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Jacqueline Odin (Traducteur)
EAN : 9782848053721
120 pages
Sabine Wespieser (05/11/2020)
3.89/5   835 notes
Résumé :
En cette fin d’année 1985 à New Ross, Bill Furlong, le marchand de bois et charbon, a fort à faire. Aujourd’hui à la tête de sa petite entreprise et père de famille, il a tracé seul sa route : élevé dans la maison où sa mère, enceinte à quinze ans, était domestique, il a eu plus de chance que d’autres enfants nés sans père.

Trois jours avant Noël, il va livrer le couvent voisin. Le bruit court que les sœurs du Bon Pasteur y exploitent à des travaux de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (215) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 835 notes
Il s'agit d'un court roman qui s'inspire en toile de fond de la sordide histoire des "couvents de la Madeleine" en Irlande, un scandale qui éclaboussa l'église catholique d'Irlande dans les années 80.
Un récit intelligent et empreint d'une belle profondeur où nous allons suivre les états d'âme de Bill Furlong, un marchand de bois et charbon, marié et père de cinq filles.
Bill a eu une enfance particulière, pas vraiment malchanceuse mais de celles qui font de vous un être différent, il est des questions qu'il se pose depuis toujours et le regard qu'il porte sur sa vie en cette veille de Noël est assez désenchanté.
Bill a reçu en héritage une certaine idée de ce que devrait être "le bien ou le mal", et la difficulté à vivre dans l'Irlande des années 80 ébranle ses convictions, c'est en effectuant une livraison de charbon au couvent que sa vie va basculer en même temps que ses illusions.
Un texte fort sur la conviction et le refus du mensonge quel qu'en soit le prix, j'ai beaucoup aimé le style, plein de sensibilité, j'ai aimé cette introspection qui amènera Bill à se dresser contre l'injustice et à se mettre en accord avec sa conscience.
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Un petit livre qui aborde un sujet important en une centaine de pages. C'est Noël 1985 à New Ross, Conté de Wexford en Irlande. Un marchand de charbon , marié et cinq enfants découvre par hasard l'horreur, en allant livrer sa marchandise au couvent du coin. Beaucoup de rumeurs , de ragots, pourtant derrière les portes closes du couvent s'y passent des choses, des “ petites choses” qui semblent ignorées du village entier ? Ou qu'au village entier convient d'ignorer ? Furlong le marchand va-t-il se taire ou passer à l'acte avec un prix cher à payer ? Furlong lui-même fils d'une mère-fille , domestique chez une dame , qui aidera aussi bien la mère que le fils , sera rattrapé par son passé et sa conscience….

C'est la vraie histoire des blanchisseries Magdalene, où environ 30000 Irlandaises, des mères filles rejetées par leur famille ont été incarcérées entre le XVIIIe et le XXe siècle dans des couvents , gérées et financées par l'Église catholique de concert avec l'État irlandais. Peter Mullan régisseur écossais en a fait un excellent film glaçant en 2002, que je recommande.

L'hypocrisie et l'indifférence des habitants du village y compris la femme de Furlong , tous des pieux catholiques, face au drame qui se passe juste à côté d'eux est étonnant mais pas si surprenant que ça. Plus étonnant est qu'ici le courage et la compassion vient d'un homme,alors que les femmes autour n'ont aucune empathie, ni problème de conscience pour le sort de leurs congénères et les criminelles sont des soeurs , des femmes !

Keegan est une écrivaine que je chérie. Dans ce quatrième livre que je viens de lire d'elle , comme toujours avec chaque mot soigneusement choisi elle nous livre un petit texte sublime qui nous réchauffe le coeur avec le courage d'un homme. J'avais acheté ce livre l'année dernière à Wexford en Irlande ( et cette histoire se passe dans le Conté de Wexford 😊, je ne le savais pas ). Oublié dans la PAL , c'est l'incitant billet de Patsales que je remercie en passant qui me l'a fait repêcher 😊.


“In October there were yellow trees. Then the clocks went back the hour and the long November winds came in and blew, and stripped the trees bare. In the town of New Ross, chimneys threw out smoke which fell away and drifted off in hairy, drawn-out strings before dispersing along the quays, and soon the River Barrow, dark as stout, swelled up with rain.”
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Fiction basée sur des évènements tragiques révélés ces dernières années en Irlande. de 1922 à 1996, des milliers de jeunes femmes furent enfermées exploitées et maltraitées dans des couvents ou des établissements de blanchisserie avec la complicité de L'État, de l'Église catholique et d'une partie de la population.

Claire Keegan s'attache ici aux pas de Bill Furlong, marchand de charbon et de bois de chauffage, dans son quotidien pendant l'hiver 1985. Un homme simple, travailleur et honnête, né de père inconnu qui sans être riche mène une vie tranquille avec sa femme et ses cinq filles, et qui, conscient de la crise économique qui pèse sur la région, mesure la détresse et la pauvreté qui l'entourent. C'est à travers les yeux de cet homme, sensible et attentif aux autres, que l'auteure construit un récit sobre et lumineux. Ainsi, le lecteur découvre en même temps que le héros le terrible drame qui se joue derrière les murs du couvent.

Ses livraisons l'amènent au couvent voisin où il découvre des jeunes filles en haillons, effrayées et transies de froid, probablement employées à la blanchisserie réputée du couvent. de nombreux doutes planent quant à l'origine de ces femmes mais il se murmure que les soeurs exploitent des jeunes filles non mariées à qui on a retiré leurs enfants. Mais tout le monde préfère fermer les yeux par crainte de répercussions car l'église est très puissante dans ce pays.

Né d'un père inconnu, Bil Furlong connait sa chance d'avoir échappé à la pauvreté, protégé par la dame qui employait sa mère comme domestique, et qui l'a gardé à ses côtés lorsque sa mère est décédée à vingt-six ans. Aussi, son passé ressurgit avec force, et le sort de ces jeunes filles le tracasse au point qu'il ne peut pas oublier ce qu'il a vu et ressenti ce jour-là.

Mais c'est surtout lors d'une seconde livraison, qu'ouvrant la réserve à charbon du couvent, il découvre une jeune fille en détresse, grelottante et pieds nus, à même le sol glacial. La jeune femme y a vraisemblablement passé la nuit. La rumeur dit vrai, il ne peut donc plus détourner le regard, fermer les yeux, et dire qu'il ne sait pas… Il doit affronter un dilemme, oublier ce qu'il a vu, comme c'est la règle autour de lui, ou bien risquer beaucoup pour lui et sa famille face à la puissante institution religieuse.

L'histoire se déroule en 1985, cependant le lecteur a constamment l'impression de lire un roman écrit au 19ème siècle. Tout en finesse et en nuances, Claire Keegan évoque un des plus grands scandales de l'histoire irlandaise catholique et dresse le portrait d'un héros ordinaire et simple. Son récit nous invite à réfléchir et nous rappelle que le silence peut également être une forme de culpabilité.
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J'attendais depuis si longtemps de lire un nouveau texte de l'écrivaine irlandaise Claire Keegan ! C'est merveilleusement fait avec « Ce genre de petites choses » traduit par Jacqueline Odin qui illumine cette fin d'année 2020.

Claire Keegan n'écrit pas, elle peint des couleurs, esquisse des gestes invisibles à l'oeil nu , sonde l'âme avec intensité et profondeur.
Ce récit est le tableau généreux d'une vie simple dont la grande délicatesse cache la puissance des émotions enfouies. Ses mots sont comme la lave en fusion d'un volcan qui force le regard vers la réalité cruelle et sordide des filles-mères contraintes au travail forcé dans les blanchisseries tenues par des religieuses.

La saison et l'espoir nous rapprochent de ce récit sous forme de conte de Noël en estompant les lieux et l'époque.
Le décor qui nous fait entrer à pas feutrés et lents jusqu'au dénouement final m'a enveloppée dans sa douce chaleur. J'étais ailleurs dans un autre endroit beaucoup plus proche et accessible qu'il n'y paraît, le coeur humain grâce à aux mots si cristallins de Claire Keegan.

Son héro est Bill Furlong , un charbonnier que j'imagine en grand colosse supportant sans faillir tout le poids des sacs de charbon sur le dos. Pourtant, quelque chose en lui est prêt à se briser, à mourir même.

Va-t-il rompre l'affreux dicton selon lequel chaque année la rivière Barrow prend 3 vies ?
C'est un cadeau que je vous souhaite ardemment.

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Le charbonnier est un homme bon. Contrairement à ses voisins ou à sa femme qui n'ignorent pas ce qui se trame derrière les hauts murs tessonnés du couvent, il va avoir le courage d'agir à sa hauteur en ce Noël 1985, quitte à s'attirer les foudres de tous, pour sauver ne serait-ce qu'une âme.

Un récit simple et court, plein de finesse aussi, pour suggérer l'enfer des blanchisseries Magdalen d'Irlande où près de 10000 femmes et filles ont été incarcérées et forcées de travailler. Des foyers de souffrances et de misère pour des mères célibataires et leurs nouveaux-nés, dont le dernier a fermé seulement en 1996, tenus par des religieuses intraitables (beaucoup de pensionnaires et leurs bébés sont morts), financés qu'ils étaient par l'Eglise catholique et l'Etat irlandais. Terrible et édifiant.

Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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critiques presse (1)
Telerama
29 juin 2022
Des filles-mères exploitées par des sœurs catholiques… En 2020, l’autrice irlandaise Claire Keagan s’empare de l’abominable affaire des blanchisseries de Magdalene qui secoua son pays dans les années 1990 et livre un court et magnifique roman sur le choix de parler ou de se taire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (111) Voir plus Ajouter une citation
Comme ils approchaient du centre de la ville et des lumières de Noël, une part de lui envisagea de reculer et de passer par le chemin le plus long pour rentrer, mais il fit face à la situation et persista dans l’itinéraire qu’il aurait pris ordinairement.
Un changement, semblait-il, survenait chez la fille et bientôt elle dut s’arrêter, et vomit dans la rue.
« Bravo, l’encouragea Furlong. Elimine tout ça. Evacue au moins ça de toi ».
Sur la Grand-Place, elle s’arrêta pour se reposer près de la crèche illuminée et se tint dans une espèce d’hébétude, regardant à l’intérieur. Furlong regarda aussi : la robe voilette de Joseph, la Vierge agenouillée, les moutons. Quelqu’un, depuis la dernière fois, avait placé la statuette de l’Enfant Jésus dans la mangeoire – mais c’est l’âne qui captiva l’attention de la fille, et elle tendit le bras pour lui caresser l’oreille et en chasser la neige.
« S’il n’est pas adorable » dit-elle
- Nous n’avons plus beaucoup de chemin à faire, lui assura Furlong. Nous sommes quasiment à la maison. «
Alors qu’ils continuaient d’avancer et rencontraient d’autres gens connus ou inconnus de Furlong, il en vint à se demanda à quoi bon être en vie si l’on ne s’entraidait pas. Etait-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s’opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ?
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Before long he caught hold of himself and concluded that nothing ever did happen again; to each was given days and chances which would’nt come back around. And wasn’t it sweet to be where you were and let it remind you of the past for once, despite the upset, instead of always looking on into the mechanics of the days and the trouble ahead , which might never come.

Bientôt, il se reprit et conclut que plus rien ne se répétait, jamais ; chacun recevait des jours et des chances qui ne reviendraient pas. Et n'était-ce pas agréable d'être là où l'on était , se laissant se rappeler pour une fois le passé , malgré les aléas , au lieu de toujours regarder la mécanique des jours et les problèmes à venir, qui pourraient ne jamais survenir.
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Comme il se sentait presque grand et léger à marcher avec cette fille près de lui et une noie fraîche, nouvelle, inouïe dans le coeur. Etait-ce possible que le meilleur aspect de lui-même soit en train de resplendir, et d'émerger ? Une part de lui-même, quel que soit le nom que l'on puisse lui donner, s'emballait, il le savait. Il était indéniable qu'il le paierait, mais jamais dans toute son humble vie il n'avait connu un bonheur semblable à celui-ci, pas même lorsqu'il avait reçu dans ses bras ses filles nouvelles-nées et avait entendu leurs pleurs.
Le pire était encore à venir, il le savait. Déjà il devinait l'océan de problèmes l'attendant derrière la prochaine porte, mais le pire qui aurait pu se produire était aussi déjà derrière lui : la chose non faite, qui aurait pu l'être - avec quoi il aurait dû vivre jusqu'à la fin de ses jours.
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Où était son père maintenant ? Parfois, il se surprenait à examiner des hommes plus âgés, à essayer de trouver une ressemblance physique, où à guetter un indice dans les choses que les gens disaient. Assurément quelqu'un de la région savait qui était son père - tout le monde avait un père - et il paraissait improbable que personne n'ait jamais dit un mot à ce sujet en sa présence, car les gens ne manquaient pas, il le savait, de révéler ce qu'ils étaient et ce qu'ils avaient dans la conversation.
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Depuis peu, il avait tendance à se figurer une autre vie, ailleurs, et se demandait si ce n'était pas quelque chose dans son sang : ne se pouvait-il pas que son propre père ait été l'un de ceux qui avaient fichu le camp, soudain, et pris le bateau pour l'Angleterre ? Cela semblait à la fois approprié et profondément injuste qu'un pan aussi large de la vie dépende du hasard.
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Claire Keegan & Camilla Grudova in conversation with Sinéad Gleeson
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