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René Bouchet (Traducteur)
EAN : 9782366246360
Cambourakis (02/02/2022)
4.83/5   6 notes
Résumé :
« Ce fut la graine d’où a fleuri toute mon œuvre ; tout ce que j’ai pu écrire ne fut qu’un commentaire et une illustration d’"Ascèse" », écrivit Nikos Kazantzaki à la fin de sa vie. Composé en 1923, lorsque, résidant à Berlin, Kazantzaki nourrissait le désir de faire œuvre d’écrivain sans avoir encore produit ce qui pourrait constituer le noyau de son travail, ce texte est la véritable matrice de tous ses écrits à venir. Marqué par le communisme, qu’il découvre alor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
«  Nous venons d'un abîme de ténèbres et finissons dans un abîme de ténèbres. L'espace lumineux entre ces deux abîmes, nous l'appelons la vie.», premières lignes du prologue d'Ascèse de Nikos Kazantzaki.


Par une belle matinée Ascèse m'attendait sur l'étal d'une de mes librairies de prédilection, je ne sais si c'est l'illustration de la première de couverture ou le titre, je pencherai pour l'association des dieux, oups des deux, le fait est que je me suis précipitée sur ce texte. Je dis texte car à première vue c'est un ouvrage court mais combien riche et profond une fois sa lecture achevée.


Ascèse ou lumière dans mon cas car la tempête intérieure, la lutte évoquée par Nikos Kazantzaki pour l'atteindre se nourrit d'éléments contraires et complémentaires. Une ascension, une élévation pour s'extraire des ténèbres et percevoir l'invisible, le céleste. Lumière ou outre lumière, espace nécessaire pour l'apercevoir bien que la lumière ne soit pas ici une couleur mais un état qui réconcilie l'être humain avec sa part d'ombres, sa face noire dans un mouvement ascensionnel dont l'auteur développe en quelques pages les préceptes et degrés de discipline pour l'atteindre.


L'homme touché de cécité, aveuglé par ses paradoxes peut retrouver son unicité si il tend à l'universalité, en étant conscient de sa place dans le chaos du monde. Si Josef Kjellgren, un de ses contemporains, écrit Je suis des milliers Nikos Kazantzaki note « Je suis mes ancêtres, je porte leurs voeux , leurs doléances » en étant aussi ses descendants.

Une vision de la condition humaine vécue comme une communion, un élan collectif partagé par l'être humain en réponse au vide existentiel et à la quête de sens.
Un texte fort qui nous amène à réfléchir et à méditer sur la marche du monde, et l'engagement de chacun dans sa course en prônant l'action pour en faire tourner la roue.
L'homme comme un élément du grand Tout, cohabitant avec les éléments et leurs forces ; l'homme éphémère et immortel, particule de l'univers délivrée : « Meurs chaque jour. Nais chaque jour. La vertu suprême n'est pas d'être libre, mais de lutter pour la liberté. »


René Bouchet, préfacier et traducteur de Ascèse Salvatores Dei nous donne les références socio-historiques et littéraires pour mieux considérer l'oeuvre de Nikos Kazantzaki disciple de Bergson et Nietzche , inspiré ente autre par Saint Ignace de Loyola ou Saint François d'Assise. Il cite à ce propos les mots de Pandélis Prévélakis : Ascèse est « la clef de la pensée et de l'oeuvre kazantzakienne », sa matrice.

Ecrivain, poète, penseur, journaliste, traducteur, homme politique et grand voyageur, Nikos Kazantzaki (1883-1957) est une des figures de proue de la littérature grecque moderne.

Un texte que j'ai pris de face sans en connaître les aspirations mais qui m'a ébloui !
Un chant lyrique, poétique et mystique qui nous invite à une aventure collective et universelle.
Une Odyssée philosophique et spirituelle.

Une autre belle découverte des éditions Cambourakis.

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J'ai acheté ce livre en 1973, j'allais avoir vingt ans.
Je ne me souviens plus pourquoi je l'ai acheté, mais depuis, il ne cesse de m'accompagner aux fils du temps.
(car il en a tant, de fils, ce sacré temps…)
Nikos avait, à l'époque, 90 ans de plus que moi. L'écart ne s'est pas élargi, sauf que maintenant, il est encore plus mort, et moi, peut-être pas encore, hein, car on en tient un, de ces fils !
Fil ou Fils du temps, de quoi réfléchir…
Avec ce petit opuscule, Nikos est parvenu à me le tendre droit, ce fil.
J'en ai bien lu d'autres, de ses bouquins, dont certains, je l'avoue, m'ont un peu ennuyé, et pourtant j'y étais allé avec enthousiasme. Mais voilà, ces histoires de religions et tout et tout, cela n'a jamais vraiment été mon truc, quoique…
Bien sûr, Alexis Zorba… Eh bien je ne l'ai pas lu. Aïe.
Récemment, j'ai tenté "La dernière tentation du Christ", mais je l'ai vraiment survolé. Pourtant j'étais motivé, car en cours d'écriture d'un roman qui me le demandait.
Avant, j'avais vibré sur "Les frères ennemis" et "La liberté ou la mort". Ah, que voulez-vous, la Crète, la Crète… J'étais ado et je rêvais. Depuis, j'y suis allé. Un rêve, certes, mais plus vraiment le même. Un rêve quand même. Mais ces titres ne font pas rêver, hein, surtout en ce moment…
Je suis familier d'Antibes et de la commune libre du Safranier. Nikos venait, je l'ai découvert il n'y a pas si longtemps, se reposer sur un banc. Il y a une pancarte, bien sûr, sinon comment aurais-je pu le deviner ? Il venait s'y reposer et méditer, que pouvait-il faire d'autre (il n'avait pas de smartphone, le pôvre). Ce Bleu devait être pour lui pas si éloigné de sa Crète natale. Je ne saurais vous expliquer, c'est ainsi. Cette Méditerranée a quelque chose, c'est sûr.
Revenons à cet "Ascèse" puisque vous êtes là pour cela.
Sur la première page, j'ai écrit au crayon (je respecte mes majuscules de l'époque) : "Ascèse : état d'âme de l'Ascète. Aspiration aux plus hautes vertus". Et puis, en-dessous : "Ascète : personne qui se consacre aux exercices de piété et de mortification. Celui qui mène une vie Austère."
Je n'en reviens pas. Ce devait être un peu scolaire, car je ne m'y retrouve certainement pas, dans ces définitions ! Enfin, vous savez, la jeunesse…
Je vous épargnerai donc la suite de ces pages, quelquefois crayonnées par ma main de vingt ans. Pas De mots, juste quelques traits pour mettre en exergue.
Allez, voici la dernière phrase que j'ai soulignée et marquée de quatre traits, section 37 du troisième devoir de "la préparation" : "Maintenant je le sais : je n'espère rien, je ne crains rien ; je suis libéré de l'esprit et du coeur. Je suis monté plus haut. Je suis libre. C'est ce que je veux, rien d'autre. Je cherchais la liberté."
Aujourd'hui, si je prends ce recul de presque 50 ans (attention le précipice, derrière !), je me dois de tenir, à l'instar du penseur rodinesque, mon menton dans ma main. Ah oui, j'ai souligné tout cela ? Et maintenant alors ?
Et maintenant voilà.
Je suis encore en vie, c'est déjà cela.
La liberté, je n'aurai jamais assez de temps pour en parler, alors laissons tomber, d'accord ?
Oui, je la cherche toujours un peu, mais mon corps dubite maintenant.
Et pas seulement.
Je ne vous servirai pas la litanie des lianes qui circulent autour de nous et qui parfois nous agrippent.
Alors je retrouve ce petit opuscule d'à peine plus d'une centaine de pages de ce bon vieux Nikos (ah, j'aurais tant aimé trinquer avec lui sur ce banc d'un verre de retsina que j'adore, mais voilà, il est trop vieux, que voulez-vous), et puis je souris. Je souris aussi à ma jeunesse qui ne s'est nullement enfuie, ne vous laissez pas piéger par les lieux communs !
Car ce banc de la commune libre du Safranier à Antibes n'a rien de commun.
Allez-y donc vous asseoir.
Vous y retrouverez la folle jeunesse.
Et vous sourirez.
Allez, venez.
Je vous attends.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous sommes partis d'un chaos tout-puissant, d'un abîme épais, inextricable, fait de ténèbres et de lumière. Et tous - végétaux, animaux, hommes, idées -, dans le bref passage de la vie individuelle, nous luttons pour ordonner en nous le chaos, pour clarifier l'abîme, pour travailler dans nos corps le plus de nuit possible et en faire de la lumière.
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Oui, le but de la Terre n'est pas la vie, ce ne sont pas les hommes. Elle a vécu sans eux, elle vivra sans eux. Ils ne sont que d'éphémères étincelles dans sa vertigineuse révolution.
Unissons-nous, embrassons-nous, mêlons nos cœurs. Tant que la température de la Terre le permet, avant que séismes, cataclysmes, glaces et comètes ne viennent nous anéantir, créons un seul cerveau et un seul cœur pour la Terre, donnons un sens humain au combat surhumain!
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Tes morts ne reposent pas dans la terre. Ils sont devenus oiseaux, arbres, vent. Tu es assis à leur ombre, tu te nourris de leur chair, tu respires leur haleine. Ils sont devenus idées et passions, et dirigent ta volonté et ton action.
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Je suis une créature faible et éphémère, pétrie de glaise et de songe. Mais je sens tourbillonner en moi toutes les forces de l'Univers.
Je veux, avant qu'elles ne me brisent, ouvrir les yeux et les voir un instant. Je ne donne pas d'autre but à ma vie.
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Videos de Nikos Kazantzakis (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nikos Kazantzakis
Nikos Kazantzakis : Le regard crétois (1974 / France Culture). Nikos Kazantzakis sur l'île d'Égine, en 1927 - Photo : Musée Benaki. Par Richard-Pierre Guiraudou. Les textes, extraits d'“Ascèse”, d'“Alexis Zorba”, de la “Lettre au Greco”, de “Kouros”, de “Toda-Raba” et de “L'Odyssée”, ont été dits par Julien Bertheau, François Chaumette (de la Comédie-Française), Roger Crouzet et Jean-Pierre Leroux. Et c'est Jean Négroni qui a dit le texte de présentation de Richard-Pierre Guiraudou. Avec la participation exceptionnelle de Madame Eléni Kazantzakis, et la voix de Nikos Kazantzakis, recueillie au cours de ses entretiens avec Pierre Sipriot, en 1957. Réalisation de Georges Gaudebert. Diffusion sur France Culture le 1er août 1974. Níkos Kazantzákis (en grec moderne : Νίκος Καζαντζάκης) ou Kazantzaki ou encore Kazantsakis, né le 18 février 1883 à Héraklion, en Crète, et mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), est un écrivain grec principalement connu pour son roman “Alexis Zorba”, adapté au cinéma sous le titre “Zorba le Grec” (titre original : “Alexis Zorba”) par le réalisateur Michael Cacoyannis, et pour son roman “La Dernière Tentation” (dont le titre a été longtemps détourné au profit du titre du film et désormais republié sous son nom authentique), adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese sous le titre “La Dernière Tentation du Christ” (titre original : “The Last Temptation of Christ”). Penseur influencé par Nietzsche et Bergson, dont il suivit l'enseignement à Paris, il fut également tenté par le marxisme et s'intéressa au bouddhisme. « Il a poursuivi une quête tâtonnante qui lui a fait abandonner le christianisme au profit du bouddhisme, puis du marxisme-léninisme, avant de le ramener à Jésus sous l'égide de Saint-François. » Bertrand Westphal (in “Roman et évangile : transposition de l'évangile dans le roman européen”, p. 179) Bien que son œuvre soit marquée d’un réel anticléricalisme, il n’en reste pas moins que son rapport à la religion chrétienne laissa des traces fortes dans sa pensée : goût prononcé de l’ascétisme, dualisme puissant entre corps et esprit, idée du caractère rédempteur de la souffrance… Ainsi la lecture de la vie des saints, qu'il faisait enfant à sa mère, le marqua-t-elle durablement. Mais plus que tout, c’est le modèle christique, et plus particulièrement l’image du Christ montant au Golgotha, qui traverse son œuvre comme un axe fondateur. Bien que libéré de la religion, comme en témoigne sans équivoque son fameux « Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre », Kazantzákis restera donc l’héritier de cet « idéal Christ » qui se fond aussi, il faut le souligner, avec celui emprunté à la culture éminemment guerrière d’une Crète farouche encore sous le joug turc dans ses années d’enfance.
Sources : France Culture et Wikipédia
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