Citations sur La tapisserie de Fionavar, tome 1 : L'arbre de l'été (20)
Sauf que tout était différent, bien entendu. « Comment distinguer le danseur de la danse ? » avait-elle lu quelque part. Ou la rêveuse du rêve, se reprit-elle, en se sentant un peu perdue. Car la réponse était des plus simples.
C’était impossible.
Les légendes sont les échos, à peine compris désormais, des matins où l’être humain ne marchait pas seul, où d’autres créatures, amies et ennemies, vivaient dans les forêts et dans les collines.
(France Loisirs, p. 40)
Il y a des gestes, pour le bien ou pour le mal, qui dépassent tellement les limites du comportement habituel que, en nous forçant à admettre leur existence, ils nous contraignent aussi à restructurer notre compréhension du réel. Nous devons leur faire de la place.
(France Loisirs, p. 289)
Le sentiment de la mort prochaine peut prendre bien des formes, descendant comme une bénédiction ou surgissant comme un fantôme terrifiant. Il peut trancher comme une lame vive ou prendre la voix du parfait amant.
Il fallut un certain temps pour rétablir l'ordre, surtout parce que nul ne s'y appliquait particulièrement.
À l'extérieur du dôme, la créature se rapprocha de la vitre et s'installa pour attendre. Elle avait de fortes chances de pouvoir tuer plus tard dans la nuit ; cette perspective lui permettait d'attendre plus patiemment et lui procurait à l'avance une certaine satisfaction, car elle avait été créée dans ce but, et la plupart des créatures aiment faire ce que leur dicte leur nature.
On ne dormait pas quand la guerre venait de commencer, ou l'on dormait à jamais, quand elle était finie.
En attaquant avec les autres le refrain paillard d'une chanson entonnée par Coll, Kevin ne pouvait se rappeler avoir été plus heureux ; après l'incident de la rivière, la compagnie semblait les avoir complètement acceptés, Paul et lui, et parce qu'ils respectaient ces hommes, c'était important pour lui. Erron était en train de devenir un ami, ainsi que Carde qui chantait à tue-tête à sa gauche. Paul, à sa droite, ne chantait pas, mais il ne semblait pas malheureux, et de toute façon il avait une voix épouvantable.
Nous sommes la somme de nos désirs.
Quand ses yeux s'ajustèrent à l'obscurité, il le regretta. Le Svart Alfar avait presque été décapité; les coups de griffes avaient réduit sa tête en lambeaux. L'un des bras avait été arraché, l'épaule ne restant attachée au corps que par un morceau de cartilage, et de profondes griffures lacéraient le torse de la créature à la peau vert sombre, dépourvue de poils. Même dans l'ombre, Kevin pouvait voir le sang épais qui maculait le sol desséché. Tout en respirant avec précaution, presque dégrisé par le choc, il refoula une nausée. Pendant un long moment, personne ne dit mot: la violence que trahissait cette créature démembrée imposait son propre silence.