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EAN : 9782268011332
308 pages
Les Editions du Rocher (24/05/1991)
4.23/5   11 notes
Résumé :
Écrit directement en français en 1936, "Le Jardin des rochers" est le premier grand roman de Nikos Kazantzaki. Il y rend compte de sa découverte du Japon et de la Chine.
Qu’il soit question d’architecture, de gastronomie, de spiritualité, de relations entre les femmes et les hommes ou encore de nature, tout est évoqué avec force détails et sensualité.
Oscillant entre récit historique et récit de voyage, cet ouvrage est aussi une tentative d’autocritiqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« le jardin des rochers » fut écrit en 1936, directement en français par le grec Nikos KAZANTZAKI (vous remarquerez ici un style neutre voire froid genre ChatGPT). le personnage que nous allons suivre est le narrateur, KAZANTZAKI lui-même. En effet, à une période où il suffoquait et avait besoin d'air, il décida d'aller se ressourcer en Asie. Il témoigne dans ce livre des sensations qu'il a pu éprouver tout au long de son séjour.

Le choix de l'Asie n'est pas anodin. Nous savons que KAZANTZAKI fut très marqué par plusieurs figures historiques : JÉSUS, LÉNINE, NIETZSCHE et… BOUDDHA ! C'est en quelque sorte pour mieux connaître ce dernier qu'il s'engage dans ce voyage, plutôt ce pèlerinage, car il est en quête de BOUDDHA, de cet absolu.

Durant la traversée en bateau, KAZANTZAKI rencontre l'énigmatique Joshiro, femme qui va plusieurs fois réapparaître dans le récit. Mais ce livre est pour l'auteur prétexte à une longue introspection métaphysique quasi mystique : « Nous venons d'un abîme noir ; nous aboutissons à un abîme noir. L'espace entre ces deux abîmes, nous l'appelons la Vie. Aussitôt, avec la naissance, commence la mort ; en même temps le départ et le retour. À chaque instant nous mourons ».

C'est dans une volonté de foi éperdue que KAZANTZAKI aborde l'Asie, par le Japon. Ce qu'il nomme son « aventure intellectuelle » passe bien sûr par des temples, dans une recherche effrénée de la Connaissance. Il se lie avec des autochtones, dont celui-ci, qui lui raconte que le mont Fuji est le coeur du Japon, une divinité. La pensée d'un moine aura sans doute plus tard influencé le titre du volume : « Nos anciens artistes composaient des jardins comme on compose un poème. Travail difficile, complexe, très délicat. Chaque jardin doit avoir son propre sens à lui et suggérer une grande idée abstraite : la béatitude, l'innocence, la solitude ; ou bien la volupté, la fierté et la grandeur. Et ce sens doit correspondre non pas à l'âme du propriétaire, mais à l'âme vaste de ses aïeux ou mieux encore de toute sa race ». Introspections poussées au paroxysme, « Je ne suis qu'un pont provisoire ; quelqu'un passe au-dessus de moi et, aussitôt, je m'effondre derrière lui ». Les allégories sont fortes.

KAZANTZAKI rejoint ensuite la Chine par Shanghai, qui le surprend, « cité sublime et maudite », ville du lucre, de la débauche. Il découvre en Chine la grande rivalité entre ce pays et le Japon, avant qu'on lui conte l'épisode d'une guenon triste à mourir. Rencontre avec Siu-Ian, une femme, parmi d'autres étapes initiatiques alors que « La nuit s'en allait les mains vides ». Est saisi par les petits pieds des geishas. Derrière les portraits féminins se dresse celui de Li-Teh, personnage présent tout le long du récit.

Les habitants parlent : l'interconnexion entre la Chine et le Japon serait souhaitable pour sauver le monde dégénéré, le tout débité sur fond d'opium, la drogue reine. Puis vient cet extrait, bref et intense : l'auteur échange avec un chinois miséreux sur la justice et la vengeance. Li-teh prend la parole, qu'il a caustique : « Votre coeur en apparence si tendre est sec et cruel, comme le coeur de tous les artistes. Vous ne pensez pas à la souffrance de l'homme ; mais à l'expression de son visage et aux intonations de ses cris quand il souffre ». Impossible de savoir si KAZANZAKI acquiesce ou non (ou pire, s'il se révolte) aux paroles qu'il prête à ses protagonistes.

La pierre angulaire de toute l'oeuvre, et au-delà, de toute la vie de KAZANTZAKI, est la Liberté. Ici aussi, en Asie, il la recherche, il la traque, en vain. Ce voyage en forme de quête lui ouvre les yeux sur une autre culture, d'autres modes de vie, de pensées. Il en ressort marqué. « Je me sens exaspéré ; toutes ces voix austères cherchent à imprimer un rythme étranger à ma nature qui ne s'exalte que dans la révolte. Quel est le chemin de l'accomplissement de ma propre loi ? Déranger l'ordre, briser l'étiquette, s'écarter de la voie des ancêtres. Vagabonder dans le défendu, dans les régions fières et dangereuses de l'incertain. Recevoir sans broncher, bien plus : comme une bénédiction, la malédiction du père et de la mère. Avoir le courage d'être seul ». Seul, il ne l'est pas souvent, pas assez dans ce pèlerinage, ayant à peine le temps de se prosterner sur les beautés de la Nature.

« le jardin des rochers » n'est pas d'un accès aisé. Entre contemplation, introspection, échanges métaphysiques et/ou philosophiques, il oblige à garder les sens éveillés, d'autant que le choix d'écriture se porte vers une poésie épique d'une puissance rare. le format « roman » n'est bien sûr qu'un prétexte à KAZANTZAKI pour avancer ses idées, ses espoirs, ses désillusions, le reste n'est que décor. Il n'est pas précisément un récit de voyage vu le peu de paysages que dévoile l'auteur, il n'est pas non plus un documentaire dans le sens strict puisqu'il est fait de souvenirs personnels. Et bien sûr, vous l'aurez compris, il ne peut être restreint au rang de roman. Les éditions Cambourakis l'ont réédité en 2018, ainsi que presque toute l'oeuvre de l'auteur, travail toujours en cours il me semble.

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1er roman qui confirme l'épanouissement littéraire de Nikos Kazantzaki et développe déjà les thèmes qui parcourront l'ensemble de son oeuvre, notamment celui de la liberté.

Chancelant entre récit historique et récit de voyage, il relate sa découverte du Japon et de la Chine à travers les questions qu'il pose aux autochtones qu'il croise, qu'il soit question d'architecture, de gastronomie, de spiritualité, de relations entre les femmes et les hommes ou encore de nature, tout est évoqué avec force détails et sensualité.

Un magnifique roman tout en couleurs

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Nikos Kazantzaki est décidément un écrivain possédant de nombreuses facettes : Il aborde en effet aussi bien la philosophie que la littérature ou le théâtre. L'un des fils directeurs de son écriture est la recherche d'une définition de la Liberté et cet écrit ne déroge pas à ce leitmotiv. Cependant, la lecture du "jardin des rochers" m'a déconcerté, l'ouvrage oscillant en permanence entre roman et récit de voyage ...
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Un beau livre tout simple, tout coloré, j'aime
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Maître, demandai-je à Bergson, pourriez-vous me donner en un seul mot l’essence de votre philosophie ? Bergson réfléchit un instant puis lâcha le mot magique « Mobilisation ! ». Quand nous nous trouvons devant un obstacle, nous devons mobiliser toutes les forces de notre âme pour triompher de l’obstacle. Je mobilisai toutes mes réserves de courage et de joie et m’efforçai de transformer la rumeur incohérente de chaque jour en une note claire.
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Deux voix luttent en moi : le cerveau : « Pourquoi perdre notre temps en poursuivant l’impossible ? » ; mais une autre voix, le cœur résiste et crie : "Ne reconnais jamais les limites de l’homme ! Brise les limites ! Renie ce que tes yeux voient ! Meurs et déclare : la mort n’existe pas."
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Je ne brûle pas comme un incendie ; je brûle tout doucement comme une petite lampe à huile.
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Les souffrances sont autres… Avoir un enfant et le perdre. C’est le seul ah ! qui existe au monde.
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Videos de Nikos Kazantzakis (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nikos Kazantzakis
Nikos Kazantzakis : Le regard crétois (1974 / France Culture). Nikos Kazantzakis sur l'île d'Égine, en 1927 - Photo : Musée Benaki. Par Richard-Pierre Guiraudou. Les textes, extraits d'“Ascèse”, d'“Alexis Zorba”, de la “Lettre au Greco”, de “Kouros”, de “Toda-Raba” et de “L'Odyssée”, ont été dits par Julien Bertheau, François Chaumette (de la Comédie-Française), Roger Crouzet et Jean-Pierre Leroux. Et c'est Jean Négroni qui a dit le texte de présentation de Richard-Pierre Guiraudou. Avec la participation exceptionnelle de Madame Eléni Kazantzakis, et la voix de Nikos Kazantzakis, recueillie au cours de ses entretiens avec Pierre Sipriot, en 1957. Réalisation de Georges Gaudebert. Diffusion sur France Culture le 1er août 1974. Níkos Kazantzákis (en grec moderne : Νίκος Καζαντζάκης) ou Kazantzaki ou encore Kazantsakis, né le 18 février 1883 à Héraklion, en Crète, et mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), est un écrivain grec principalement connu pour son roman “Alexis Zorba”, adapté au cinéma sous le titre “Zorba le Grec” (titre original : “Alexis Zorba”) par le réalisateur Michael Cacoyannis, et pour son roman “La Dernière Tentation” (dont le titre a été longtemps détourné au profit du titre du film et désormais republié sous son nom authentique), adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese sous le titre “La Dernière Tentation du Christ” (titre original : “The Last Temptation of Christ”). Penseur influencé par Nietzsche et Bergson, dont il suivit l'enseignement à Paris, il fut également tenté par le marxisme et s'intéressa au bouddhisme. « Il a poursuivi une quête tâtonnante qui lui a fait abandonner le christianisme au profit du bouddhisme, puis du marxisme-léninisme, avant de le ramener à Jésus sous l'égide de Saint-François. » Bertrand Westphal (in “Roman et évangile : transposition de l'évangile dans le roman européen”, p. 179) Bien que son œuvre soit marquée d’un réel anticléricalisme, il n’en reste pas moins que son rapport à la religion chrétienne laissa des traces fortes dans sa pensée : goût prononcé de l’ascétisme, dualisme puissant entre corps et esprit, idée du caractère rédempteur de la souffrance… Ainsi la lecture de la vie des saints, qu'il faisait enfant à sa mère, le marqua-t-elle durablement. Mais plus que tout, c’est le modèle christique, et plus particulièrement l’image du Christ montant au Golgotha, qui traverse son œuvre comme un axe fondateur. Bien que libéré de la religion, comme en témoigne sans équivoque son fameux « Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre », Kazantzákis restera donc l’héritier de cet « idéal Christ » qui se fond aussi, il faut le souligner, avec celui emprunté à la culture éminemment guerrière d’une Crète farouche encore sous le joug turc dans ses années d’enfance.
Sources : France Culture et Wikipédia
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