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Sylvie Regnault-Gatier (Traducteur)Hisashi Suematsu (Traducteur)
EAN : 9782226021540
264 pages
Albin Michel (03/03/1969)
3.88/5   234 notes
Résumé :
Dans l'air inerte d'une nuit d'été, un vieil homme entend - ou croit entendre - le grondement de la montagne.
Ce rugissement venu du coeur de la terre, lui seul semble le percevoir comme la révélation de sa mort prochaine. Notable, en apparence calme et rangé, le vieil homme cache une personnalité hypersensible, inquiète, troublée par une vie intérieure agitée. Songes, réminiscences, prémonitions l'absorbent plus que le monde qui l'entoure et dont il se détac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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De prime abord, je dois reconnaître que ce livre me paraissait peu attrayant ; la faute certainement aux pensées sombres du vieillard, Shingo, le seul à entendre ce qu'il interprète comme le signe de sa mort prochaine : le grondement de la montagne.

Mais ce livre, c'est bien plus que cela.

L'écrivain japonais nous offre une histoire touchante, rafraîchissante et douce. Un style léger, une atmosphère mélancolique mais aussi une invitation à s'arrêter un instant, l'esprit calme, de façon à se laisser transporter pour contempler la nature japonaise et ses érables vermeils, ses tournesols ou encore ses cerisiers aux couleurs éclatantes.
Ce qui est d'autant plus appréciable quand on sait que Kawabata n'est pas grandiloquent dans ses descriptions, il donne à voir la nature telle qu'elle est, c'est-à-dire dans son état le plus pur. Naturellement, j'ai été marqué par cette faculté de décrire le passage éphémère d'un papillon (par exemple) avec tant de poésie.

L'histoire qui est narrée est celle d'une famille dans un Japon d'après-guerre, et plus particulièrement celle d'un père de famille qui doit gérer sa femme, ses deux enfants dont les mariages ont malheureusement échoué et une belle fille pour laquelle il éprouve des sentiments purs. C'est à travers des scènes ordinaires (préparation des repas, naissance de chiots à la maison, sorties au temple, etc.) que l'on va assister aux changements qui vont venir bousculer la famille ; cette même famille qui trouve son bonheur dans la banalité d'un quotidien pourtant si fragile. La belle fille du vieil homme, Kikuko est une jeune femme gracieuse avec un côté enfantin, respectueuse, sentimentale dont le dévouement est total pour sa belle-famille. Comme dit précédemment, la relation qu'elle noue avec son beau-père est sublime. Seulement, Shûichi, le fils du vieil homme et l'époux de Kikuko va se mettre à tromper cette dernière… Compte tenu de la situation, il sera particulièrement intéressant de voir le positionnement du père par rapport à son fils.

En somme, ce livre exceptionnel nous fait adopter le regard d'un père très humain sur les perturbations traversées par sa famille, le tout dans une ambiance familière, poétique et enchanteresse où la nature est sublimée.

Une oeuvre majeure d'un écrivain génial qui restera à jamais le premier prix Nobel japonais.
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L'histoire se déroule dans l'immédiat après-guerre. le personnage principal Shingo la soixantaine, un vieil homme pour l'époque mais toujours en activité, voit le fossé se creuser entre lui et ses proches qui vivent sous le même toit :
Sa femme Yasuko qu'il a épousée il y a bien longtemps, il ne l'a jamais trouvée jolie ; d'ailleurs il ne la touche plus depuis quelques temps sauf pour stopper ses ronflements.
Son fils Shuichi qui trompe sa femme et rentre tard le soir, parfois en état d'ébriété.
Sa fille Fusako, qui physiquement ressemble à sa mère, et débarque du jour au lendemain dans la maison parentale avec ses deux filles, Satoko 4 ans très perturbée et Kuniko le bébé.
Seule sa bru Kikuko, la femme de Shuichi, trouve grâce ses yeux, il est vrai qu'elle est très jolie et sensible comme lui à la beauté de la nature. Elle lui rappelle la soeur de Yasuko pour qui il avait jadis le béguin et qui est morte dans la fleur de l'âge.

Sentant sa mort prochaine – ses amis de jeunesse s'en vont chacun leur tour – il constate avec amertume qu'il n'a pu contribuer au bonheur des siens et les états âmes de ses deux enfants l'insupportent.

Kawabata réussit à merveille à mettre en parallèle la grande sensibilité du vieillard à la beauté de la nature et la médiocrité de ses enfants dans leurs rapports avec autrui.

Peut-être cette sensibilité, qui rend le personnage de Shingo si attachant car profondément humain, arrivera-t-elle malgré tout à sauver la maisonnée du naufrage ?
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Un peu de dépaysement : allons prendre le thé autour du brasero, dans le Japon d'après-guerre!

Prenons aussi le temps d'observer les bourgeons puis les cerisiers et les pruniers en fleurs, d'admirer le vol des papillons et d'écouter le chant des oiseaux.

Partageons la vie quotidienne de la famille Ogata, faisons connaissance avec Shingo qui vit avec son épouse, leur fils marié et sa jeune femme, ainsi que leur fille divorcée et ses deux petites filles.

Dans ce roman de Kawamata, nous pénétrons aussi dans la vie intérieure du sexagénaire Shingo. Nous partageons ses pensées et ses tourments. Il est inquiet du vieillissement, de sa mémoire qui faiblit, des amis qui disparaissent ou même se suicident. Il est soucieux concernant l'amour et la vie conjugale, son propre fils qui a une maîtresse et sa fille qui a quitté son mari. Il est préoccupé par la beauté : il a épousé une femme laide parce qu'elle était la soeur d'une plus jolie, il aime davantage sa bru qui est belle que sa fille qu'il trouve laide.

D'autres thèmes apparaissent aussi comme celui la guerre, de la liberté des hommes et du rôle des femmes, dans une écriture accessible et agréable.

Un roman qu'on peut lire avec légèreté en profitant des paysages et de l'exotisme, avec émotion à la rencontre de ses personnages ou avec la profondeur de la réflexion et de la métaphore.
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Shengo, un homme de 62 ans conscient de son vieillissement observe les siens, ses enfants dont la vie conjugale est compliquée, tout dans la nature qui l'entoure, dans les événements qu'il côtoie le mène à la réflexion.
Est-il un bon père ? Ne défavorise-t-il pas sa fille ? Pourquoi est-il attiré par sa belle fille ? Est-ce la guerre qui a provoqué tout ces dérèglements ?
Toutes les questions que se pose Shengo sur l'existence humaine sont sans doute celles que se posait Kawabata dans sa maison de Kamakura où se déroule "le grondement de la montagne".
Malgré des événements difficiles pour les personnages, le ton du roman reste léger et poétique. La présence permanente de la mort est allégée par les beautés de la nature.
Un très beau roman plein de poésie et de sensibilité.

Kawabata dans son discours de réception du prix Nobel : "La neige, la lune, les cerisiers en fleur, mots qui expriment la beauté des saisons se transformant l'une en l'autre, englobent toute la tradition japonaise de la beauté des montagnes, des rivières, des plantes et des arbres, les milliers de manifestations ou se révèle la nature, aussi bien que les innombrables sentiments humains."

Lien : http://allectures.blogspot.f..
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« Que la nuit est profonde, au clair de lune ! Il la ressentait en lui, cette profondeur qui s'enfonce, à l'horizontale, jusqu'au lointain. » C'est au coeur de cette nuit d'été que Ogata Shingo entend le grondement de la montagne. Est-ce une illusion, un rêve, ou le signe annonciateur de son propre déclin ? Shingo a soixante-deux ans et garde sa terreur enfouie en lui, n'avouant rien de son émoi à son épouse Yasuko. Shingo est un homme d'affaires posé et raisonnable. Son fils Shuishi travaille dans la même entreprise que lui, habite toujours le foyer parental avec sa jeune et délicate épouse Kikuko, pour laquelle Shingo éprouve une tendre affection. Mais le vieil homme apprend bientôt que Shuishi la trompe éhontément avec une autre femme. Quant à sa fille Fusako qui a fui son propre mari, elle revient à la maison accompagnée de ses deux filles en bas âge.

C'est ainsi que Shingo se retrouve aux premières loges des mariages malheureux de ses deux enfants, en un moment de sa vie où il doit accuser des pertes de mémoire de plus en plus fréquentes, ressentir dans son corps les traitrises de l'âge, revoir en rêve et en ruminations les émois et les échecs de sa propre existence. Entre rêves sensuels, contemplations mélancoliques de la nature qui entoure leur maison à Kamakura, et tentatives bienveillantes d'améliorer la condition des siens, Shingo se heurte à ses propres limitations.

Après « Les Belles endormies » et « Nuée d'oiseaux blancs », j'attendais beaucoup de ce roman au titre poétique mais comminatoire. Il émane de ce récit contemplatif une triste affliction émaillée ici et là par des passages assez élégants, notamment lorsque sont évoqués la nature et les rêves du vieil homme. J'ai trouvé cependant un certain enlisement dans cette histoire, mais peut-être était-ce ce que Kawabata voulait insuffler à ce texte. le sentiment que tout finit par échapper au contrôle, qu'il faut accepter le flux quotidien, admettre que la vie s'écoule comme le sable entre les doigts, et savoir profiter des simples instants partagés avec les proches au rythme des saisons.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Il existe de par le monde quelques personnes qui se ressemblent tellement qu'on ne peut les prendre que pour parents et enfants ; il ne doit pas pourtant y en avoir beaucoup ; dans le monde entier, il ne doit se trouver qu'un homme que l'on puisse assortir à cette fille, qu'une fille que l'on puisse assortir à cet homme. Un seul pour chacun d'eux. Dans le monde entier, peut être n'existe-t-il qu'une paire de ce genre. Ils vivaient en étrangers, sans que rien n'indiquât le moindre lien entre eux. Peut-être chacun ignorait-il l'existence de l'autre ? … Ils s'étaient séparés, après avoir été les participants d'un miracle dont ils restaient inconscients.
Le seul que l'étrangeté de la coïncidence eût frappé n'était qu'un étranger.
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Les confessions n'apportent aucun réconfort à personne. On ne souhaite d'ailleurs pas se charger des soucis des autres ; on parle, on parle jusqu'à la station de tramway, puis on se quitte. Mais c'était justement ce qu'aurait souhaité Shingo ...
- Si les ménages de leurs fils et de leurs filles marchent bien, ce serait un succès à mettre à l'actif de ces époux.
- Dans le monde où nous vivons, dans quelle mesure les parents peuvent ils être tenus responsables de la vie conjugale de leurs enfants.
C'est ainsi qu'il aurait voulu se confier à ses anciens amis, et l'écho murmuré de ces propos imaginaires résonnait inopinément en lui.
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Dans la lumière de l'après-midi, les fleurs de cerisier flottaient avec splendeur sur le ciel. Ni leur couleur ni leur forme n'étaient très accusées, mais elles emplissaient l'espace. L'arbre se trouvait à l'apogée de son épanouissement - comment croire que toutes ces fleurs fussent condamnées ?
Mais, pétale à pétale, elles s'effeuillaient, et sous le cerisier, les fleurs tombées s'amassaient.
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Dans un lieu dont au réveil il avait oublié le nom - mais peu importait - un homme réunissait sur son menton toutes les particularités de tous les États. En outre, cet ensemble pileux loin d'offrir un pêle-mêle racial se divisait en plusieurs secteurs, le secteur français, l'indien, etc., où des touffes de chaque type se côtoyaient. Le gouvernement des États-Unis classa cette barbe Trésor national, si bien que le pauvre homme ne pouvait plus se tailler ni se nettoyer la barbe à son gré.Ce fut tout. Le vieillard avait vu la barbe panachée, l'avait même ressentie comme sienne. Il avait participé dans une certaine mesure, à la fierté, à la perplexité de cet individu.

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Tout à l’heure, dans le train, je me demandais si on pourrait envoyer sa tête au blanchissage ou la faire réparer. La couper… ce serait peut-être un peu violent. Mais enfin, détacher provisoirement la tête du tronc, en disposer comme de linge sale. À l’Hôpital universitaire, par exemple : « Voulez-vous vous en charger ? » Ils laveraient le cerveau, répareraient les ratés, pendant que le corps dormirait sans rêver ni se retourner. » Le regard de Kikuko s’assombrit. « Père, vous êtes fatigué ? — Oui, répondit-il. Aujourd’hui même, au bureau, je recevais quelqu’un. J’ai tiré une bouffée de ma cigarette, je l’ai posée sur le cendrier, j’en ai allumé une autre et l’ai posée sur le cendrier ; voilà trois cigarettes qui se fumaient toutes seules, en rang, toutes aussi longues les unes que les autres. J’en avais honte ! » En effet, dans le train, l’idée de se faire lessiver la tête lui était venue, mais la notion de son corps endormi l’avait séduit plus que celle d’un cerveau mis à neuf. Certes, il était las.
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Vidéo de Yasunari Kawabata
Extrait du livre audio "Les Belles Endormies" de Yasunari Kawabata lu par Dominique Sanda. Parution CD et numérique le 10 août 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/les-belles-endormies-9791035404031/
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