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Critique de Kio971


Pavillons lointains - paru dans sa version française voilà près de quarante ans - s'il fait partie des nombreux romans qui ont l'Inde britannique pour cadre, présente cette fois l'originalité de ne pas placer la révolte des Cipayes au coeur de son intrigue, mais de la débuter après (même si cet événement majeur de l'Histoire de l'Inde est évoqué), nous évitant ainsi les descriptions sanglantes de massacres épouvantables.

Contrairement également aux habitudes du genre, il ne met pas en scène un officier britannique plus ou moins fraîchement débarqué en Inde - ses bagages pleins d'a priori et d'idées reçues sur le peuple qu'il va rencontrer, sa culture, ses croyances et son histoire - mais un jeune homme qui, certes deviendra officier de sa Gracieuse Majesté, mais qui, bien que de parents purement anglais, a la particularité d'avoir été élevé comme un Indien et de s'être pris pour tel jusqu'aux abords de son adolescence, lorsque lui sera révélée sa véritable ascendance.

Ce qui donne au jeune Ashton/Ashok (raccourci selon cette - horripilante, selon moi - habitude anglo-saxonne en Ash) une vision de l'Inde du temps du Raj britannique bien différente de celle d'un Anglais né dans les brumes d'Albion ou élevé comme tel.

Bien sûr, la parfaite maîtrise de plusieurs langues indiennes, liée à sa toute autant parfaite connaissance du fonctionnement et de la culture de la société dans laquelle il est né, font de notre jeune homme une - là encore - parfaite recrue pour les services de renseignements de l'Empire. Pavillons lointains rejoint ici le Kim de Kipling et nous vaut pareillement des moments d'aventure décoiffants à souhait.

Bien sûr, nous n'échappons pas à l'inévitable histoire d'amour avec une princesse locale, mais, sur ce point, M.M. Kaye a eu le bon goût d'éviter de tomber dans le mélo, la mièvrerie et l'orientalisme de bazar réunis.

Au final, Pavillons lointains est un roman agréable à lire, de ces livres qui, lorsque l'on relève la tête à la fin d'un chapitre, nous font sentir tout surpris de nous trouver assis dans notre canapé, notre chaise longue, ou sur le siège du bus, tant il nous plonge dans les paysages des territoires de l'Inde du Nord (rattachés depuis au Pakistan). Cela tient au fait que l'auteur elle-même est née dans ces décors de montagnes et de déserts et y a vécu une partie de sa vie d'adulte.

Un bon roman donc, que l'on pourra, si on le souhaite, comparer avec l'autre roman du même auteur dont l'action se passe également en Inde (mais avant et pendant la révolte des Cipayes cette fois) : L'ombre de la lune.
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