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Critique de LoupAlunettes


Consciencieusement, une feuille posant sur son noir puis gris de fond, la trouvaille de Calpurnia s'offre tranquillement à la postérité. le photographe prend le temps d'absorber chaque détails décrits par Bon-Papa Tate, de saisir le bon angle, il s'agit probablement d'une espèce nouvelle que cette plante-là. Une encore inconnue, une mutante selon le capitaine Walter Tate qui s'y entend ou « moutante » selon sa petite fille Calpurnia, qui suit sa voie.
Elle s'en est donné du mal, la petite Cal' de onze ans, revenant exténuée et crottée un beau soir, devant une famille irritée et attendant de passer à table.
Les yeux du Grand-Père brillaient de fierté de fierté derrière ses demi-lunes et cela, pour Cal, n'avait pas de prix ou bien cela valait tout l'or du monde.
La connaissance avait planté sa graine sous sa belle tignasse en bataille et Bon-Papa l'avait nourri, arrosé, tourné son tournesol vers une lumière toute nouvelle, excitante, vivifiante.
« La nature...ne se soucie pas des apparences, à moins que celles-ci ne soient de quelque utilité aux êtres vivants. ». Chaque chose à un ordre, une place, un sens donné ou à donner.
Calpurnia ne renonce pas.
Quel autre dessein la nature pouvait lui avoir promis que celui de repriser, de tricoter, de savoir parler du temps qu'il fait, d'enfanter et d'offrir un foyer agréable ? Personne à part Grand-Papa Tate n'a de réponse à cela.
Viola, la généreuse employée de maison qu'elle a toujours connu, ce depuis qu'elle fut capable de décréter que son frère aîné Harry était son préféré, semblait douée à nourrir, cuisiner et s'occuper des autres.
Sa mère dirigeait, éduquait de main de maître et de poigne de fer comme le ferait une maîtresse d'école soucieuse, offrant l'amour d'une mère en cadeau, s'assurant qu'aucun de ses élèves ne s'éloigne du droit chemin.
Calpurnia ne comprend pas pourquoi elle ne peut gagner sa pièce en allant exécuter une quelconque course pour son père à l'identique de ses frères, elle sait courir et retenir une tâche. Pourquoi ne peut elle pas se montrer utile à la fabrique de son père et couper le coton avec la houe dans l'ardeur et la fierté du travail familial ?
« Parce que tu es une fille...ce n'est pas correct...les choses sont ainsi faites et ordonnées» lui fait-on comprendre comme une réponse qui devait valoir son point finale.
Tout ce temps passé à devenir une demoiselle bien éduquée et bonne à marier ne l'enchante pas, l'éloigne du vieux Capitaine bourru.
Et si Grand-Papa pensait qu'elle n'avait plus goût à la science ?
Ne l'aimerait-il plus comme sa préférée ?
Pourvu qu'arrive la réponse de la Smithsonian Institution pour sa découverte et que les choses reprennent comme avant dans le petit monde de Calpurnia.

: Attention, petit bijou !
« Calpurnia » de Jacqueline Kelly a reçu le Prix Sorcière du Roman Ado 2014 !!!
Pour rappel, « Le prix Sorcières est un prix littéraire qui distingue chaque année, depuis 1986, une oeuvre de la littérature jeunesse. Il est décerné par l'ALSJ (Association des librairies spécialisées jeunesse), en partenariat, depuis 1989, avec l'ABF (Association des bibliothécaires de France). ».
Et lorsque l'on parcourt doucement le roman, on peut être ou ne pas être d'accord selon ses goûts et ses attentes, bien sûr. Toutefois, si tous ces professionnels du livre s'y accordent, ce n'est pas rien. Il y a en général de la pépite sous le sabot . Avec une joie sincère et l'espoir d'une bonne lecture contenté, nous remercions le groupe pour avoir mis en lumière cette chronique familiale délicieuse, intelligente et extrêmement tendre.
Calpurnia, dans son Amérique à l'aube du XXème siècle, nous évoque par moment une « Laura Ingalls » de la « Petite maison dans la prairie ». Elle est l'héroïne.
La grande Histoire se met au service de cette gamine attachante qui adore gambader et courir dans les champs, partir avec ses amis à la chasse aux lucioles, à celle des grenouilles, faire la course avec ses frères lorsque la maman n'a pas l'oeil dans sa direction. Dans sa petite vie, Calpurnia joue son rôle de grande soeur vigilante avec Travis et Jim Bowie, se chamaille avec Lamar et Sam Houston, jalouse les faveurs de son grand frère Harry face à ses belles écervelées dont il s'entiche facilement. Se posant dix mille questions sur le pourquoi du comment des choses, Calpurnia va trouver son « âme soeur » en la personne de son Grand-père paternel. Celui-ci sera le premier surpris de trouver là une autre soif de comprendre « pourquoi le monde est monde » et le même besoin de le marquer de sa signature. A leur insu, dans ses multiples moments partagés entre expéditions, discussions et confidences, dans la transmission, ils vont réaliser leur désir. Et ce, bien au delà de leur trouvaille scientifique.Pourquoi la vie est-elle s'y compliquée  et si « simple » parfois? Calpurnia se le demande. Malicieuse, curieuse, elle suit son petit parcours initiatique, démontant ses propres idées reçues sur la vie qui l'entoure et s'accordant à faire en sorte que la sienne soit une folle aventure, qu'elle file bien plus gracieusement dans l'air qu'un pétard mouillée, du haut de ses jeunes onze années, son raisonnement tourne autour du vrai choix. Tout semble possible. Certains détails très subtiles au fil de la lecture nous restituent les contours d'une Amérique sudiste, mais l'auteure fait abstraction des sujets inhérents et fondamentaux de l'époque, ces détails très fugaces servant surtout à poser un décor, un cadre sociologique et historique qui va donner de la valeur à la parole et aux interrogations de cette enfant.
C'est fin, frais, doux, riche et cela se savoure comme un bonbon menthe qui fond doucement sur la langue. Coup de coeur !
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