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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les hasards du web m'ont amenée à la découverte de ce bijou dont je recommande très vivement la lecture. Je ne connaissais pas l'auteur, et encore moins ses écrits... et là, je reste pantoise. Ce roman est un tourbillon dans lequel on se trouve happé pour n'en ressortir qu'à la fin de la lecture... et encore, je n'ai eu qu'une envie : y replonger aussitôt ! (et c'est ce que j'ai fait). Enlevé, drôle, sensuel, extravagant, original, foisonnant, nature, Platonik aborde une multitude de sujets avec une verve littéraire à faire pâlir nombre d'auteurs pignonnés sur rue. Je ne vais pas vous raconter l'histoire, il y a un résumé pour cela, mais il faut le lire de toute urgence.
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Pris d'un remarquable parangonnage* commentatoire au sortir de la lecture, j'ai dû patienter quelques instants (grosso modo multipliés par soixante-mille, puis par quelque autre chiffre encore plus effarant) avant de parvenir à extirper un avis de la substance mollassonne et amorphe qui me tient lieu de cerveau. Il est dans mes habitudes de me cantonner à la [littérature de]** science-fiction au sein de laquelle je me sens nettement plus à l'aise, mais certains écarts de conduite me précipitent dans de perverses lectures dont je ne parviens hélas même pas à rougir ensuite.
C'est ainsi que de Nila Kazar j'aurai lu un recueil de nouvelles (Le Manuscrit et la Mort)*** pas commenté (en raison d'une fâcheuse tendance à apprécier sans m'exprimer, alors que je peux grogner ou glapir avec désespoir quand un bouquin pue), et sautant enfin sur l'occasion de tâter de la Nila romanesque, ce Platonik à la couverture sobrement évocatrice qui me fit aussi songer à la pochette de certain disque consacré à certain compositeur finlandais (les oeuvres y étant gravées se mariant d'ailleurs fort bien avec le roman dont il devrait être enfin question ici si je cessais de m'égarer quelques instants).
Afin de livrer tout de suite une de ces platitudes qui font le bonheur de la plupart des auteurs, je vais le clamer en trois mots : j'ai adoré ; et même en quatre : j'ai pris mon pied.
Mais écrit comme ça, c'est un peu court, et même si la taille importe peu, un minimum de turgescence dans le commentaire doit être recommandé, à condition qu'on sache exactement par quel bout le prendre, ce qui peut rester hors de ma portée, mon sens de la synthèse étant aussi limité que mes capacités à traiter les équations relatives à l'oscillateur harmonique quantique à une dimension (oui, ça existe, mais surtout ne me demandez aucune précision sur le sujet).
Il me reste la possibilité de sérier les problèmes (sic) et d'aborder méthodiquement le roman sous ses divers aspects tant formels que sémantiques, psychotextuels et esthétiques. Pardon, je me laisse aller, reprenons sérieusement (c'est vite dit).
Le roman, songé-je, est en partie centré sur cette portion de l'anatomie masculine située exactement ici afin qu'on puisse la protéger des deux mains lors d'une attaque de yorkshire, et sur le rôle qu'elle joue dans la création (littéraire) masculine, le fonctionnement de celle-ci dépendant des humeurs de la cédille, ou les défections de la cédille poussant soit à trouver un substitut (pro)créatif dans l'écriture, soit à trancher la plume du mâle écriveron (plus ou moins lentement, avec plus ou moins de souffrance).
Platonik est tout aussi centré sur les relations qu'entretient pour sa part une sémillante narratrice avec le champ d'expérimentation sexuel, lequel est parcouru (mais est-ce si surprenant ?) d'une manière similaire au champ d'expérimentation textuel (et, sans doute pour de mêmes raisons).
Le roman se fonde donc sur un contrepoint narratif qui organise les lignes mélodiques des protagonistes et l'entrecroisement de la thématique sexualité/textualité. Écrire et bai… faire l'amour imposent de se mettre un minimum à poil devant l'autre et devant soi-même, le lien s'impose. Mais quid de l'écriture lorsqu'on ne coïte point ou plus, quelle que soit la raison ? Je ne vais pas vous bassiner avec un examen attentif de cette question, quoique fort peu périphérique, d'abord pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait vous avez un roman à lire (donc pas de temps à consacrer à mes élucubrations).
Tout à ma joie exégétique (sic) j'ai omis jusqu'ici d'aborder les questions qui fâcheraient. le style pour commencer. Il est inconvenant de manier la plume avec autant d'élégance, de finesse, de justesse, d'émotion et d'humour. Voilà, c'est reproché, je suis navré de le dire, mais Nila Kazar écrit trop bien, zut. Mais qu'importe, il y a plus grave : la malheureuse Melinda, personnage secondaire mais crucial, qui se désagrège sous nos yeux tandis que les autres tentent de se saisir ou ressaisir. Créer va de pair avec survivre, or Melinda qui n'a pas cette perspective ne parvient qu'à se raccrocher aux branches, et à ralentir un peu sa chute. Melinda, qui entre dans le contrepoint avec dissonance, est une figure entropique frappée, en quelque sorte, d'un parangonnage de l'âme. Sans Melinda, le roman perdrait du sens. Car au fond est-il bien question de sexe et de texte et n'est-il pas plutôt abordé la question du désir, de son absence ou de sa privation, dont les effets se manifestent selon le cas en écriture ou en cours de mandarin ? N'est-on pas leurré en posant la problématique dans les termes que j'ai moi-même employé jusqu'ici ? Duncan, Laura, Ion, ne s'éclaireraient au fond tout à fait que par la présence de Melinda, que j'avais dit cruciale, mais que je devrais peut-être qualifier d'essentielle.
Je ne sais pas. Je m'interroge. Et, malgré les apparences, plutôt sérieusement.

__________________
* Lire le livre pour comprendre le terme et ses implications. Je déplore d'ailleurs que d'autres aient trouvé judicieux de déflorer le sujet, même si c'était mission impossible de contourner l'impuissance des uns et des autres. Ah, zut, j'ai trahi… Tant pis, faut lire quand même, vu ?
** Par égard pour les abrutis qui considèrent que les genres de l'imaginaire ne sauraient être de la littérature, je mets la mention entre crochets pour qu'ils restent libres de penser que Musso est supérieur à Bradbury.
*** Pas encore Les rivières fantômes ? Non, j'attendrai un jour où le mot « guerre » me fera moins grincer des dents. Ni Sauvée par Shakespeare, mais là je n'ai aucune excuse.
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Dans la vie, il y a deux sortes de bons écrivains : ceux qui, à force de travail, s'approchent de la perfection, et ceux qui paraissent naturellement doués, comme tombés dans la marmite de talent quand ils étaient petits. Nila Kazar semble de ceux-là, mais la facilité avec laquelle elle déroule un texte aussi racé que fluide (d'habitude, ce terme est synonyme de pauvreté littéraire, mais pas ici) est peut-être une illusion, et peut-être est-elle parvenue à ce résultat grâce à une discipline de fer.
Je l'avais découverte par le biais de ses courtes nouvelles, d'abord dans Les rivières fantômes, puis dans le manuscrit et la mort. Subjugué, j'attendais depuis de voir ce que la donzelle avait dans le ventre et si elle était aussi bonne en endurance qu'au sprint.
Je te fais donc l'impasse sur le style totalement maîtrisé, auquel je ne reprocherai qu'un usage outrancier des participes présents, mais si, tu sais bien, ces petites paresses d'écriture que s'autorisent les auteurs quand ils ont la flemme de torturer une phrase, ces remorques verbeuses trop louuuuuuuuurdes que se coltinent les sujets. J'me comprends...
J'ai d'abord eu l'impression de lire de la chick-lit pour intellos. L'héroïne m'a paru être une Bridget Jones avec un cerveau. le livre est écrit à la première personne et, si la majorité des personnages sont écrivains et cultivés, le principal centre d'intérêt de Laura est le cul, la gaudriole, le ça-va-ça-vient, le coït, la baise. Dommage pour son ami Duncan qui, lui, est affligé d'une maladie qui l'empêche de dresser le chapiteau, ce qui influe sur ses capacités créatrices. L'occasion pour la Kazar d'évoquer l'impuissance dans la littérature, le grand thème du livre.
Il faut pourtant attendre un peu pour que la température monte, et l'auteure sait parfaitement écrire des scènes de sexe torrides et chauffer à blanc les hormones des lectrices (parce que l'homme, lui, il préfère un bon porno).
Hélas, bien qu'il parle beaucoup de chair et de corps caverneux, ce roman est peut-être trop cérébral et manque un peu de coeur et d'émotion. Je n'ai été touché que par la dernière partie du livre, à travers le personnage bourrelé de doutes de Duncan qui aurait mérité plus de place. J'ai été touché par des livres bien moins bien écrits.
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Mon avis :
L'écrivain est un être narcissique, il adore se mettre en scène et ne peut s'admirer qu'à travers le regard des autres… C'est un peu l'impression que nous laisse Duncan, tant sa relation avec Laura paraît égocentrique, pour ne pas dire qu'elle sombre dans l'égotisme le plus maladif…
Évidemment, tous les écrivains ne lui ressemblent pas, chacun préférant d'ailleurs se sentir unique, singulier… Paradoxalement, confronté à une maladie incapacitante, cet auteur célèbre va se chercher des jumeaux en littérature ; qui, parmi ces illustres prédécesseurs, souffrait du même handicap et qu'elle en était l'influence sur ses écrits ?
Est-ce pour ne pas se sentir seul face à ce drame qu'il entame cette recherche ? Est-ce pour se persuader que la maladie ne lui a pas tout pris qu'il persuade Laura de le seconder dans son travail ?
Tout, dans le roman de Nila Kazar, se tisse autour des relations complexes qu'entretiennent les différents protagonistes entre eux, entre leur regard sur la vie et leur travail, entre leur travail et leurs sentiments, dans une chaîne où s'entremêlent différents univers reliés par même fil : Laura. Car plus que de Duncan et ses problèmes d'ego, c'est bien d'elle et de ses rapports au monde dont on parle. Et de la façon dont tout est inextricablement lié, chaque chose faisant écho à une autre : sa difficulté à aller au bout de son roman et la maladie du vieil auteur ; sa fuite en avant dans ses liaisons amoureuses et la folie qui s'empare de Melinda, sa meilleure amie ; sa relation avec Ion, celle avec Duncan ; ce qu'elle accepte, ce qu'elle refuse… On pourrait mélanger tout ça et présenter des paires différentes, ça fonctionnerait aussi !
Laura et son rapport au monde, ai-je dit ? J'aurais dû également parler du rapport à l'écriture, du lien entre fiction et réel. Et c'est aussi cela qui travaille Duncan, persuadé que sa maladie le rend impuissant à écrire.
Avec Platonik, Nila Kazar exploite, avec subtilité et humour, les déboires de Duncan pour visiter avec une plume légère, mais d'une précision diabolique, la question des interactions entre les différentes choses qui émaillent notre chemin. Ceux qui se sont déjà fait visiter d'une plume légère le savent, à moins d'être en pierre, on n'y résiste pas ! Laura nous séduit, nous fait rire, mais surtout nous interroge, et de façon durable, parce que Platonik n'est pas un livre qu'on oublie sitôt la dernière page tournée. Et quand un roman résonne encore longtemps après avoir été refermé, c'est que son auteur a réussi son coup. Pour ma part, il m'accompagne encore, plus de dix jours après l'avoir terminé.
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