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EAN : 9782710329046
140 pages
La Table ronde (01/02/2007)
5/5   1 notes
Résumé :
Pourquoi, dans la religion catholique, les femmes sont-elles toujours silencieuses, effacées et dévouées ? Pourquoi ne sont-elles pas autorisées à prêcher dans les églises, comme le fit au douzième siècle Hildegarde de Bingen ? Pourquoi leur parole inspirée, leurs élans mystiques passent-ils pour suspects, alors qu'au cours de l'histoire chrétienne de grandes figures telles que saintes Geneviève, Brigitte de Suède et Catherine de Sienne furent consultées et louangée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans cet ouvrage, Jacqueline Kelen interpelle le pape Benoît XVI. Elle le fait tout en finesse, reprenant les textes même du magistère, elle propose une méditation magnifique sur le féminin transcendant, loin des fadeurs du New Age. Elle poste également des questions profondes.
A aucun moment, elle ne tombe dans le piège d'opposer l'homme à la femme. Elle ne cesse d'éclairer cette alliance première et ultime, notre propre nature, déniée par une culture religieuse ou non, mais en tout cas profondément aliénante. Ainsi, "telles deux colonnes de feu", côte à côte ou face à face, la femme offre le visage divin de la beauté, de l'amour et de la liberté, tandis que l'homme représente la force, la justice et la vérité de Dieu.
Ces charismes différents sont appelés à s'unir pour refléter l'Alliance entre Dieu et l'humanité.
Ecris sous le signe de Myriam, ce livre, s'il n'est pas lu par le pape, chantera tout du moins aux oreilles du coeur un hymne salvateur à la liberté de l'Esprit.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je tiens à revenir sur deux écrits précis de Jean-Paul II concernant les femmes : la Lettre du Pape Jean-Paul II aux femmes, du 29 juin 1995, et surtout, beaucoup plus développée, la lettre apostolique datée du 15 août 1988 et intitulée Mulieris dignitatem (traduite en français sous le titre La Dignité et la vocation de la femme).

À la lecture de ces deux textes du siècle dernier qui reflètent encore, je le crains, la mentalité du clergé actuel, j’ai été effarée autant qu’irritée par la conception paternaliste, lénifiante et condescendante, qui est celle de votre prédécesseur à l’égard des femmes : celles-ci sont cantonnées dans le service et les tâches subalternes, leur vocation est un dévouement total et muet, elles ont à s’oublier entièrement au fil des jours afin de s’occuper des malheureux et d’éponger les misères du monde… Telle est leur « maternité spirituelle », cette sollicitude envers « les plus démunis : les orphelins, les vieillards, les enfants, la jeunesse, les prisonniers et, d’une façon générale, les personnes marginalisées ». On pourrait continuer la liste, les bancals, les demeurés, les pustuleux, etc., la femme est si bonne pour eux, et elle n'est bonne qu’à ça…

Cette vocation misérabiliste concédée à la piétaille féminine, cette abnégation sacrificielle auréolée de pseudo-sainteté font froid dans le dos : au nom d’une étrange interprétation de la caritas, combien de femmes intelligentes et fortes sont bâillonnées et asservies ! Où est la dignité des femmes dont l’« originalité », la « richesse », les « charismes » invoqués par le Pape mais jamais précisés consistent à demeurer des aides compatissantes, de pieuses subordonnées ? Ah oui, Jean-Paul II peut, en juin 1995, clamer son merci aux femmes du monde entier : qu’elles continuent de se dévouer inlassablement et dans l’ombre, mais surtout qu’elles ne parlent pas et ne prétendent à rien de plus que de servir ! Tant que, religieuses ou laïques, elles feront ce « don désintéressé d’elles-mêmes », les hommes garderont le pouvoir spirituel et s’occuperont de choses sérieuses comme la doctrine, les Écritures…

[…]

Au fond, Jean-Paul II n'est pas persuadé de la grandeur féminine, la Vierge Marie constituant la seule exception. Il se dévoile au détour d’une phrase. Évoquant les diverses femmes que Jésus rencontra durant sa vie (toutes malades, contrefaites, impures et adultères, bien sûr), le Pape ajoute avec candeur : « Le Christ parle aux femmes des choses de Dieu et elles le comprennent, dans une réceptivité authentique de l’esprit et du cœur, dans une démarche de foi. » Oui, elles le comprennent, malgré leur intelligence limitée, leur inculture et leur frivolité… Puis le Pape rappelle la « transmission par le Christ de la vérité divine aux femmes », mais il n’envisage même pas que la transmission de la Bonne Nouvelle puisse passer par elles. Tout au plus, elles feront de nos jours le catéchisme aux petits. Mais jamais la femme n'est destinée à se tourner vers des hommes bien portants, intelligents, ni à converser avec eux, à les enseigner, à les éclairer, ainsi que fit Catherine d’Alexandrie avec les philosophes de son temps.

Or, je le pense sincèrement, notre siècle a davantage besoin de prophétesses, de femmes éveillées, de mystiques au cœur brûlant, que de dames de charité et de braves religieuses. Le dévouement de ces dernières est souvent admirable, mais ce n'est pas l’unique forme de sainteté réservée aux femmes ni la seule manifestation de leur dignité.

Une femme libre ne peut plus se contenter de cette « charité » délétère, suspecte, qui a pour effet certain de l’arrimer à la terre, au corps défaillant et malade, aux souffrances du monde. Elle ne peut plus accepter cette conception morbide d’une « charité » où elle doit s’oublier et se faire oublier. Elle n’en peut plus de tout le pathos et de tout le pathologique qui s’attachent à la sainteté féminine selon le catholicisme et qui, loin de conférer dignité humaine et fierté spirituelle, conduisent au mépris de soi et à l’abaissement de l’âme. Elle, elle se sent faite pour clamer la Lumière, la Beauté, la Joie, l’Amour, la Liberté. Pourquoi refuse-t-on son chant ?
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Ayant pour Royaume la Beauté et l’Amour pour Sacerdoce, la Femme ne se préoccupe pas en premier des structures et des dogmes, mais elle est attentive à la qualité des gestes, des présences, des moindres choses. Pour elle, la beauté ne réside pas dans le pompeux ni le monumental, mais transparaît dans la simplicité, dans la justesse de l’accord, dans ce qui résonne entre monde humain et monde céleste. Ainsi, la magnificence divine peut se révéler au cœur d’une fleur ou dans le regard de bonté d’un animal.

La Beauté enjoint à une constante attention à la vie dans ses plus humbles manifestations et elle invite à toutes sortes d’égards. Elle donne à qui la perçoit un esprit de délicatesse, le sens de la louange et de la bénédiction. […]

Une femme accomplie est aussi prêtresse d’amour, Socrate le savait qui, dans le célèbre Banquet, s’efface pour laisser parler Diotime sur ce profond sujet. Éveillant le printemps dans le cœur de l’homme, elle lui donne le goût d’aimer et le garde de tomber dans la dureté, la froideur ou la barbarie. Telle la Dame courtoise – à laquelle en leur temps un Bernard de Clairvaux et un François d’Assise ont rendu hommage –, elle ravive le courage et l’ardeur, le lyrisme et l’honneur, et son amour invite à la grandeur, à un perfectionnement incessant, et le revêt de noblesse autant que de tendresse.

En sa fonction sacerdotale, la Femme a pour mission de témoigner de la puissance infinie, éternelle, de l’Amour qui œuvre en tout. Elle rappelle aussi que sans la Mystique la Théologie se refroidit jusqu'à devenir un système de pensée, un corpus doctrinal ; que l’Intellect est pauvre et limité, qu'il retentit comme une cymbale solitaire s’il ne s’allie pas à l’Amour ; et qu'il n’est de savoir véritable sans l’assentiment du Cœur.

La vision du Cœur met le jugement au large, et mène au large la raison. Grâce à une amoureuse intelligence, la Femme accorde bienveillance et sollicitude au animaux, aux arbres, à tout ce qui vit, autant qu’aux êtres humains. […]

Enfin, en qualité de prophétesse, elle va librement, sans dépendre du siècle ni des modes, et sa tâche est de libérer les êtres peureux, les esprits captifs – et ils sont légion. Elle a à délivrer une parole qui ne se conforme pas au goût du temps, à l’attente d’un public, mais qui se réfère à ce qui ne passe pas, aux valeurs éternelles. Cette parole qui ne lui appartient pas et qui s’adresse à tous allie rigueur et douceur, fermeté et joie. Elle n'est ni prédiction ni réponse oraculaire, mais révélation. Et elle prépare l’avènement du Règne de Dieu.

Si la fonction prophétique de la femme accomplie est de faire souffler la Liberté, c'est en raison de la caractéristique essentielle de l’Esprit qui réveille en chacun une liberté immense, indestructible, inouïe, qui rend tout possible.
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Une réflexion de grande ampleur doit concerner tout le domaine de l’eros, banni ou suspecté par la religion catholique au profit de l’agapê ou caritas, mais dont témoignent les plus grands mystiques. Il serait profitable de relire ce que Platon a dit sur ce noble sujet : l’eros n’entraîne pas nécessairement la débauche, la satisfaction des instincts, l’avilissement de l’individu, mais il est élan vers la Beauté, vers l’impérissable, il se révèle désir d’immortalité. Cela demande une ascèse fervente, qui permet l’essor de la Mystique autant que la célébration de la Fin’ Amor. Il serait précieux également de se souvenir que des auteurs spirituels d’envergure ont invoqué, aux siècles ardents et jeunes du christianisme, une « violente charité » ainsi que la décrit au XIIe siècle Richard de Saint-Victor, ou une « charité enflammée » que ravive sans cesse Bernard de Clairvaux dans ses Sermons : elle conjugue désir et amour, et ne dissocie pas l’expérience de l’amour humain des grâces du feu divin. Au VIe siècle, Grégoire le Grand affirme avec autorité : « Quiconque vit d’une foi ardente, vit de l’amour ardent du désir. » Pourquoi, au cours du temps, dans l’histoire de l’Église, en est-on arrivé à une « charité » édulcorée, réconfortante, sans vigueur, qui se manifeste principalement dans les bonnes œuvres et la pitié envers autrui ? Il paraît urgent de réhabiliter l’eros, de lui redonner place dans la vie spirituelle du chrétien : le désir inapaisé, l’amour ardent, la haute soif suscitent l’élévation de l’âme et peuvent mener aux noces mystiques autant qu’ils transfigurent un amour humain.

Ainsi, la religion catholique ne peut plus passer sous silence l’érotique qu'elle a mise à l’écart et qu'elle dédaigne pieusement. Cette érotique sacralise l’amour entre un homme et une femme et les fait participer à la joie divine. Elle peut inspirer le sacrement du mariage mais le déborde aussi, saint mystère. Il ne s’agit pas, pour l’Église d’aujourd'hui, de donner à des adolescents des cours d’éducation sexuelle, de proposer seulement une préparation au mariage ou de parler du légitime plaisir conjugal, mais d’aborder le Mystère de l’Amour qui, faisant une seule chair de l’homme et de la femme, les unit en une même lumière.

Bien que, au XIIIe siècle, l’Église de Rome, appuyée par le Royaume de France, en écrasant les Cathares, en les brûlant jusqu’au dernier, ait du même coup ruiné la civilisation courtoise et enseveli l’érotique célébrée par les dames et les troubadours, j’affirme que les chrétiens ont beaucoup (tout ?) à apprendre de la Fin’ Amor du XIIe siècle, de son code exigeant, de ses rituels raffinés, de sa mystique qui se fondant sur l’ascèse du long désir permet un accomplissement spirituel autant que charnel. Plus les chrétiens seront des « fins amants » (et non seulement des individus charitables, aimant leur prochain), mieux ils reflèteront la magnificence de Dieu, mieux ils rayonneront sur le monde. Mais, je le rappelle, la Fin’ Amor ne peut resurgir tant qu’à la Dame n'est pas restituée sa place éminente, tant que la Femme n'est pas reconnue dans sa dimension sacrée.
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Dans le monde actuel, la femme semble n’avoir d’autre choix que d’être voilée, déshabillée ou masculinisée, c'est-à-dire portant pantalon. Autant de trahisons à l’égard de la Femme, autant d’aliénations plus ou moins consenties.

Il faut bien le reconnaître, les vraies femmes n’ont pas la parole dans notre société ; elles ne l’ont que dans la mesure où leur discours est masculin ou bien imprégné de cette féminité suave qui ne dérange point. De même, dans le domaine religieux, on a le plus souvent affaire à une présence féminine effacée, docile, à des êtres asexués, ou bien à des femmes rigides, dogmatiques, qui ont emboîté le pas à l’homme. Voilà pourquoi me plaît par-dessus tout la « femme audacieuse », belle évidemment, qui survient tout à trac, hôte inattendu, les cheveux au vent, dans le bruissement parfumé de ses robes, pour tomber éperdue aux pieds de Jésus. Ni assujettie ni dévergondée, mais libre comme seul l’amour peut rendre libre.
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L’évolution de la société autant que le salut du monde ne sont pas possibles ni même envisageables si, d’une part, la femme n’accède pas à sa souveraineté spirituelle et si, d’autre part, cette souveraineté ne lui est pas reconnue. Et d'abord, les femmes ont à se verticaliser, non à se masculiniser, ni à devenir « plus féminines ». « Femmes dolentes, debout ! » lançait déjà Isaïe. Elles ont à se situer sur le plan de l’Esprit, au lieu de se contenter du psychique, de l’émotionnel et du sentimental. Elles ont à se perfectionner afin de manifester l’Esprit d’Amour, plutôt que de se cantonner dans l’aide, l’assistance, le bénévolat et les soins divers.
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Vidéo de Jacqueline Kelen
https://www.laprocure.com/product/1082622/kelen-jacqueline-le-temps-de-la-bonte-le-livre-de-tobit

Le Temps de la bonté : le livre de Tobit Jacqueline Kelen Éditions du Cerf

« À vrai dire, depuis des années, ce récit que l'on date du troisième siècle avant notre ère, ce livre me fait rêver, me questionne, m'enrichit. On a entendu parler de Tobit, père et fils. Il y a une histoire de poisson. On se souvient plus ou moins. Il y a le petit chien aussi qui fait partie de l'aventure. On se doute que ça finit bien. Peut-être que l'on sait que l'ange Raphaël qui est très présent dans le récit, puisque c'est le guide du jeune homme vers la lumière, vers la renaissance spirituelle... »

Jacqueline Kelen, pour la librairie La Procure
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