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3,51

sur 339 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ténèbre s'emploie habituellement au pluriel. Paul Kawczak a choisi la forme du singulier pour intituler son ouvrage. Un singulier qui veut sans doute être annonciateur d'une singularité de l'ouvrage. La justifiant peut être par la transcription littérale des idéogrammes qui ornent la cassette de Xi Xiao. Cet étui en bois contient les ustensiles qui lui permettent de se livrer à son art : le tatouage et la découpe des corps humains.

Xi Xiao est un bourreau expatrié de sa lointaine patrie, la Chine. Son art est celui de la lecture des destinées dans les lambeaux de chair qu'il découpent sur les corps de ses suppliciés. L'excellence de son art consistant à retirer peau et organes en conservant le sujet en vie le plus longtemps possible. Je ne vais pas dire que cet ouvrage m'a comblé d'aise, loin s'en faut. Pas seulement à cause de ce qui précède mais aussi du fait de son style et de sa construction. Mais bien entendu, c'est l'effet recherché.

Ce maître du dépeçage à vif intervient dans des circonstances et vers un objectif qui ne m'ont pas permis de comprendre la relation de cause à effet. Pierre Claes, géomètre missionné par le roi Léopold II de Belgique pour déterminer les limites de ses possessions africaines, s'est attaché les services de Xi Xiao, personnage pour le moins singulier, en qualité de factotum pour gérer l'intendance de ses expéditions. Se tisse alors entre les deux hommes une curieuse relation, une forme d'attraction vers un avenir de perdition, laquelle attraction se qualifie d'amoureuse, et dont l'accomplissement ne serait ni plus ni moins qu'une mort programmée concomitante, par dépeçage. La conception est pour le moins déroutante. Mysticisme morbide dont on imagine attribuer l'origine au passé calamiteux des protagonistes lesquels pensaient gagner leur rédemption en se dévouant à leur pays dans son entreprise de colonisation. Ladite entreprise dévoilant ses aspects sordides - racisme, maltraitance des autochtones, appropriation des ressources naturelles - les enfoncerait dans la désespérance en l'espèce humaine. Les précipitant vers une fin convoitée, libératrice des affres de ce monde.

Le style est aussi obscur que l'intention. Elliptique, métaphorique, il fait usage de tous les artifices et tournures qui l'enlisent dans un suggestif labyrinthique. Pour verser dans une forme de mysticisme divinatoire et abandonner son lecteur dans les méandres d'une intrigue aussi inextricable que la forêt vierge qui lui sert de décor. Avec des allers et retours dans le désordre du passé des protagonistes, mettant à mal la compréhension, par moi, de la chronologie des faits.

Le contexte historique étant celui de la colonisation de l'Afrique au XIXème siècle, avec en particulier le traçage des limites des possessions que se disputent les voraces nations colonisatrices, sombre découpage qui n'est pas sans rappeler celui des corps auquel se livre le bourreau chinois, l'auteur n'a pas de mots assez durs pour condamner ce triste chapitre de l'histoire de la vieille Europe. Oubliant que le jugement d'une époque par une autre postérieure est forcément fallacieux. C'est faire fi des acquis sociologique, politique, ethnologique, voire tout simplement humain et sombrer dans un humanisme mercantile racoleur en vogue en nos temps modernes.

Je n'ai donc pas adhéré à la conception résolument moderne de cet ouvrage. Outre cet élan irrépressible du héros, Pierre Claes - c'est quand même lui le héros, on l'oublie parfois tant les digressions sont longues et dispersantes - vers son bourreau, sa quête d'une fin masochiste par dépeçage - merci de la perspective - son style et sa construction m'ont rendu sa lecture laborieuse. Au point d'en perdre la finalité et surtout le goût. Même si je me suis accroché pour terminer ce premier roman, j'avoue qu'il me rend méfiant à l'égard de cet auteur s'il devait récidiver. Ce qui me paraît probable vu l'accueil qui lui a été globalement réservé, et dont je me démarque. On ne peut pas plaire à tout le monde.
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J'ai aimé la dénonciation du racisme colonial et du colonialisme et j'ai aimé, dans une première partie du roman le style, très beau et puis trop de style tue le style. Mon esprit a commencé à décrocher de ce style très littéraire et imagé qui ne mène à rien, j'entends par là qu'à force de partir dans des envolées lyriques, on ne sait plus de quoi l'auteur parle et où il veut en venir.
Je me suis ennuyée dans la deuxième moitié du roman qui avait perdu le charme des premières pages. mon esprit décrochait des mots, le récit trop dilué et ésotérique, à l'image de la folie qui emporte les personnages, avait perdu tout son sel. Dommage car il commençait bien. Cela m'a cependant confirmé que cette maison d'édition n'est pas pour moi.
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Poisseux et bavard.
Une agonie, pour le lecteur aussi...
On n'en sort pas malgré la brièveté du livre.
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Il est rare que je ne termine pas un livre mais, pour celui-ci, je n'ai pas pu que lire la première expédition. Trop sombre - normal puisque le livre s'appelle " Ténèbre"- mais aussi " fouillis", " confus", difficile pour moi, de m'attacher à un personnage... Ils ont tous l'air tellement perdus... C'est peut-être l'effet "déprime" avec la pandémie qui fait que je n'ai pas envie d'en ajouter une couche supplémentaire avec ce roman noir. Peut-être à essayer de nouveau, plus tard...
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Ce roman est inspiré du Coeur des ténèbres de Conrad. On revit à la même période coloniale une expédition infernale sur le fleuve Congo. le style de l'auteur est envoûtant, l'oeuvre est bien écrite, et l'histoire de ce Pierre Claes et de son amour destructeur Xi Xiao possède tous les éléments pour captiver le lecteur.
Et pourtant...
La narration est distante et glaciale, le regard du narrateur sur les personnages en est un de 2020, ce qui ne fait pas de sens pour une histoire d'un autre siècle; c'est intrusif, et bêtement moralisateur.
Conrad critiquait la colonisation et ses compatriotes coloniaux par l'entremise d'un personnage, ce qui ne gênait pas l'immersion du lecteur.
De plus, Conrad était un écrivain qui avait le courage de critiquer son époque, et cela en demandait beaucoup; le prix à payer pour cette trahison était élevé.
Mais Kawczak, de sa confortable place en 2020, se pose en juge d'une époque où il se serait possiblement conformé lui-même à l'esprit colonial du temps, comme il se conforme aujourd'hui à l'esprit décolonial de son époque. Tellement facile...
Et surtout, agaçant. Agaçant ce besoin de plaquer le mot raciste à toutes les quatre pages, comme si le lecteur ne pouvait constater l'évidence.
L'autre problème du livre réside dans ces nombreuses envolées interminables et hermétiques, pour ne pas dire incompréhensibles, qui se veulent sûrement poétiques mais s'avèrent surtout lourdes et ennuyeuses.

Malgré tout, le style envoûtant et cette histoire morbide font de ce roman un livre particulier que je me devais de lire compte tenu de mon intérêt pour le célèbre livre de Joseph Conrad dont il reprend la trame de fond, bien que de manière maladroite et peu réussie.

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Lecture difficile, tant la construction m'a paru alambiquée. La longueur des phrases a également été une épreuve pour moi. Dommage car …
L'histoire est intéressante. Elle aurait pu être passionnante si les lenteurs dans la première partie du récit et les présentations de personnages « mal à propos » ne l'avaient plombée.
J'ai aimé le côté cru, brutal des descriptions de sévices, des assassinats perpétrés par les colons. Cela provoque une vision de l'horreur absolue qu'ont subie l'Afrique et ses habitants.
J'ai apprécié le parallèle entre le découpage du territoire du Congo par les Européens et le découpage à vif par le bourreau Chinois amoureux, sur la personne aimée du géomètre Pierre Claes.

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Pierre Claes est un géomètre chargé par Léopold II de tracer la frontière nord de l'État indépendant du Congo. Il organise une expédition fluviale en 1890 dans ce but. le roman laisse espérer des aventures à la Jules Verne, une obligatoire critique du régime colonial autour de l'exploitation du caoutchouc, la relation de l'affaire des mains coupées, illustration des violences contre les indigènes. Tous ces éléments sont amorcés dans le roman, mais très rapidement l'auteur s'embarque dans le récit sulfureux de pratiques sadomasochistes dues à un bourreau chinois, spécialiste du tatouage et du dépiautage des êtres humains, auquel il va bientôt soumettre Claes par amour ! Sans doute faut-il y voir le symbole du découpage mortifère de l'Afrique. Mais la métaphore qui finit par étouffer le roman dans un style de plus en plus touffu laisse une impression particulièrement désagréable.
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