L'amertume dévore les gens de l'intérieur aussi sûrement que n'importe quelle maladie.
Dans la vie, tout est question de survie, de la façon dont on va se débrouiller. Rien n'est jamais parfait et nous nous sabotons pour mille raisons, mais si l'on essaie de comprendre pourquoi on se comporte de telle ou telle façon, on peut être heureux.
Ce qu'on inculque aux gens dans l'enfance les marque si profondément que cela finit presque par faire partie de leur ADN.
L'ennui, quand on prend la fuite, c'est que nos problèmes viennent avec nous.
LES POMMES DE TERRE
La route de la famine ne passait pas très loin de notre maison. C'est une route empierrée qui ne mène nulle part, construite pour donner un peu de travail aux hommes quand la campagne avait été frappée par la crise du mildiou de la pomme de terre. Ta génération n'entendra peut-être pas beaucoup parler de famine. A vrai dire, elle nous a causé assez de chagrin pour vous laisser tranquille, mais il serait dommage d'oublier le passé.
L'Irlande n'est pas le seul pays à avoir souffert de la famine. Agnès avait entendu parler, chez les Fitzmaurice, d'Africains qui n'avaient rien à manger. Les bébés y avaient des ventres énormes à cause de la sous-nutrition. Cela doit être terrible pour une mère de voir son enfant affamé et de ne rien avoir à lui donner. A moi, cela me briserait le coeur. un peu comme pour ces gens, chez nous, qui mangeaient de l'herbe parce qu'il ne restait rien d'autre.
Ces humbles champignons prouvent que parfois on découvre que les meilleurs choses de la vie poussent librement et gratuitement juste sous notre nez. Eleanor, ne te presse pas, sinon tu ne pourras pas voir les champignons sauvages autour de toi
Personne, en voyant ce livre de recettes en si mauvais état, n'aurait pu deviner toute la sagesse qu'il recelait. Pour les gens, la sagesse ne pouvait être dispensée que par des experts bardés de diplômes.
Dans les familles de pêcheurs, on tricotait les pulls avec un point particulier à chaque famille pour que l'on puisse identifier le corps des noyés.
On n'est jamais aussi bien que chez soi.
Avec les galettes, c'est comme si je me retrouvais assise sur le muret de pierres sèches avec ton père, en train de manger et de bavarder. Nous l'avions laissé derrière nous dans sa tombe. Avec le temps, j'ai fini par les aimer de nouveau, ces galettes. Ma mère disait que le temps guérit tout et elle avait raison. Mais je te garantis que ce n'est pas rapide.