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Critique de Osmanthe


Même s'il a des qualités indéniables, j'ai été perturbé par ce roman. Mais avant d'en parler, premier élément, l'éditeur aurait pu se dispenser de tout raconter sur la 4ème de couverture ! Question de tuer le suspense, ça fonctionne à merveille.

L'intrigue est simple, et classique, dans les deux sens du terme. Nous sommes dans un village turc situé près des ruines de l'Anavarza, près d'Adana. Une très belle femme, Esmé, a été mariée de force à Halil...alors qu'elle a toujours aimé Abbas, l'amant qui vient rôder près de la maison toutes les nuits. Un jour, il tue Halil. Si les frères de la victime le tuent à son tour, cela ne suffit pas aux yeux de la mère d'Halil à le venger : Esmé étant responsable doit être châtiée. Si la fratrie d'Halil et une bonne partie du village appellent à la mort de la putain, personne n'a le courage de passer à l'acte, les hommes étant peu "courageux" et comme ensorcelés par la beauté de cette femme. La vieille voit alors en Hassan, le fils d'Halil et d'Esmé, le seul capable d'assassiner sa mère.

Hassan est écartelé entre son amour pour sa mère et le désir de venger son père, qui bientôt vient le harceler en prenant la forme d'un revenant et de toutes sortes de bêtes, notamment d'un serpent pour crier sa souffrance : seule la vengeance le délivrera de ses tourments. Hassan est fiévreux, comme fou, arpentant ces collines, fuyant, revenant, allant aux nouvelles des on-dit des villageois...et sa grand-mère quasi-muette mais maligne ourdit toujours sa vengeance...

Ce roman est oppressant, car on se demande longtemps quand Esmé sera tuée, son sort paraît scellé d'avance, par qui, comment...oppressant aussi par ce fantôme d'Halil qui revient, par la personnalité finalement peu sympathique de Hassan, "héros" bien inquiétant, instable et influençable, par la grand-mère calculatrice et obsédée par la vengeance...même Esmé ne parvient pas à nous convaincre de l'aimer, car elle a fauté, et peut-être faute-t-elle encore ?
Oppressant aussi par la survenue du fantastique, du rêve, des superstitions...

Il n'y a donc pas de personnage vraiment net et positif dans cette histoire, c'est une sorte de tragédie grecque, un drame shakespearien...avec une tension et une folie qui montent, parfois entrecoupées d'étranges moments de calme, lorsque les villageois à plusieurs reprises semblent oublier, se désintéresser de l'affaire, avant que les dernières pages nous entraînent jusqu'au paroxysme meurtrier.
Pour cela, ce court roman est une réussite, et le style est enlevé, l'écriture de bonne qualité.

Mais encore une fois, l'issue est sans doute trop prévisible et trop annoncée, dommage, ça gâche un peu le plaisir !
Je me suis aussi demandé si cette histoire pouvait traduire l'essence de l'âme turque, avec ce sens de l'honneur très développé, un esprit de vengeance...ça m'a perturbé, c'est une face un peu sombre...
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