Selon plusieurs sources, le pseudonyme
Dominique Henri Keller serait celui de Francois Richard, le directeur du Fleuve
Noir, qui lançait alors cette nouvelle collection Angoisse. Publié en 1955, "
L'aile de l'abîme" est un récit de vengeance, empruntant au roman
noir et avec quelques touches de fantastique, notamment le contrôle d'autrui. le scénario est solide, écrit comme pour un film
noir des 50's, le style fonctionnel et âpre. La première scène dans le cimetière est un petit modèle d'efficacité. Nous suivons le personnage principal, Sadan, dont le "d" pourrait être très bien remplacé par un "t". Sans aucune empathie, machiavélique, il a tout du psychopathe qui jouit des souffrances de ses victimes. Trahison du meilleur ami, tortures, manipulations ; la fin justifie les horribles moyens. Comme chez
Hitchcock, on se surprend parfois à espérer la réussite de cet anti-héros. Cependant les cadavres s'accumulent et le malaise s'accroît. D'une
noirceur et d'une froideur remarquables, ce roman n'a jamais été réédité, peu ou pas commenté. A noter, une illustration saisissante de
Michel Gourdon.