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Critique de leolechat


Sommes-nous libres de choisir et de décider de nos actes ou au contraire, ne somme-nous que de simples pantins entièrement conditionnés ?
La souveraineté de la volonté est-elle un leurre ou une réalité ?
La notion de libre-arbitre est un concept sur lequel ont débattu de nombreux philosophes, d'Aristote à Nietzsche, et c'est autour de cette notion que Jesse Kellerman a construit son nouveau roman "Beau parleur", faisant de son personnage central un étudiant en philosophie passionné par les théories existentialistes.

L'auteur a choisi de situer l'intrigue à l'université d'Harvard, à Cambridge, où il a lui-même poursuivi ses études de philosophie. Joseph Geist, le narrateur, est un étudiant pauvre dont les maigres possessions se résument en quelques ouvrages universitaires, un ordinateur portable, sa thèse inachevée sur le libre-arbitre et un serre-livres représentant une ébauche imparfaite et grossière de la tête de Nietzsche, dénichée sur un marché aux puces.
Par une froide soirée d'hiver, sa petite amie le jette dehors sans ménagement. Hébergé provisoirement par un ami, Joseph comprend qu'il va devoir très vite trouver une solution afin de mettre fin à cette situation inconfortable. En quête d'un emploi, il parcourt les petites annonces quand une curieuse offre retient son attention : "Interlocuteur souhaité pour heures de conversation..."
Le dépositaire de l'annonce s'avère être une piquante octogénaire à la conversation érudite. Autrichienne de naissance, cette célibataire éprise de liberté a étudié la philosophie avec les plus grands et parcouru le vaste monde avant de faire de Cambridge son port d'attache. Ils s'entendent immédiatement et Joseph est engagé sur-le-champ, la vieille dame lui proposant même l'hospitalité dans sa splendide demeure. Joseph qui a connu une enfance difficile savoure le confort que lui procure sa nouvelle vie et se prend très vite d'affection pour Alma qui devient pour lui la parente de substitution dont il a toujours rêvé. La vieille dame, de son côté, trouve en lui l'interlocuteur idéal avec qui débattre autour des sujets qui l'ont toujours passionnée. Seule ombre au tableau, une névralgie du trijumeau qui provoque épisodiquement chez Alma de violentes céphalées l'obligeant à s'aliter.
Leur belle complicité va malheureusement se retrouver contrariée par le retour d'Éric, le neveu d'Alma, un jeune homme paumé, uniquement intéressé par la fortune considérable de cette dernière. Celui-ci voit d'un très mauvais oeil les liens qui se sont tissés entre Alma et Joseph. Il craint d'être dépossédé de l'héritage tant convoité par celui qu'il considère comme un intrus. Il va dès lors, tout tenter pour faire main basse sur la fortune de la vieille dame, allant jusqu'à proposer une alliance à Joseph afin de mettre en oeuvre un plan machiavélique.
Jusqu'où Éric est-il prêt à aller pour assouvir sa cupidité ? L'affection que Joseph voue à la vieille dame sera-t-elle plus forte que l'appât du gain ?


Déjà sous le charme de la plume de l'auteur avec son premier roman "Les visages", je suis littéralement conquise par ce dernier. A l'instar des maîtres du thriller psychologique que sont Ruth Rendell, Henning Mankell ou Elisabeth George (je pense à "Anatomie d'un crime", notamment), l'auteur nous livre une intrigue retorse, glaçante et diablement bien maîtrisée.
Dans la première partie du roman, le narrateur nous livre peu d'éléments sur sa personnalité, il nous relate surtout son enfance meurtrie et sa lutte acharnée pour réussir à se démarquer d'un environnement dont il se sent étranger. C'est dans la seconde partie que tout s'accélère, on voit alors émerger la personnalité complexe du narrateur qui se dévoile avec de plus en plus de facilité, jusqu'à se livrer sans restriction à son lecteur. le récit est rédigé principalement à la première personne, à l'exception de certains passages de la dernière partie du roman où la narration se fait à la deuxième personne. Joseph nous prend alors à témoin, cherchant à nous embarquer dans le fil des évènements qui s'enchaînent de manière dramatique, rendant la tension psychologique encore plus palpable.
Véritable plongée au coeur de la psyché humaine, "Beau parleur" représente pour moi la plus belle surprise de cette rentrée littéraire 2012 !

Lien : http://leslecturesdisabello...
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