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3,21

sur 135 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eternel étudiant en philosophie dont le mémoire piétine, Joseph se fait finalement "remercier" par sa directrice de thèse, et virer par sa petite copine. Après quelques jours de galère à squatter chez des copains, il trouve un job qui lui convient parfaitement : discuter philo avec une octogénaire érudite et fort sympathique.

Il faut attendre très longtemps - la moitié de l'ouvrage - avant d'entrer véritablement dans un thriller ou tout au moins un roman à suspense. On se demande longuement d'où va venir la menace, tout semble si paisible et harmonieux... Mais qu'importe, car le début est très plaisant : le thème du libre-arbitre et les réflexions de Joseph sont passionnantes, ainsi que les échanges entre la vieille femme et le jeune homme, empreints de tendresse.

Une fois le suspense installé, on baigne dans une ambiance hitchockienne, qui rappelle le Horla de Maupassant : la paranoïa croissante de Joseph, sa sensation d'être observé et/ou de s'empêtrer dans ses élucubrations rend le récit délicieusement angoissant.

La fin m'a cependant déçue : après bien des surprises (qui ne tombent jamais dans les effets spectaculaires, ce qui est très bien), on arrive finalement sur un sombre rebondissement somme toute banal. Reste le propos en filigrane, qui fait la force et l'originalité de l'intrigue : le paradoxe entre les mésaventures de Joseph et ses théories sur le libre arbitre...

Encore de bons moments de lecture grâce à Jesse Kellerman, dont le chef-d'oeuvre reste pour moi Les visages. Ce livre m'a donné envie de découvrir le (vieux) roman Harold et Maude (Colin Higgins)...
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Voici le troisième roman de Jesse Kellerman que je lis après avoir découvert l'auteur en 2008 chez Sonatine. Et il m'avait littéralement scotchée avec les Visages sont premier roman. Il faut dire que chez Sonatine on a souvent eu la primeur de grandes révélations et Kellerman fait partie de ses nouveaux talents découverts. Depuis il a changé de maison d'édition. Mais heureusement pas de traductrice.
Mais alors que nous raconte ce « Beau parleur »
La vie de Joseph Geist change le jour où il est employé par une vieille dame, Alma Spielmann, pour lui faire la conversation. Joseph s'entend parfaitement avec elle et s'installe même dans sa demeure. Mais Eric, le neveu d'Alma, jeune homme énigmatique et manipulateur, commet des actes qui ne seront pas sans conséquences sur la vie de Joseph.
Alors j'ai aimé les conversations entre Joseph est Alma. Il faut dire que si Joey est du genre velléitaire, il est beau parleur et pour cette éternel thésard en philosophie, la dialectique et la rhétorique n'a pas de secret.
On va apprendre à mieux connaitre Joey, on le découvre peu à peu et il a tout du anti-héros. Lui qui a fait du libre arbitre le sujet de sa thèse et plutôt un homme qui subit sa vie. Il n'est pas au premier abord un type sympathique ce qui le rend humain heureusement c'est son humour et son autodérision dans il ne se départit jamais.
Et puis il y a Alma, une octogénaire que l'on aurait aimé avoir pour grand-mère. On découvre son passé viennois lui aussi douloureux. On aime tout en elle, son érudition, sa gentillesse, son optimiste. Elle aussi a étudié la philo tout comme notre auteur d'ailleurs qui a été étudiant à Harvard, là où il situe ce roman dans la ville américaine de Cambridge, ville de l'agglomération de Boston.
Et dans toute la première partie de cette histoire on va apprendre à connaitre nos protagonistes. L'auteur nous offre là un parfait roman psychologique. Et puis tout bascule avec l'entrée en piste d'Éric, le neveu d'Alma qui vient voir sa tante en espérant un gros paquet de fric pour continuer son compter sa vie oisive et dépravée.
Éric que Joseph prend on grippe au premier regard. Et là je ne vous en dirai pas plus, juste que tout dérape et peut-être aussi vous parlerai-je de la paranoïa furieuse de Joey. C'est tout ce que vous devait savoir car d'un coup le récit prend un autre tournant et tout s'emballe. Petit bémol peut-être la fin est sans doute trop vite amenée. (Ce qui explique la note de 4 sur 5. D'ailleurs j'aurai même pu mettre 4,5) Car ça reste drôlement bien fait. On est bien loin des polars calibrés habituels.
J'ai aimé ce petit coté hitchcockien que prend l'intrigue. L'angoisse monte crescendo. L'atmosphère devient plus oppressante. La tension est palpable, la violence qui en résulte aussi.
Et puis il faut souligner l'écriture plutôt très littéraire de l'auteur et son style indéniablement hors pair. Une nouvelle fois c'est du beau travail et à n'en pas douter Jesse Kellerman est l'un des écrivains de romans à suspense les plus talentueux de sa génération.

Lien : https://collectifpolar.com/
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Interlocuteur souhaité pour heures de conversation.

Pas sérieux s'abstenir.

Appeler au xxxxxxxx

Pas de démarcheurs SVP.



Une petite annonce à laquelle il ne me déplairait pas du tout de répondre, puisqu'elle attiserait tout d'abord ma curiosité. Et puis, être payé pour faire la conversation, quel rêve, cela ne semble pas bien compliqué, et si c'est tout ce qu'on demande…

Ce sont à peu près les réflexions que se fait Joseph Geist quand il tombe sur cette annonce dans le journal d'Harvard. Pour lui, une aubaine ! Parler, ça, il fait faire, et même très bien, trop parfois, puisque Joseph est un « beau parleur ». Parler en effet, philosopher aussi puisque c'est la discipline qu'il a choisie pour ses études, ça le connait. Et ça l'empêche de regarder de trop près son parcours, de s'y pencher et l'analyser. Car Joseph est dans une mauvaise passe. Sa thèse commencée des années lumière plus tôt n'avance pas d'un iota, on dirait même qu'elle recule. Certainement la faute de sa directrice de thèse qui le déteste et fait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues, et vient notamment de lui couper tout subsides et de le virer de l'université…

Sa vie privée est au même point mort. Sa petite amie Yasmina vient de le ficher à la porte sans sommation et il doit squatter chez son copain Drew, partant comme un malheureux avec ses maigres possessions : un pauvre sac contenant ses affaires et serre-livre en bronze ramené d'un voyage à Berlin que détestait son amie : un buste représentant la moitié gauche de la tête de Nietzche auquel il tient farouchement et dont il ne veut pour rien au monde se séparer.

Joseph n'a plus d'amis, ou si peu, et ne veut pas s'abaisser à un travail alimentaire et a, on peut le dire, une très haute estime de lui-même. Autant de raisons qui font qu'il est ravi de faire la conversation avec Alma Spielmann, un job qui n'en n'est pas vraiment un. Cette vieille dame s'avère être absolument charmante, bien élevée et érudite. Comble de bonheur, elle est aussi férue de philosophie et a même écrit une thèse il y a des années ! Il semble donc que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer et c'est avec plaisir que le jeune homme plus si jeune que ça accepte au bout de quelques temps son offre de venir habiter chez elle – en tout bien, tout honneur. Dommage qu'il y ait ce neveu étrange et désagréable que Joseph déteste au premier regard, qui vient régulièrement rendre visite à sa tante puis lui soutirer de quoi vivre, fumer, boire et continuer une vie oisive et très certainement dissolue. Dommage également que Joseph soit obligé de croiser chaque semaine la femme de ménage toujours aussi désagréable qui semble prendre un malin plaisir à faire vrombir l'aspirateur dans ses oreilles…

Malgré le confort de la vieille maison, le froid mis à part, et la délicatesse de la vieille dame, Joseph n'arrive toujours pas à se remettre au travail sur sa thèse qui stagne, stagne… La philosophie qui le passionne semble ne pas beaucoup l'aider dans son quotidien, où il passe plutôt son temps à végéter et se plaindre, plutôt que de prendre sa vie à bras le corps. Certes, il est inquiet de la santé déclinante d'Alma, il aimerait aussi que Yasmina tente un rapprochement, mais le libre arbitre étudié dans les livres, et sujet de sa thèse, reste complètement abstrait et c'est un homme balloté de-ci de-là qu'on découvre, sans ambitions concrètes, bouffi de rêves et illusions, un type pas très sympathique ni agréable, mais dont le lecteur suit cependant avec passion les déboires et aventures.

Là est à mon avis un des grands talents de l'auteur qui arrive à nous passionner alors que, avouons-le, il ne se passe quasiment rien dans la première partie du livre, qui m'a semblé plutôt longue quand on revient sur tout le passé de Joseph, son enfance et ses relations avec sa famille, ses parents et son frère. C'est pourtant là qu'on comprend, on s'en rendra compte après, le pourquoi de son caractère. On aurait envie de lui botter les fesses, de le bousculer, mais on ne lâche pas, parce qu'on sent qu'une tension monte insidieusement dans la grande maison d'Alma, et qu'à la fin, il va bien se passer quelque chose, et que ce quelque chose ne pourra pas être vraiment rose… Ce roman n'est à mon sens pas un thriller au sens où on l'entend généralement, mais plus un roman psychologique, et en tout cas, pas du tout le page-turner annoncé. Ne vous fiez donc pas à l'exergue du Daily Mail en 4ème de couv : "Une menace latente à chaque page, comme dans les meilleurs Hitchcock !", car elle est fausse, au moins pour toute la première partie du livre. J'ai personnellement beaucoup apprécié les digressions philosophiques, qui m'ont ramenée à une époque ou j'étais passionnée par cette matière. le roman permet également une intéressante réflexion sur le libre-arbitre, on l'a vu, et sur la liberté.

Le grand avantage de Joseph Geist est sa capacité à l'autodérision, sans quoi il serait vraiment insupportable. Il est relativement conscient de ses faiblesses et défauts, bien qu'il ne fasse rien pour y remédier, sauf dans ce fameux chapitre où tout bascule. Car oui, il y a bien un chapitre où tout bascule, et où le roman devient (enfin) un thriller. D'ailleurs la narration le marque bien, puisqu'on passe du « je » narratif au « vous », une distanciation dont le héros (anti-héros ?) a probablement besoin pour raconter l'irracontable.

Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Après avoir dévoré (et être restée un peu mitigée) "Les visages" de Jesse Kellerman, j'ai enchaîné avec "Beau parleur".

Une des premières choses qui m'a sauté aux yeux (surtout en lisant entretemps le résumé de "Jusqu'à la folie", que je comptais lire juste après "Beau parleur") est que la trame de départ, de construction même, de ses romans semble être toujours la même pour Jesse Kellerman : il choisit un héros, assez banal (du moins au début de l'histoire), spécialisé dans un domaine (art, philosophie, médecine...), et le place dans une situation qui va peu à peu l'obséder, le torturer psychologiquement au point de le changer profondément. C'est bien sûr plus ou moins le schéma type de bon nombre de romans, mais chez Kellerman, c'est très (trop ?) net. Presque trop scolaire. Ca n'enlève rien à la qualité de ses récits par ailleurs, et c'est peut-être le problème d'avoir enchaîné sans répit la lecture de ses différents romans, mais c'est toutefois un point qui m'a interpellée et un peu dérangée.

Mais passons, là n'est pas l'essentiel de la critique de cet ouvrage.

Car en plus, très sincèrement, j'ai adoré ! Plus encore que "Les visages" (pourtant pas mal dans son genre, quoique inachevé à mes yeux), "Beau parleur" m'a séduite par son cadre (la demeure, les ambiances...), par le récit de ce jeune homme qui choisit de converser avec cette vieille dame. Peu commun, intriguant, on est quasiment dans un huis-clos, et moi qui adore cela, j'ai été délicieusement servie !

Bien sûr, on sent venir le drame de ce récit, le noeud du problème. Mais ça n'empêche pas le lecteur de suivre avec empathie chaque émotion du héros. Et chapeau bas pour le style de Kellerman quand son récit passe soudainement de la première à la troisième personne sur une scène cruciale : le choix est pertinent, efficace, et marque les esprits.

J'ai été vraiment emballée par ce récit, qui garde en haleine, joue avec le bon dosage sur nos nerfs... mais une fois de plus, quelle déception que cette fin ! J'en attendais plus de subtilité, et surtout une meilleure trouvaille (purement psychologique) : là, on a l'impression que Kellerman a choisi la facilité, et je trouve cela très dommage, d'autant qu'il tenait un véritable ressor narratif, puissant et oppressant, avec la culpabilité que ressent son héros (il aurait dû jouer là-dessus jusqu'au bout).

Ce roman est donc dans l'ensemble un excellent récit, qui peut plaire pour son ambiance et la profondeur psychologique de son héros, ainsi que pour son récit bien ficelé... mais qui peut décevoir pour sa fin malheureusement pas aussi aboutie que le reste de l'ouvrage.
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Ce thriller psychologique est original aussi bien dans l'histoire que dans le style. L'intrigue se met en place très progressivement et je me suis laissée surprendre par le déroulement.Je ne m'attendais pas du tout à cela. la quatrième de couverture y est sans doute pour quelque chose ...
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Etudiant attardé, Joseph Geist est une sorte de parasite , vivant aussi bien aux crochets de sa petite amie Yasmina qu' aux dépens des services boursiers de la prestigieuse université d' Harvard sous le prétexte de la rédaction d' une thèse de philosophie aussi laborieuse que nébuleuse.Sa supercherie finissant par lasser tout le monde, il se retrouve brusquement déclaré persona non grata, livré à lui-même et contraint de consulter les offres d' emploi.La chance semble lui sourire car Il décroche d' emblée le jackpot : nourri, logé et rémunéré en échange de conversations érudites avec Alma, une octogénaire férue de philosophie pour laquelle il va éprouver un véritable attachement filial. Dans ce presque remake d' Harold et Maude plein d'humour, un inquiétant neveu- seule famille de la vieille dame- va venir jouer les trouble-fêtes. A partir de là, les choses vont se gâter pour Joseph et nous assistons à sa lente plongée dans la folie. Sans parler de suspense insoutenable, ce roman, très bien écrit, offre un bon moment de lecture en dépit d' un final peut-être trop convenu.
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Quand on rentre dans ce livre on est tout de suite séduit par le style dynamique de l'auteur, un mélange de réalisme très imagé teinté d'auto dérision ; on suit avec amusement l'histoire de Joseph Geist, ce philosophe éternel étudiant fauché qui se laisse porter par la vie, alors qu'il écrit une thèse sur un sujet qui devrait pourtant l'amener à réfléchir sur ses choix existentiels: le libre arbitre. Sa rencontre avec Alma, une octogénaire érudite qui le recrute comme personne de compagnie, leurs échanges de conversation, et la naissance de leur attachement basé sur un respect mutuel est un pur régal. Jusque là on se demande pourquoi ce roman est étiqueté thriller, jusqu'à la rencontre avec Eric, le neveu d'Alma, qui va déclencher un changement radical du climat du livre. En effet de la menace à peine voilée, on plonge petit à petit dans le doute, l'angoisse, et les évènements s'enchainent de Charybde en Scylla vers une inimaginable descente aux enfers.

Mais si je veux être tout à fait honnête, la deuxième partie est pour moi moins réussie. En effet, la vitesse avec laquelle Joseph se laisse influencer par le discours malsain d'Eric manque un peu de crédibilité, tout comme la fébrilité qui s'empare de lui après le premier « accident » et le plonge dans une frénésie d'actions de réparations qui frisent parfois le burlesque. Et curieusement dans ce passage, je trouve que le style de narration dynamique qui était si agréable au début de l'histoire, dessert un peu le récit dans le sens où il s'accorde moins bien avec l'ambiance et le drame qui se joue.

L'ensemble reste cependant très agréable à lire, et ce livre réussit également à nous faire réviser de manière très plaisante quelques concepts philosophiques autres que le libre arbitre, comme le conséquentialisme ou encore le fameux existentialisme de Nietzsche, qui m'ont rappelé quelques souvenirs de mes années d'étude.
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C'est un très bon roman psychologique : Joseph le héros de cet histoire a une histoire personnelle forte liée à des circonstances assez tragiques durant son enfance et adolescence. Il va progressivement glisser d'une personne relativement ordinaire à un personnage qui semble agir d'instinct, calculateur pour protéger ses intérêts, un criminel odieux.
J'ai beaucoup aimé la fin qui prouve que la philosophie reste quelque chose d'existentiel pour Joseph.
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Encore une fois, il est impossible de classer ce roman de Jesse Kellerman dans un seul et unique genre. À mi chemin entre le thriller et le roman psychologique, Beau parleur renvoie le lecteur au même climat pesant, riche et tellement bien maîtrisé par l'auteur, que celui de son premier roman Les visages. Cependant, bien que très bien construit, j'ai trouvé ce troisième roman moins surprenant, moins noir et moins addictif. Un très bon moment de lecture tout de même.
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Tout d'abord je remercie les Éditions des Deux terres pour m'avoir confié la lecture du nouveau roman de Jesse Kellerman.
Ce roman, écrit à la première personne, est le récit de la vie de Joseph, de sa déchéance. L'auteur accorde 2 chapitres au passé de Joseph. Deux chapitres particulièrement intéressant parce qu'il nous révèle les fêlures du personnage. Après avoir planté le décor et ses personnages, nous voilà ramené au présent et à sa première rencontre avec Alma. Alma est une femme surprenante, vive d'esprit. L'intérêt pour la philosophie la lie tout de suite à Joseph. En effet, elle-même a rédigé une thèse, qui n'a jamais été publiée. Ce roman est très axé sur la philosophie et l'auteur s'est documenté. Pour ce qui est la teneur des conversations entre Alma et Joseph, elle est centrée sur le libre-arbitre notamment. Sans écrire ces dialogues philosophiques, l'auteur nous en dévoile la teneur dans les descriptions. le petit plus ici est qu'il fait référence à des concepts qu'il définit, des thèses de philosophes qu'il cite.
Assez vite, Joseph est invité à loger chez Alma. Leur proximité ne fait que s'accroitre. Si bien que l'arrivée d'un mystérieux neveu dont elle n'avait jamais parlé (Eric) sème le trouble dans l'esprit de Jospeh. Il se croit évinscé en les entendant rire aux éclats, il s'attend à être expulsé, mais il n'en sera rien. Lorsqu'il saisit la teneur de la relation entre Alma et Eric, Joseph le prend définitivement en grippe. Eric réclame régulièrement de l'argent à Alma. A partir de ce moment, je me suis dit, il va se passer un drame. Une menace latente est légèrement perceptible mais on ne sait pas d'où elle viendra. A ce moment on est à peu près au milieu du roman est le suspens ne se fait pas trop sentir. Avec l'arrivée d'Eric, la tranquillité, la quiétude du récit s'évapore, mais ne laisse pas place à un suspens à couper le souffle. L'auteur insinue les choses au fur et à mesure. Ainsi quand on apprend le décés d'Alma, que la question de l'héritage apparait et que Joseph empoche une bonne part de celui-ci. Il bascule alors dans une paranoïa, dans une sorte de folie. Il a par exemple l'impression d'être observé dans la maison. On se rend particulièrmeent compte p.210 à 216 lorsqu'il semble ivre (pas dans le sens où il est ivre d'avoir bu) à l'idée d'être propriétaire de cette maison. Sa soudaine fortune semble lui tourner la tête. Il n'arrête pas de répéter ma maison, ma ceci, mon cela. C'est plus une tension psychologique, un processus de basculement dans une folie meurtrière que décrit Jesse Kellerman ici et c'est réussi.
C'est pour cela que j'insiste sur le fait que c'est un livre différent du précédent Jusqu'à la folie, où je me rappelle avoir ressenti une tension, une menace plus palpable, plus directe. On était plus dans l'action alors qu'ici, le lecteur est plus spectateur. A un moment, la première personne est abandonné pour le deuxième du pluriel. Ainsi au lieu de dire : ce que je suis devenu en ces quelques instants me sidère, il dit "Ce que vous êtres devenu en ces quelques instants vous sidère". Il nous embarque avec lui dans cet enchaînement d'évènements, et l'effet sur le lecteur est réussi.
Dernier point important aussi, c'est la thématique du libre-arbitre, abordé lors des conversations entre Alma et Joseph, est largement développée jusqu'à la fin du roman. En effet, au regard des actes commis par Joseph, une réflexion peut s'engager sur son libre-arbitre. Est-il l'initiateur du meurtre ou bien le meurtre découle-t-il d'une suite d'évènements l'y ayant mené ? Je vous laisse vous faire votre propre jugement à la lecture de ce roman...
Lien : http://aucafelitterairedecel..
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