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Critique de Alfaric


Paul Kearney continue sa mue en tant qu'écrivain qui glisse de la Fantasy à l'Historique… le 2e tome de ce triptyque est dans la droite lignée du 1er et les évènements qu'il narre en proviennent directement : après sa relecture de L'"Anabase", nous plongeons dans une relecture de la Grèce du IVe siècle avant J.-C. ! Les combats séculaires entres les cités, ligues et alliances, les beaux discours à l'agora sur la liberté et sur la fierté d'être macht, les petits jeux de pouvoir des magistrats, le monarque absolu soucieux du peuple, les aristocrates accrochés à leurs petits privilèges.
Rictus et Corvus sont les 2 facettes du Parménion de David Gemmell (le jeune et le vieux), Corvus qui lui-même campe un Alexandre préoccupé par ses origines et habité par le rêve d'un monde meilleur, Demetrius est un clone de Demetrios le Borgne, Druze fait penser à Attale, Hal Goshen devient Athènes, Machtan devient une Sparte débarrassée de son idéologie eugéniste… C'est frustrant de ne faire qu'un petit tour de 350 pages dans cet univers fascinant. Corvus ressemble à un "Lion de Macédoine" tel qu'aurait pu l'écrire le David Gemmell de "Troie". Evidemment l'auteur suit ses inspirations historiques d'assez près donc pas de réelles surprises dans le déroulement du scénario pour les lecteurs, mais de toutes les manières l'intérêt du livre est ailleurs.

La 1ère partie du roman distille une belle ambiance douce-amère où Rictus semble se fondre en la figure de Druss. Après on entre dans la danse machtienne et Paul Kearney nous livre son lot de batailles plus courtes qu'à l'accoutumé mais toujours aussi intenses : immersion cinématographique garantie dans le sang, les tripes et la merde.
Au coeur des événements 3 personnages complexes transformés par une guerre où les simples gens sont coincés entre l'orgueil des grands et les bas instincts des brigands : un jeune conquérant idéaliste, un vieux vétéran pacifiste, un esclavagiste humaniste…
Toute une galerie de personnages se dévoile pour former une comédie humaine qu'on aurait aimée plus approfondie : esclaves, affranchis, matrones, patriarches, réfugiés désespérés, exilés qui ont perdu leur place et qui tentent d'en retrouver une, conscrits dépressifs ou enthousiastes, mercenaires paillards ou désabusés…

Ainsi la relation Corvus / Rictus n'est pas développée pourtant on ressent les liens qui se tissent entre eux. Mais ce n'est ni Rictus que l'on connaît déjà ni Corvus dont on effleure le personnage qui m'ont marqué. C'est Karnos le tribun machtan qui m'a ému : un personnage très humain, plein de contradictions qui apprend à surmonter ses peurs et dépasser ses faiblesses. Là aussi j'ai pensé à une foultitude de personnages gemmelliens finalement eux aussi très humains.

Alors oui c'est un roman court, trop court, expédié diront certains. C'est light mais le courant est bien passé. Mis à part un tout petit flottement au milieu du roman avec la succession de plusieurs points de vue, c'est très fluide et très agréable à lire avec son lot de violences, de tragédies, de drames, mais aussi de petits moments d'humanité. Une belle cohérence dans la narration avec l'unité de temps (1 saison), de lieu (le centre de Macht) et d'action (l'ascension de Corvus).

Paul Kearney depuis ses débuts a décidé de faire court là ou d'autres multiplient les tomes de 1000 pages. C'est un choix que j'apprécie à sa juste valeur : aucune lenteur inutile et un bon potentiel de relecture. En soi, il poursuit sa gemmellisation. Fans de Gemmell, ce livre est fait pour vous ! Vivement que "Kings of Morning" nous arrive en VF ! (Qu'est-ce que vous foutez chez Orbit France ???)
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