Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien

Récit polyphonique dans lequel l'auteure propose une autre lecture de la parabole du fils prodigue. Très bien construit, l'ouvrage est introduit par le texte biblique tiré de l'Évangile de Luc suivi du récit à la première personne avec alternance des personnages et se termine avec quelques pages de réflexions autour de la parabole. A travers les pensées de chaque narrateur - le fils, le père, la mère, le frère, le serviteur et l'Ange - on plonge dans la complexité de l'âme humaine. L'écriture est proche de la prose poétique qui n'est pas sans rappeler le Cantique des cantiques. Ce qui est intéressant dans cette parabole et la narration proposée par l'auteur, c'est l'ouverture à une pluralité de lecture. D'aucuns y verront un texte sur le repentir et le pardon, d'autres une recherche vers relation pacifiée en famille... On peut y lire une interrogation sur la perte de foi, sur la perdition de l'âme dans ce monde terrestre, sur l'égarement de l'homme dans la société individualiste et consumériste, Jacqueline Kelen propose une réflexion sur la liberté. Partir comme un enfant, découvrir, vivre, dépenser ses richesses - argent et talents - et se perdre jusqu'à l'humiliation, puis dans un grand bouleversement saisir l'essentiel -que nous sommes aimés -, et revenir en fils - non pas humilié et repentant mais reconnaissant - riche de cet amour inaltérable.

Intriguée par ce titre, j'ai ouvert ce livre qui est une relecture de la parabole de l'enfant prodigue de l'évangile selon saint Luc.
Selon une pratique que l'on retrouve dans certains de ses écrits, Jacqueline Kelen reprend un texte ou une oeuvre très connu et, en donnant la parole aux différents acteurs, présents ou supposés dans la parabole originelle, nous aide à entrer en profondeur dans ce texte qui a traversé deux millénaires et nous ouvre des perspectives nouvelles. Vous croyiez connaître parfaitement cette péricope? Avoir tout entendu à son sujet? Prenez ce livre, pas trop vite, dégustez-le avec délectation et vous verrez, vous sentirez les personnage prendre vie, prendre chair et surtout, sortir d'une lecture trop vite moralisante.