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4,2

sur 553 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les îles grecques, la plage, l'odeur de la mer, chanter, danser et rire, en oubliant la vie de « gratte-papier ».

Lorsque je reviens de voyage, j'essaie de le prolonger avec un livre qui me ramène dans ce coin de pays. C'est ainsi que j'ai rencontré Alexis Zorba, un Grec du siècle dernier.

Bien sûr, j'avais entendu parler du film, surtout de la trame sonore et de la danse « traditionnelle » inventée spécialement pour le cinéma. Mais, dans le roman, c'est toute une philosophie, une religion de la beauté, de la liberté et de la joie de vivre.

Des idées intéressantes, sauf pour la conception des femmes et des rapports hommes/femmes. On souhaite vraiment que ce discours soit chose du passé, que les Grecs actuels ne partagent pas sa façon de penser. Je ne suis pas du tout à l'aise avec l'image diabolique ou, au mieux, pitoyable, qu'il attribue aux personnages féminins.

Un roman à l'atmosphère attrayante, mais avec des idées misogynes vraiment dépassées… du moins je l'espère !
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Un jeune intellectuel vient en Crète exploiter une mine de lignite, et essayer d'écrire aussi. Son chemin croise celui d'Alexis Zorba, d'un tout autre milieu et plus âgé, qui a déjà beaucoup roulé sa bosse, et qui va proposer ses services au narrateur. Et qui va d'ailleurs au final tout faire : organiser le travail à la mine, car son patron, comme il l'appelle n'y connaît pas grand-chose, cuisiner, gérer le quotidien et surtout l'enchanter, par ses récits, son appétit de vivre, sa musique… Il va tenter d'insuffler à son jeune employeur une plus grande vitalité, une envie de vivre et non pas de penser sa vie en permanence.

Sous les apparences d'un récit picaresque et drôlatique, Nikos Kazantzakis interroge notre rapport au monde, à la vie. Aux choix que l'on fait ou non à un moment, à l'envie que l'on possède ou pas. Zorba qui mord dans la vie à belles dents, au risque de la catastrophe, s'oppose à l'intellectuel qui n'arrive pas à faire autre chose qu'observer et évaluer, au risque de l'impuissance. le monde dépeint n'a rien d'idéalisé, il est violent, plein de préjugés, et surtout rempli de la peur de la mort, à laquelle personne n'échappe à un moment ou un autre. Et toutes les sagesses du monde n'ont aucune réponse, aucun véritable apaisement face à cette crainte qui habite dans chaque être humain. Chacun y est confronté à un moment où un autre.

Face à la difficulté d'exprimer ce qui habite au fond de chaque être, la peur, la joie, le bonheur comme la peine, chacun trouve sa voix : celle du narrateur est celle du mot, du verbe. Alors que celle de Zorba est celle de la musique et du corps, à travers la danse. D'une certaine manière, un être humain complet posséderait les deux, les maîtriserait aussi bien l'un que l'autre. Mais est-ce vraiment possible ?

Un beau livre, qui pose beaucoup de questions, et qui nous fait faire un beau voyage.
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Alexis Zorba est la rencontre entre deux hommes totalement opposés : le narrateur, intellectuel utopiste et Alexis Zorba? baroudeur et homme du peuple ancré dans la terre et la réalité. Ils se rencontrent dans un bar du Pirée. L'amitié est immédiate et le narrateur propose à Zorba de l'accompagner en Crète où il vient d'acheter les droits d'exploitation d'une mine. Zorba sera son maître d'oeuvre. L'aventure ne sera pas sans heurts.

Le roman est, pour l'auteur, prétexte à une longue exploration philosophique. le narrateur vit dans le monde des idées, des livres. Il se lance dans ce projet avec la volonté de mettre en applications certaines de ses théories. Mais les livres sont plus forts que la mise en oeuvre sur le terrain qui le plonge dans encore plus de questionnements, entretenus par les échanges avec Zorba, lequel se pose constamment des questions sur Dieu, les femmes, la nature, les mystères de la vie, questions qui restent sans réponse.

Ce dernier bouscule constamment les préjugés et les traditions. Jouisseur de la vie au comportement parfois outrancier, Alexis Zorba est un homme libre, qui va où l'envie et les rencontres le portent, amoureux de la vie et des femmes, qui s'exprime par la musique et la danse. Homme sans éducation autre que celle de la longue expérience de la vie dans différents pays européens, il n'en est pas moins poète.

Ce sont deux visions de la vie qui se confrontent sans s'opposer. Plutôt deux versants de l'homme dont la réunification donnerait l'homme parfait. Si le narrateur se cherche, son contremaître a une personnalité bien affirmée. Zorba ne rêve que de voyage, de liberté. Pourtant il choisit de s'ancrer temporairement au destin du narrateur pour l'aider à réaliser ce qu'il pense être son rêve.

Il y a un souffle de tragédie antique dans ce récit que l'auteur a situé en Crète, son île natale. Il décrit une société rurale assez archaïque, dominée par le patriarcat et par l'omniprésence de la religion. Deux femmes font pendant au couple narrateur / Zorba. L'un est une jeune veuve que tous les hommes du village convoitent mais auxquels elle se refuse. L'attraction mutuelle qu'elle ressentira pour le narrateur ne leur portera pas chance. L'autre est Mme Hortense, une ex-artiste français vieillissante, étrangère comme Zorba, méprisée des villageois qui la tolère, et qui séduira Zorba. Les deux femmes connaîtront un destin cruel pour avoir voulu vivre libérées du poids des traditions. Les deux hommes paieront eux aussi le prix du non-respect du code de l'honneur.

Alexis Zorba a réellement existé. Nikos Kazantzaki et lui se sont connus dans les années 1910 et resteront en contact jusqu'à la mort de Zorba en 1941. le livre a connu le succès après sa traduction en français. Mais c'est par le film « Zorba le Grec », avec Anthony Quinn dans le rôle-titre, que la reconnaissance internationale est venue. le sirtaki que dans Anthony Quinn fut inventé pour le film. Mais le succès du film a diffusé dans le monde une certaine image de la Grèce, créant le mythe de la danse traditionnelle et du héro grec moderne.

J'ai aimé l'ambiance de cette île de Crète que j'apprécie beaucoup, la description des paysages, la psychologie des personnages. Si les interrogations philosophiques trainent parfois en longueur, c'est l'amour d'un auteur pour son pays qui transpire dans ces lignes et qui finit par nous emporter.
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A quoi reconnait-on une oeuvre majeure ? :
- A la qualité, à la profondeur et au charisme de ces personnages principaux : Alexis Zorba, truculent à souhait, a vécu mille vies, mille aventures. Il a toutes les qualités physiques et psychologiques pour faire vibrer avec les cordes de son « santouri » toutes les cordes de notre sensibilité.
- A son scénario charpenté et ciselé : Dans ce livre, chaque page nous entraine dans une ambiance forte toute à la fois tragique et poétique où nous avons l'impression qu'un papillon s'est posé sur un gant de boxe.
C'est l'histoire d'une rencontre. Alexis croise dans un petit café du Pirée le narrateur, personnage introverti, intellectuel tracassé. L'un est le « Ying » et l'autre le
« Yang». Leur amitié sera fusionnelle: « J'admirai cet homme dont le cerveau fonctionnait avec tant de sûreté et d'audace et dont l'âme, à quelque endroit qu'on la touchât, lançait des étincelles ».
- A la profusion des personnages secondaires et au foisonnement des anecdotes croustillantes qui émaillent le récit principal qui sont autant d'étoiles qui éclairent ce ciel crétois où danse toute une époque.
M. Kazantzaki a le sens de la formule et c'est peu de le dire, il vaut mieux le lire :
« Béni soit Zorba ! murmurai-je, il a donné un corps bien-aimé et chaud aux notions abstraites qui grelottaient en moi. »
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"Alexis Zorba" le héros romanesque né dans les années 1940 sous la plume de Nikos Kazantzakis a pour origine Georges Zorba une personne bien réelle qui fascina l'auteur au point d'en faire un mythe. En 1964, une plage perdue de Crète, l'île natale de l'écrivain, est devenue célèbre aux quatre coins du monde quand Michael Cacoyannis tourna "Zorba le Grec" qui marquera à jamais les esprits dont le mien. Il reste pour moi un film culte même si on lui reproche parfois de stéréotyper les grecques. Personnellement je ne trouve pas et je dirais même plus que je le préfère au roman (ce qui est rare dans ce sens) probablement parce que la fin du film est plus optimiste.

C'est l'histoire d'une rencontre entre le narrateur, écrivain en quête de sens (dans lequel on retrouve la figure de Nikos Kazantsakis) et Zorba un aventurier originaire d'un village de pêcheurs de Macédoine. Ils vont s'accorder pour se rendre en Crète et exploiter une mine de lignite. Malheureusement, ils ne sont pas faits pour diriger une entreprise et cela ne va pas bien se passer mais l'amitié restera au-dessus de cette aventure.

Avec son livre de Dante pour compagnon de voyage, l'écrivain veut échapper à ses démons intérieurs. Il cherche un remède dans l'écriture mais va trouver auprès de Zorba des journées pleines de chaleur humaine, ce qui va changer son regard sur la vie.
Auprès de cet ouvrier primitif qui s'exprime par la danse et la musique, le temps prend une saveur nouvelle pour celui qu'il appelle patron. Zorba devient un guide spirituel, un homme qui revendique d'être libre.
On voit qu'il s'agit d'un roman philosophique ponctué d'informations sur l'histoire politique de la Crête que l'on ne retrouve pas vraiment dans le film.
Mais si les figures masculines sont fortes, les femmes ont le mauvais rôle, systématiquement représentée comme des créatures faibles, ridicules ou à éliminer comme la veuve qui fait fantasmer les hommes frustrés du village. Cette violence misogyne est montrée comme un constat, sans être suffisamment dénoncée à mon avis, car même Zorba a toujours un ton paternaliste envers les femmes et quand il dit "Crois-moi, être un homme, c'est ça : être libre!" Je lui réponds qu'elles aussi ont le droit à la liberté.


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Il existe trois sortes d'hommes : ceux qui ont, ceux qui sont & ceux qui ont l'air. Mais les derniers ne sont pas concernés ici !

Il y a le narrateur attablé dans un bistrot au port du Pirée. Intellectuel contemplatif, Il compte naviguer vers la Crête pour sortir la tête de ses livres & côtoyer le monde, la vie !
Puis il y a Zorba, espiègle aventurier, inculte, exubérant, libre, rustre, épicurien, hédoniste tout feu, tout flamme & un peu beaucoup misogyne sur les bords, qui pénètre dans ce même bistrot !

Ce livre narre la rencontre de ces deux hommes que tout oppose, Zorba est embauché par le narrateur comme contremaître, voilà qu'ils embarquent pour une grande aventure. Ils vont apprendre à se connaître, se découvrir & devenir potes. On y découvre la Crète, la Grèce, l'histoire de ce pays & de ses habitants, mais pas que !

C'est un livre dans lequel j'ai eu bien du mal à entrer, et pour cause, un discours machiste très présent, mais de manière si subtile que j'ai fini par apprécier, preuve de la force ultime des mots & de la littérature. C'est aussi un livre qui nous rapproche de nos sens, qui déconstruit les idéaux, qui ous plonge dans nos propres interrogations & qui nous fait aimer la vie. Un livre comme une couleur, comme un parfum, comme une danse, comme le premier rayon de lumière lorsque le soleil se lève, comme le souvenir d'une porte qui s'ouvre vers l'extérieur, ou encore comme le prénom de celui ou de celle qu'il vous reste encore à rencontrer.

Et entre les deux protagonistes mon coeur balance, je dirais que j'ai beaucoup admiré le narrateur pour son calme & sa patience. Et je me suis beaucoup attachée à Alexis pour ses faiblesses, sa malchance, ses blessures & son côté bravache !

Un livre nourrissant.
Un livre savoureux
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Quel mécréant ce Zorba ! Il ne respecte "ni logique, ni morale" ', ni pope, ni femme. Il obéit à ses seules pulsions en se gavant et fait "craquer l'écorce de la vie". Sa force, sa sensibilité, son appétit de vivre mettent à mal nos certitudes.
Dans les années 30, le narrateur, écrivain pétri de culture, de philosophie et de bonnes manières, hérite d'une mine de lignite en Crête. Zorba, son contremaître, de 30 ans son aîné, va littéralement percuter son "patron" par son énergie tonitruante emportant tout sur son passage. Une relation d'une étrange alchimie se crée entre les 2 protagonistes faite de respect et de fascination.
Dans une Crête sauvage, brute mais envoûtante, c'est un récit où Zorba est le mentor et l'écrivain un être cérébral en proie à d'incessantes analyses et émerveillements.
Si j'ai pris plaisir à la lecture des aventures jouissives et libératoires de Zorba j'ai eu beaucoup plus de mal avec les lourds questionnements philosophiques de l'auteur."...je me mis encore une fois, selon ma misérable et inhumaine habitude, à transposer la réalité en idée abstraite, à la lier à des lois générales..."
Étrange reproche que d'adresser à l'auteur ce que lui-même reproche à son double dans son roman.





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Je connaissais le film de nom et son extrait maintes fois diffusé où Anthony Quinn danse le sirtaki, scène de 20 mots dans livre mais emblématique en effet du personnage. Zorba est libre, fort, fragile. Il aime danser, boire, manger, se battre, rire, baiser, faire et dire l'amour. Sans doute l'homme qu'on aimerait être. Si seulement on arrivât à se débarrasser de toutes nos chaînes.
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Un voyage inattendu vers lui-même et la découverte de la Liberté, voilà ce que va vivre le narrateur en décidant d'engager Alexis Zorba comme contremaitre pour sa mine de lignite en Crète. Tout oppose les deux hommes (un jeune ingénieur enfermé dans ses livres et un vieux marin musicien dévorant la vie) et pourtant le destin les réunit, pour quelques mois, dans une aventure humaine et spirituelle, qui va faire se rapprocher ces deux hommes si « contraires ». L'échec de leur entreprise crétoise aura permis la naissance d'une amitié profonde.

Finalement, plus que l'exploitation d'une mine de lignite, le narrateur, en conflit intérieur et en quête de liberté spirituelle et philosophique (à travers la lecture de Bouddha notamment), va découvrir une autre signification du sens et des formes de la Liberté, grâce à Zorba, dont la vie n'est tenue par aucun fil du destin. Vivre la vie, profiter de la vie, sans se soucier du lendemain, être guidé par ses sensations, son coeur, ses envies, manger, boire, danser, aimer les femmes et les chérir, voilà la vie de Zorba.
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Quand j'ai vu ce roman à la Ressourcerie des Weppes, je me suis dit que ça serait bien de le lire avant de voir le film. Et depuis il était resté dans la bibliothèque. C'est à l'occasion d'une lecture commune que je l'ai ressorti.

Au début j'ai été un peu perdu car le narrateur n'est pas très bavard en ce qui le concerne : ce qu'il est, ce qu'il fait restent sous silence.

Mais lorsque Zorba est entré en scène, je me suis rendu compte que c'était lui "le personnage". Zorba est un personnage haut en couleur. Ses multiples voyages ont fait de lui un fin connaisseur de l'âme humaine et un amoureux de la vie. Pour chaque situation il a un récit qui permet de relativiser ce qui arrive. Après ses récits sont tellement exubérants que je me suis demandé si des fois cela n'était pas des fables. Exubérants mais ils reflètent une grande réflexion sur la vie de la part de Zorba.

Libéré de l'argent, libéré de la patrie, il ne travaille que quand ça lui plait et est prêt à aimer toutes les femmes. Conscient que les mots peuvent être un obstacle à la compréhension entre deux hommes, il choisit la danse pour se faire comprendre comme si la danse était un langage universel.

La philosophie vivante de Zorba vient s'opposer à celle de Bouddha dont le narrateur fait une étude. Au contact de Zorba le narrateur va voir son rapport à la vie change, il va marcher un peu plus à l'émotion et agir en réfléchissant un peu moins.

Il s'oppose vivement au narrateur qui veut mettre en place les bases du socialisme sur la petite île où ils se sont installés, car il est conscient que l'on ne peut pas faire le bonheur de quelqu'un à sa place.

Zorba est un personnage entier, tellement présent que lorsqu'il n'apparaissait que par le biais d'un récit épistolaire j'ai trouvé le roman moins bon.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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