AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848051185
272 pages
Sabine Wespieser (04/10/2012)
3.81/5   144 notes
Résumé :
Enracinées pour l’essentiel dans la terre d’Irlande, les nouvelles de ce recueil confirment l’éblouissant talent de Claire Keegan qui, sous la surface lisse de situations ordinaires, excelle à déceler le trouble et la dissonance.
Dans La Mort lente et douloureuse, un écrivain se venge de l’incursion d’un importun. Le Cadeau d’adieu met en scène la dernière matinée d’une jeune fille dans la maison de son père avant son départ pour l’Amérique. Pourquoi le prêtr... >Voir plus
Que lire après À travers les champs bleusVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 144 notes
Un recueil de nouvelles.

Et l'écriture de Claire Keegan, tout en légèreté, délicatesse, poésie.


La terre d'Irlande (sauf pour une qui se passe dans un autre pays), des senteurs de la tourbe qui brûle dans la cheminée, du thé qui infuse, de chiens mouillés par les pluies qui battent les paysages...
La nature comme un compagnon des vies, indissociable d'elles, reflet des affrontements de l'âme.

Les arbres s 'agitent sous le vent, les feuilles tourbillonnent, les bêtes appellent, la terre gorgée d'eau devient rivière.

Et le récit de vies, de l'intimité, de moments durant lesquels l'existence bifurque et prend un chemin sans espoir de pouvoir revenir sur les pas, sur les décisions privilégiées.


C'est un recueil qui parle de solitude, de regrets, d'amours compliquées, de choix déchirants, de désespoir et parfois d'incommunicabilité ou d'incompréhension entre les êtres.
C'est le récit des petites choses de la vie, des batailles quotidiennes, des erreurs toujours trop lourdes de conséquences.

La misère d'une certaine Irlande est présente, comme un dernier appel à la compassion des hommes, les yeux des enfants criant de la faim qui les habite, et le partage qu'il soit matériel ou celui des pensées, étant devenu un bien trop rare pour qu'elle soit si évidente et si facile à éprouver.

Et pourtant, ces moments d'existence recèlent tant d'émotions contenues, tant d'espoirs entretenus, tant de tentatives de communication avec le monde imaginaire , qu'ils construisent un recueil envoûtant, qui parle au coeur du lecteur. La différence peut être la clef d'une vie, l'importun devient sujet d'inspiration, le silence des autres peut être si terrible qu'il brise une vie...


De magnifiques textes tout en mélancolie pour oublier le temps présent et fouler la belle terre de cette Irlande de traditions et de légendes.

Commenter  J’apprécie          418
Je ne vais beaucoup développer cet article, car j'ai parlé de Claire Keegan, de son style et de ses oeuvres lors de son interview il y a quelque temps.

Moi qui ne suis pas très habituée à lire des nouvelles – trop courtes, chute mal contrôlée, histoire amputée ? – je reste pourtant admirative face à la maîtrise de Claire Keegan au fil de ses textes. Les 8 récits qui composent ce recueil sont magnifiques, et nous emmènent temporairement suivre la vie de quelques personnages.

Un des thèmes communs me semble être pourtant le lien familial – filial, marital ou autre – très présent et souvent problématique (Claire Keegan m'avait répondu sur ce point en me disant que c'est ainsi qu'elle se représente la famille) : » .. mais il est très rare que deux personnes veuillent la même chose à un moment précis de l'existence. Quelquefois c'est l'aspect de plus dur de la condition humaine.«

Mais globalement, elles sont très différentes. Seules les dates d'écriture ont déterminé leur place dans ce recueil, je ne vais donc pas insister sur leurs liens mutuels.

De même, elles se passent – sauf une – en Irlande, pays qui reste sans arrêt présent, par petites touches : quelques mots de gaélique, un paysage, des traditions. En effet, la nature est présente, mais rarement d'une manière bucolique : il faut la dompter, la travailler. La précarité, la fragilité face aux contingences naturelles sont très fortes.

Comme toujours, il est difficile de déterminer leur époque, mais à cette question, l'auteur m'avait répondu que ça n'avait pas d'importance, seule l'histoire, la gestuelle des personnages, comptent. Cependant, ce sont des sociétés très traditionnelles, en particulier pour la place des femmes; et très paysannes. Dans les femmes, seule La Fille du Forestier sort de ce schéma traditionnel, et c'est ma nouvelle préférée. Les traditions, l'esprit de village, les superstitions sont encore très fortes, et sont souvent décisives pour les histoires individuelles.

Au-delà de ces histoires, j'ai retrouvé le style net, presque elliptique de Claire Keegan. Elle ne nous donne jamais les clés de ses oeuvres. Ses nouvelles sont extrêmement travaillées, mais le lecteur ne doit pas être passif non plus : c'est lui qui va compléter l'oeuvre, et décider de ce qu'il veut en faire. On peut trouver cela frustrant, mais à la limite je préfère ça que certains auteurs qui nous servent une philosophie toute faite, convenue, qui ne nous demande aucun effort de décryptage.

Je vous invite donc à découvrir cet auteur, et en particulier Les Trois Lumières (si vous êtes rébarbatifs aux nouvelles). C'est un court roman, dans la droite ligne des autres, mais d'une puissance et d'une richesse énormes.
Lien : https://missbouquinaix.wordp..
Commenter  J’apprécie          270
Je suis toujours étonnée par la légèreté et la justesse des mots de Claire Keegan. Elle suggère mais n'impose rien, et c'est au lecteur de faire son opinion ou de continuer l'histoire.

Les nouvelles commencent par un décor champêtre, un peu comme dans un conte de fée avant que l'horreur arrive. Et c'est exactement ce que j'ai ressenti, j'étais dans les champs, je me sentais bien, je voyais les gens vivre dans leur ferme, occupés à leurs tâches quotidiennes et d'un mot, d'une ligne ce n'est plus le même décor, la même vision. Dans ces histoires les hommes ne sont pas très courageux, je les trouve même vils. Les femmes s'en sortent, en sacrifiant parfois des enfants ce qui n'est pas forcément mieux. Dans ces huis-clos ruraux il y a beaucoup de non-dits, c'est oppressant parfois, comme dans un mauvais rêve. Une certaine image de la famille, à travers les champs bleus, qui donne à réfléchir.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          310
Difficile de résister au charme de Claire Keegan. Son roman Les trois lumières m'avait ébloui l'an passé. C'est donc avec une certaine impatience que j'attendais de la retrouver à l'occasion de cette rentrée littéraire avec un recueil de nouvelles intitulé A travers les champs bleus. Ses thèmes de prédilections sont toujours aussi présents. Il est donc question d'Irlande (sauf dans un texte se déroulant au Texas), de désir, de solitude, de monde rural et d'océan. Il y est aussi beaucoup question de renoncement, comme dans la nouvelle donnant son titre au recueil où un prêtre célébrant un mariage renonce à avouer son amour à la mariée. Renoncement encore dans La nuit des sorbiers, où un homme fruste voit partir femme et enfant sans chercher à les suivre. Renoncement également pour cette mère de famille mal mariée qui ne pourra se résoudre à quitter le foyer. Renoncement, une fois de plus, pour le frère d'une étudiante s'apprêtant à partir pour les Etats-Unis. Il dit lui aussi vouloir tourner le dos à la ferme et vivre autre chose mais au fond de lui, il sait qu'il n'en fera rien.

Dans ces nouvelles, les hommes sont des lâches, des salauds mal-dégrossis qui préfèreront toujours leurs terres à leur famille. Certains s'abîment dans le travail, d'autres s'abrutissent d'alcool. Beaucoup se perdent dans le désir de femmes qu'ils ne méritent pas. Ces dernières s'en tirent mieux. Elles ont du cran, sont déterminées et gardent un coté indomptable. Elles continuent de croire que tout reste possible malgré les écueils qui se dressent devant elles.

Je suis toujours aussi émerveillé par la prose de Claire Keegan. Elle sait retranscrire à merveille la pluie, le vent et les tourbières, la violence des liens archaïques qui unissent les êtres. Sa prose est simple, limpide, précise. Pas un poil de gras, pas un mot de trop.

Je sais bien que la nouvelle n'est pas un genre très prisé par chez nous. Mais si vous n'aviez qu'un seul recueil à lire cette année, je vous conseille de vous laisser tenter par cette étourdissante balade à travers les champs bleus.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          244
J'ai bien aimé ce livre de nouvelles d'une autrice que je ne connaissais pas du tout. Ces nouvelles sont de tailles différentes mais témoignent toutes du talent de cette actrice pour créer en très peu de pages tout un univers et évoquer parfois une vie complète en quelques traits. Je ne les ai pas toutes adorées mais certaines sont très fortes, telles celle qui met en scène un prêtre et son ancienne amoureuse, ou cette autre qui évoque une écrivain en résidence dans la maison d'un grand écrivain allemand, ou enfin celle, étonnante et forte, qui a pour principal protagoniste un jeune étudiant à Harvard confronté à son véritable abruti de beau-père (guère d'autre mot pour l'évoquer).
Si l'autrice est irlandaise, ces nouvelles offrent toutefois une certaine diversité d'ambiances.
le style de Claire Keegan est sobre et puissant. Peu d'humour ici. On pencherait plutôt du côté de la joie de vivre de Tchekhov ou de Raymond Carver !
Je lirai volontiers d'autres livres de cette écrivaine, alors si vous avez des coups de coeur, je suis preneur !
Commenter  J’apprécie          222


critiques presse (2)
Telerama
05 décembre 2012
[Claire Keegan est] dans l'ombre [de ses personnages], écoute leur souffle, pour décrire en peu de mots d'une justesse imparable les douleurs de l'absence, la solitude absolue et l'hypocrisie sexuelle.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesEchos
23 octobre 2012
Les nouvelles de Claire Keegan sont telluriques. […] Chacun de ses textes vont droit au but. Contant une histoire forte, ils sont conçus comme de petits romans aboutis - accomplis serait-on tenté de dire, pour traduire la touche sacrée, mystique de sa prose.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Les saisons ont passé et l'hiver est revenu. Ils sont partis en excursion, ont roulé vers le nord jusqu'à la Silent Valley et logé dans une petite pension de famille près de Newry. Ce soir là, pendant le dîner, elle a caressé le pied de son verre et lui a dit qu'elle ne pouvait plus supporter cette situation. S'il ne quittait pas la prêtrise, elle refusait de continuer à le voir de cette façon. Ils sont allés dans un musée de plein air le lendemain matin sur le trajet du retour, ont remonté les époques, de la cour et de la maison vikings aux crannogs* , et ont terminé par une tombe néolithique. Là, ils se se sont tenus au bord d'un lac artificiel où un bateau en bois rudimentaire était à moitié immergé. Des graines de pissenlit jonchaient la surface de l'eau. Une brise froide sifflait dans les roseaux, mais ils sont restés silencieux, enfermés dans la conscience que rien ne serait plus jamais pareil.

* Habitations fortifiées lacustres, en Irlande et en Ecosse, dont les plus anciens remontent à la préhistoire.
Commenter  J’apprécie          380
Maintenant, le prêtre se tient dehors et considère les alentours de la chapelle. C'est une journée fraîche, que le vent rend lumineuse. Des confettis ont volé sur les pierres tombales, le pavage, le long du sentier du cimetière. Sur l'if, un lambeau de voile frémit. Le prêtre lève le bras et le retire de la branche. Il lui semble raide, plus étrange qu'une soutane. Il aimerait, à présent, changer de vêtements et aller sur la route de campagne, franchir l'échalier et descendre en direction de la rivière. Là, dans la zone marécageuse entre les champs, sa présence ferait se disperser les canards sauvages. Plus loin au bord de la rivière, il se sentirait calme, mais, dès qu'il tourne la clé dans la porte de la chapelle, il affronte la rue où son devoir l'attend.
Commenter  J’apprécie          344
Ta mère ne voulait pas une grande famille. Parfois, quand elle perdait patience, elle te disait qu'elle allait te fourrer dans un seau et te noyer. Petite, tu imaginais qu'on t'emmenait de force sur la rive de la Slaney, qu'on te mettait dans un seau et qu'on jetait le seau, qui flottait une minute avant de sombrer. Plus tard, tu as su que c'était seulement une figure de style, puis tu as pensé que c'était juste une chose horrible à dire. Les gens disaient parfois des choses horribles.
Commenter  J’apprécie          290
La marée haute avait échoué des débris, mais alentour ce n'étaient qu'épaisses couches de pierres luisantes, blanchies. Jamais elle n'avait vu des pierres aussi belles, cliquetant comme de la faïence de Delft sous ses pieds chaque fois qu'elle bougeait. Elle s'est demandé depuis combien de temps elles s'entassaient là et quel genre de pierres c'était; mais quelle importance ? Elles étaient ici, maintenant, de même qu'elle.
Commenter  J’apprécie          235
Il était déjà trois heures du matin lorsqu’elle a traversé le pont d’Achill. Là, enfin, se dressait le village : la coopérative de pêche, la quincaillerie et l’épicerie, la chapelle en pierre rougeâtre, chacune des constructions fermée et silencieuse sous la lueur des lampadaires. Elle a continué son trajet sur une bande de route sombre où, de chaque côté, les grandes haies de rhododendrons revenus à l’état sauvage avaient fané. Elle n’a pas vu un seul être humain, une seule fenêtre allumée, juste quelques moutons à pattes noires endormis et, plus tard, un renard immobile, craintif, dans la lumière des phares. La route est devenue raide, puis, au détour d’un virage, s’est élargie, déserte. La femme devinait l’océan, les tourbières ; espace immense, découvert. Dugort n’était pas clairement indiqué, mais elle s’est sentie confiante en prenant vers le nord la route inhabitée qui conduisait à la maison Böll.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Claire Keegan (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claire Keegan
Claire Keegan & Camilla Grudova in conversation with Sinéad Gleeson
autres livres classés : littérature irlandaiseVoir plus
Notre sélection Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (276) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce genre de petites choses

1) Bill Furlong est père de famille et a :

Une fille
Deux filles
Quatre filles
Cinq filles

10 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Ce genre de petites choses de Claire KeeganCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..