Mon regard se perd dans le sien. Jamais de ma vie je n’ai désiré quelque chose aussi fort.
Je pose ma main sur la sienne, qui actionne toujours le levier de vitesse.
- Merci d’être venu avec moi.
Il hoche la tête.
- Merci de m’avoir emmené.
Demain, nous aurons notre soirée en tête à tête. Je ne pourrai pas éviter d’être seule avec lui.
Il souffle bruyamment, hoche la tête, et me serre contre lui. Nous nous faisons nos adieux et il me relâche.
Il me faut alors toutes mes forces pour lui tourner le dos et sortir de la pièce.
-Des lèvres qui donnent envie de se jeter dessus. Ah oui ! Il m’a léchée.
-Pardon ?
-Discrètement. Il a embrassé le dos de ma main, mais j’ai senti sa langue. Ça m’a fait crépiter la peau. Comme si on jetait de l’eau dans une poêle brûlante.
-Ouuuuuuh. Ça c’est le genre craquant, qui fait monter la température. Continue ! Et son cul ?
Sadie ferme les yeux comme si elle était en train d’imaginer l’homme que je décris.
-Bien ferme et rebondi.
-Ses bras ?
-Il portait une chemise, alors je n’ai vu que ses avant-bras.
Les yeux toujours fermés, elle m’encourage.
-OK, alors ils étaient comment ?
-Masculin, sexy.
-Et sont torse ? poursuit-elle, le timbre voilé.
-Large. Des épaules musclées. La taille mince.
Sadie ouvre brusquement les yeux et je me demande ce qui a bien pu interrompre son fantasme, dans ma description.
-Quoi ?
-Mais s’il existe, comment se fait-il que tu sois encore ici ?
Je me mets à rire – puis je me souviens. Je m’appuie contre le dossier en soupirant.
-En plus, il m’a invité à dîner.
-Et ?
-J’ai refusé.
-Pourquoi ?
-Tu sais bien ! Le contrat !
-On se fout du contrat, bordel !
Pendant une bonne partie de la réunion, je rêvasse et mes pensées retournent sans cesse à la même personne : Cooper.
— Jessica. Cette petite chose blanche qui lui sert de maillot va attirer l’attention de Flynn, c’est certain. Ils sont vrais, à ton avis ?
— Ses seins ?
— Ouais.
— Alors là, sûrement pas !
Nous fixons toutes deux la reine des abeilles. Les minuscules triangles de son haut de maillot s’efforcent de contenir la masse débordante de ses atouts et peinent à recouvrir ses mamelons.
Je baisse le nez sur mes bonnets C (presque). Ils sont certes impertinents, mais par rapport à ceux de Jessica… Nous ne jouons pas dans la même cour.
J’éclate pourtant de rire.
— Rappelle-moi de ne jamais me tenir à côté d’elle quand on est en maillot.
— Toi ? s’exclame Ava en regardant sa poitrine, puis la mienne. Allô ? Moi, je ressemble à un garçon !
Je n’avais pas remarqué mais, en effet, à côté d’elle, j’ai le décolleté généreux.
— Alors je vais me poster à côté de toi !
Ava m’éclabousse en souriant.
— Comment ça se passe, chez Mile High ? Je lance la question avec prudence, sachant qu’elle est particulièrement délicate. Un an après le décès de notre père, nous nous sommes partagé l’affaire familiale, une légendaire société de production de cinéma. J’ai choisi de suivre le chemin de notre père, qui avait fait de Montgomery Productions un nom courtisé par tous les acteurs et réalisateurs dignes de ce nom. De son côté, au contraire, Miles a estimé que le moment était venu de voler de ses propres ailes. Plongeant dans les eaux troubles de la téléréalité, il a lancé sa première série, Stripped. Il ne comprend toujours pas comment cette première saison – qui suivait une collection de strip-teaseuses affublées de faux seins énormes – a pu faire un tel flop. Incapable d’accepter cet échec, il a passé les cinq dernières années à tenter de prouver qu’il pouvait atteindre les plus hauts sommets et devenir le roi de la téléréalité. Ce faisant, il a pratiquement dilapidé son héritage.