Puissant, digne, ce récit est une marche dans le sombre de la nuit. La clarté qui s'élève subrepticement est donnante. Elle annonce l'écriture généreuse et observatrice de
Juliette Keating. le style appuyé dans cette apothéose du dire, dosé dans ce juste qui affirme une connaissance extrême des êtres égarés dans le brouillard de l'irrévocable. L'histoire est acide comme un citron pressé. Belle et ténébreuse elle dépasse le calme et l'aérien. Offre une
Awa battante, enfant perdue dans le labyrinthe d'une naissance refoulée, dans une vérité existentielle.
Awa que l'on voit s'émanciper à l'orée des êtres qui sont pour elle des sauveurs de la faim, de la soif et des donnants d'amour. Une tendresse offerte, allouée aux gestes altruistes. « Elle pensa à sa mère, mais faute de souvenir, c'était une pensée absolue, libérée de l'incarnation, du dessin particulier d'un visage : l'idée pure de la maternité. Elle ne la jugeait pas puisqu'elle ignorait ce qui était arrivé à la femme qui l'avait mise au monde.
Awa ne pouvait croire qu'elle l'eût abandonnée. Elle était une enfant perdue. » Thomas ,l'homme bon, qui aura veillé sur cette enfant jusqu'au midi où elle deviendra femme. La symbolique de ce départ de Thomas est un éveil pour le lecteur (trice). Pure
Awa, Eve, Eva s'affranchie. Raphaël, ce jeune homme qui fuit la caste familiale, en manque d'amour paternel, sait lire les nuances au travers de cette jeune fille battante, abandonnée, jetée en pâture à la horde des nantis. Les lignes sont sublimes, telles des rayons flamboyants dont l'encre sociétale abreuve les égarés. Ce récit symbolique se vit en intériorité lorsque le passage de l'ombre à la lumière affirme son diapason.
Juliette Keating écrit la vie, l'authentique.
Awa ne lâche jamais la main du lecteur (trice) et c'est une chance fabuleuse. Publié par Les Editions le Ver à Soie
Virginie Symaniec ,
Awa est en lice pour le Prix Hors Concours 2019
Gaëlle Bohé.