orphelin qui entreprend l'ascension du mont Amagi dans la brume. Il retrouve la troupe de forains déjà rencontrée à deux reprises. Les forains se produisent sur le seuil des auberges thermales et ont très mauvaise réputation. le jeune homme est troublé par la jeune fille de la troupe. Elle porte un lourd tambourin et l' invite à s'assoir devant lui. le lendemain, il la voit sortir du bain nue à travers la buée (voir citation). Les autres membres de la troupe l'accueillent avec gentillesse malgré leur pauvreté et le deuil d'un enfant. Cette nouvelle est pleine de charme, dominée par la jeunesse et la pureté des sentiments. A la fin le jeune homme éprouve du chagrin mais aussi de l'apaisement et de la compassion.

2. Élégie 1932 (Jojôka) . Voir le billet dédié au podcast« Nouvelle Élégie ». ****
La narratrice invoque l'amour éperdu pour l'amant disparu qui pourtant l'abandonna. Comment le rejoindre maintenant qu'il n'est plus ? A la complainte se mêlent par fragments les réminiscences de l'abandon de l'amant puis de la mort de sa mère qu'elle avait pressentis. Elle avait un don de voyance salué par tous et pourtant elle ne pressentit pas la mort de l'amant. Et puis elle fait part de ses des réflexions sur la métempsychose.
Elle ne croit pas à l'immortalité de l'âme. Elle choisit de s'inspirer des textes sacrés du bouddhisme qui sont aussi des chants élégiaques. Elle s'adresse au simple prunier vermeil, déjà chargé de boutons et placé devant elle dans le tokonoma. Elle ressent l'ardent désir de devenir une fleur sauvage. Les deux amants seront alors enfin réunis.

3. Bestiaire 1933 (Kinjû) ***
De 1930 à 1934, Kawabata donne des cours de littérature une fois par semaine à l'école Bunka Gakuin, non pas par goût mais parce que son ami et mentor Kikuchi y a été nommé à la tête du département de littérature. Les visiteurs de la maison de Kawabata sont étonnés de la petite ménagerie d'animaux dont il s'était entouré. Parmi eux se trouvent neuf chiens et un grand nombre d'oiseaux.
Le protagoniste est un vieux misanthrope qui suit un enterrement. Il évoque tous les animaux, chiens et oiseaux, qui moururent et qui naquirent chez lui avec une apparente indifférence. Sur le chemin du théâtre dans lequel joue Chikako, il se souvient de l'aventure qu'il avait eue avec celle-ci et dont l'animalité candide le fascinait. Elle semble avoir changé, à l'image du Japon.

4. Retrouvailles 1946 (Saikai) ***
La nouvelle se situe juste après la défaite japonaise en 1945 : un homme assiste à un festival dans un sanctuaire, en présence de soldats américains ; il renoue au milieu des ruines avec une femme qu'il avait connue avant-guerre. Seule, elle va le suivre et s'accrocher à lui.

5. La lune dans l'eau 1953 (Suigetsu) ****
Kyoko, une jeune femme se remémore avec tendresse son mari tuberculeux devenu infirme à qui elle montrait, dans son miroir à main la campagne et le jardin, le soleil levant et le reflet de la lune dans l'eau. La glace provenait de son trousseau . Autrefois avant guerre il observait sa nuque quand elle sortait du bain dans un miroir à trois faces et elle en éprouvait de la gêne. le miroir à main survécut à l' incinération du corps de son mari défunt. Quand elle se remarie elle n'a plus honte de sa nudité reflétée dans le miroir de la coiffeuse. Elle suppose que le désir de son mari défunt a agi sur elle, que le monde qui était réfléchi dans le miroir est devenu son monde réel...
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C'est ma seconde lecture de la danseuse d'Izu. La première lecture remonte , il y a vingt ans ..., je n'avais pas été fort sensible à la poésie, ni au sujets des nouvelles. Depuis j'ai vieilli, et la nostalgie qu'exprime Yasunari Kawabata dans ses nouvelles est devenue à ma portée.
Yasunari Kawabata a su me faire partager sa nostalgie par l'expression des sentiments de ses personnages.
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" Mais, lisant un jour un chant élégiaque de réincarnation, j'en fus inspirée ; je retrouvai le don d'aimer avec générosité vous, le ciel, la terre et toutes les choses.
Je la dois à la tristesse des amours trop humaines, mon élégie ! "

C'est beau, sans doute mon préféré. C'est du cristal et pourtant lorsque l'on tourne le doigt sur le bord des mots de Kawabata, on entend ce son qui monte des profondeurs et qui effraie. Personnellement j'adore ce jeu de funambule qui inquiète autant qu'il charme. Un petit recueil de nouvelles, très différentes les unes des autres qui ont ce petit quelque chose d'intime qui jongle avec la mort sous cette écriture délicate et terrible.
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Cinq nouvelles du grand maître japonais avec comme toujours la clarté , la sensualité légère et cette impression de moment de grâce arraché soustrait à l'impermanence , qui le caractérise . L'évocation de deux solitudes : « Elégie » soliloque d'une veuve rêvant à la réincarnation de l'être aimé , « Bestiaire » histoire d'un misanthrope qui se réfugie dans la compagnie des animaux. « Retrouvailles » met en scène la rencontre inattendue d'un homme avec son ancienne maîtresse dont il a été séparé par la guerre . Comme un symbole du traumatisme de la défaite et des transformations du Japon. Enfin mes deux préférées :la nouvelle éponyme d'abord sur la rencontre au hasard de la route entre un lycéen et un jeune danseuse de quatorze ans .Un texte qui me remet en mémoire « Les passantes » chantées par Brassens. Enfin le magnifique « La lune dans l'eau » sur l'histoire de cet homme paralysé qui ne voit le monde que dans le reflet du miroir de sa femme et ,subtile mise en abîme, le reflet de cet amour dans la mémoire de la femme devenue veuve et remariée.
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Cette nouvelle a été publiée pour la première fois en revue en 1926, et en volume dans un recueil de nouvelles portant le même titre en 1927. le texte eut beaucoup de succès dès sa parution, un succès qui ne s'est jamais démenti.

A l'origine du récit, un voyage du jeune Kawabata en 1918 dans la péninsule d'Izu, presqu'île montagneuse, et sa rencontre avec une troupe d'artistes ambulants, le récit semble très fortement inspiré par cette expérience vécue de l'écrivain.

Il s'agit d'un texte court, apparemment très simple et linéaire, juste la description d'un voyage à pieds d'un lycéen dans la péninsule encore très sauvage et préservée d'Izu (on appellerait cela une randonnée aujourd'hui). le récit n'a à proprement parler rien de romanesque, il ne fait que décrire les petites événements de ce voyage, les rencontres, discussions, repas, haltes d'étapes ....

La route de notre lycéen croise d'abord par hasard celle d'une troupe d'artistes ambulants, qui se produisent tout au long de leur voyage, en fonction de la demande ; il se sent très vite attiré par eux et surtout par une jeune danseuse et décide de faire la route avec eux, de partager un peu de leur vie aventureuse et difficile.

Un charme fou se dégage de ce texte, en apparence si limpide et naturel, la merveilleuse écriture de Kawabata, fine et précise arrive à donner vie aux paysages, aux villages, et surtout aux gens, qui décrit par les petits gestes et les propos anodins de tous les jours nous livrent pourtant leur essence la plus profondes et la plus universelle.

C'est la magie de Kawabata que de nous faire éprouver ou tout au moins entrapercevoir, dans un texte si court, et pourrait-on-dire si modeste, toutes la gamme des sensations ou sentiments les plus essentiels ou fondamentaux : le trouble et le rayonnement d'un amour naissant, la souffrance de la séparation inéluctable, la douleur éprouvée à la mort d'un être cher, la complexité des relations parents-enfants, l'impitoyable réalité des hiérarchies sociales, l'insouciant sentiment de toute puissance juvénile, et l'impuissance de la vieillesse....
Le tout baignant dans une sensualité de chaque instant, ou tout est source de sensations intenses et uniques.
Un texte à lire, à relire, sans modération, rien que pour le plaisir...
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Il faut toute la subtilité de Kawabata pour évoquer avec légèreté et profondeur l'amour et son trouble naissant, la mort et les mouvements imperceptibles du deuil.

La nouvelle qui donne son titre au recueil offre un exemple presque indicible du style si juste de l'auteur. Avec un sens des silences qui annonce déjà les plus belles pages de Murakami Haruki
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