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Critique de pgremaud


Il y a souvent des correspondances étonnantes entre les livres. Alors que j'avais décidé samedi dernier de relire « Le Christ recrucifié », j'ai lu dimanche « Poverello » de Robin. Et la question centrale au coeur de ces deux livres, c'est celle de l'actualité du message des Evangiles.
Doit-on prendre au sérieux l'Evangile ou se contenter de le revivre comme une histoire ancienne ? C'est la question qui se pose aux habitants grecs orthodoxes d'un village d'Anatolie. La tradition veut que tous les sept ans, des villageois fassent revivre la Passion du Christ. Cette année-là (entre 1900 et 1910), pendant que les personnes choisies se préparent à cette représentation, des réfugiés grecs arrivent dans la région. Cette arrivée bouscule la tradition et divise le village : les jeunes qui jouent la Passion s'opposent aux notables et au pope car ils n'admettent pas qu'il y ait une dichotomie entre la foi que leur communauté professe et son attitude envers ces frères dans le besoin. Ceux qui veulent aider leurs compatriotes dans le besoin et partager leurs biens avec eux sont considérés comme des bolcheviks! Pourtant ils cherchent simplement à mieux comprendre l'Evangile et à vivre pleinement ses valeurs. A leur contact, certains habitants du village changent de comportement et cela déséquilibre la vie de la communauté. Ce déséquilibre aboutit à un drame, l'assassinat d'un proche de l'agha turc qui gouverne le village.
Pour ramener la paix, Manolios, le berger qui joue le rôle de Jésus se livre comme coupable alors qu'il est innocent. Mais son sacrifice est inutile : les habitants du village le tuent et chassent les réfugiés, en même temps que ceux qui les ont aidés.
Habituellement, dans le cycle de l'année liturgique, on va de Noël à Pâques, c'est-à-dire de la naissance du Christ à sa mort à et sa résurrection. A l'inverse, ce roman se déroule sur une période qui va de Pâques à Noël, donc de la résurrection du Christ à sa naissance. C'est un peu une manière de dire que la Résurrection est vaine tant que le Christ ne naît pas réellement dans le coeur de chaque homme ; il est recrucifié chaque jour quand des croyants sont incapables de vivre pleinement son message.
Cette réflexion sur la foi tient une place importante dans l'oeuvre de Kazantzaki, et pas seulement dans la « Dernière Tentation » dont l'adaptation cinématographique a fait couler beaucoup d'encre il y a quelques années. Certains des dialogues qu'il place dans la bouche des les protagonistes sont sûrement des réflexions qu'il a dû se faire lui-même. Un autre élément important dans cette oeuvre est l'amour que Kazantzaki porte à la terre grecque.
Pour conclure, un très, très bon livre et j'ai dû me retenir pour ne pas en citer des pages entières !
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