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EAN : 9781091365100
Le Realgar (12/09/2014)
5/5   2 notes
Résumé :
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This blank lined journal with a calendar is perfect for anyone who likes musical theater. Details for this journal include: 6x9 inches, 138 pages with blank lined journal and 12 ready to fill in blank calendar months (total 150 pages), perfect to keep track of any activity. It has a matte finished cover and includes white interior paper.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
«Lorsque vous regardez, vous ne pensez jamais à ce que la peinture (ou n'importe quoi de ce monde) «doit être», ou à ce que beaucoup de gens voudraient qu'elle soit seulement. La peinture peut tout être. Elle peut être un éclair de soleil en pleine bourrasque. Elle peut être un nuage d'orage. Elle peut être le pas d'un homme sur le chemin de la vie, ou, pourquoi pas ? un pied qui frappe le sol pour dire «assez».» (Antoni Tàpies, le jeu de savoir regarder, dans «La pratique de l'art»)

Dans «Icecolor », paru en octobre 2014 aux éditions le Réalgar, Emmanuel Ruben nous invite à savoir regarder, un voyage à l'intérieur de nos perceptions dans l'oeuvre tellurique de Per Kirkeby, dont les dessins et peintures répondent magnifiquement à ce très beau texte.

«Oui mais quel enfant n'a pas rêvé du Nord ? Quel enfant n'a pas rêvé des Icebergs ?»

Rêveur du grand Nord, et toujours hanté par les spectres de l'histoire, l'auteur est en partance de Londres pour les îles Solovki, cet archipel devenu le symbole du goulag, mais il rate son avion, retenu par les paysages, «la lumière argentique d'un Daubigny, les frondaisons élégiaques d'un Corot, les Tamise embrumées d'un Monet, le lac Léman d'un Courbet en exil», exposés à la National Gallery.

Cet acte manqué le conduit à visiter l'exposition du peintre danois Per Kirkeby, qui prend chaque année la route du grand Nord, lorsque les icebergs se disloquent et que les couleurs explosent, et remplit d'images son carnet de croquis transformés plus tard en dessins et en ces grandes peintures, somptueuses strates sédimentées de couleurs sur fond noir.

«Kirkeby, qui ne se rêve pas géologue, mais qui l'est de formation, qui a délaissé la science avec ses théorèmes arides, ses théories hasardeuses, ses analogies étranges, conserve de ces années d'exploration l'idée fascinante que la nature n'est que cela : plis et failles, sillons et fissures, serpentins et lézardes.»

À l'heure où la mondialisation et l'empreinte humaine abîment la planète et font disparaître les glaces des pôles, Emmanuel Ruben nous entraîne avec cette rêverie poétique vers le noyau de l'oeuvre visionnaire de Per Kirkeby, sous les icebergs, au coeur du soleil noir, au coeur du continent blanc qui se couvre de verts au printemps, de la nature omniprésente dans ses tableaux pour qui sait voir en profondeur.

«Imaginons-le en plein air, ou mettons en pleine débâcle, le peintre, quand la frontière entre solide et fluide, entre vert et bleu se resserre, quand la terre se disloque pan par pan et devient, évaporée là-haut, du ciel, ou, dégringolant là-bas, de la mer. Il est resté trop longtemps sur ce promontoire de glace flottante, les yeux quêtant dans le précipice des ombres et des lumières, des formes et des forces, des couleurs et des mouvements, des signes de vie, d'espoir…»
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Lorsque la glace polaire fond, sa couleur importe, encore davantage, au monde.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/10/16/note-de-lecture-icecolor-emmanuel-ruben/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mais qu’est-ce que cela ? Tous ces cratères qui vous dévisagent comme des bouches voraces ? qui veulent vous avaler comme des yeux d’aveugle ? Ces fibrilles, ces ridules, ces sillons, ces strigiles, ces boursouflures, ces ruissellements, ces vallonnements, ces zigzags ? Est-ce que c’est du solide ? Du liquide ? Quelque chose entre les deux, quelque chose de visqueux, de gélatineux, une coulée de lave, un magma matriciel ? Est-ce au contraire la peau sèche d’un patriarche autour du genou, du coude, là où l’on vieillit à toute vitesse, où la chair se fait écorce ? Est-ce une langue de glacier ? Un cyclone ? Un maelström ? Un vortex ? Un épanchement de glaire cervicale ? Une tumeur cancéreuse ? Un volcan d’Islande vu d’avion ? Non, ce n’est que la souche fraîchement sciée du gros chêne de Gouvoux. (…) Oui, ce n’est que le chêne de Gouvoux, l’Yggdrasil local, qui l’été festonnait de vert le bleu du ciel, qui effleurait les chromes au passage des voitures, qui vous soufflait dans l’oreille un air de pastorale, qui faisait tant d’ombre sur la route, à percuter le père Poirier de retour du bistrot dans sa Peugeot lie-de-vin et zigzagante, le père Poirier mort l’an dernier comme est mort ce chêne, mort car il gênait la visibilité, comme on dit, des automobilistes.
Oui c’est cela : c’était un volcan d’écorce et de verdure, ce n’est plus qu’une stèle de bois mort. Une pierre plante, oui, rien qu’une pierre plante, a dit la mère Michoud en rajustant son fichu, sa canne plantée vers le chemin creux, là-bas, me laissant au pied du vieux lavoir avec mon vélo.
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Tous deux, enfin, témoignent de l’effacement séculaire de la figure. A la femme vue de dos, qui chez Hammershøi se fond sous ses cheveux impeccablement lissés, sous son tablier, dans son intérieur carcéral, répond, chez Kirkeby, le cheval disloqué, la fugitive oie des neiges, le visage s’étiolant dans le paysage, voire, suprême clin d’œil au grand peintre danois, le crâne – ou graal ? – immense, échoué tel un dirigeable et tourné vers la mer de glaces, aveugle vanité. Autre point commun : toute une série de toiles, chez l’un comme chez l’autre, s’attachent à décliner ton sur ton les différentes nuances de gris, d’ocre, de brun, d’orange ou de violet. Couleurs injustement dénommées secondaires puisqu’elles sont notre lot commun, notre premier parage. Bref, découvrir Hammershøi, c’était s’aviser que l’Extrême-Nord est d’abord intérieur, qu’il commence par vous couler dans les veines avant de vous ensorceler, l’Extrême-Nord. Découvrir Kirkeby, c’était quitter la durée pour l’étendue, l’histoire pour la géographie, la culture morte pour la nature vivante, l’intérieur hanté d’un mal inquiet pour le bout du monde ravagé, percer le cadre étroit de nos trapèzes de grisaille, courir vers la lumière nature, et comprendre pourquoi cet insatiable besoin d’écrire, de dessiner, de peindre, de s’attacher aux couleurs du monde, d’en déplorer l’évanouissement l’hiver.
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Amérique ! Asie ! Afrique ! Route de l’or, route de la soie, route du Nil. Comment ne pas être las de ces chemins éculés ? Qui n’a pas vu combien se sont usés ces vieux mots fléchés ? De la première route on revient blasé, bougon, mâchonnant la chique ou le chewing-gum gaga de son ennui – on en revient misanthrope. De la deuxième, on revient athée, lascif ou la barbe ringarde, un bout de réglisse pendouillant entre les dents ; pire, on en revient illuminé ! Avouons-le, nous n’avons pas pris la troisième route. L’Abyssinie n’est pour nous qu’un nom, elle demeure insondée de nos semelles, grosse encore de nos fantasmes. Reste la quatrième route, à mi-chemin de laquelle nous avons retroussé nos rêves, froussards que nous sommes ! Mais il est un homme pour lequel une année ici-bas ne vaut pas d’être vécue s’il ne prend peu importe le chemin, peu importe la saison – été, printemps, hiver, automne – cette quatrième route. Cette quatrième route qui l’aiguillonne incessamment sur ses rails désolés, c’est la route du Grand Nord. Que va-t-il faire là-bas, malheureux ? Cet homme accomplirait-il par hasard la migration des rennes ? Non, celle des rêves lui suffit, qui a des ramures infinies, qui ne dénombre pas ses bêtes, qui n’est pas marquée au fer rouge, qui ne se matricule pas encore, qui sort sans cesse du troupeau, et s’égare. Cet homme est-il de la confrérie bruyante des voyageurs plumitifs ? Cet homme pense-t-il qu’il suffit d’aller s’empoussiérer la semelle pour se ravauder la cervelle ? Non, la poussière est d’or qui le hante encore ; cet homme, que nous voudrions suivre ici, cet homme s’en va chaque année depuis ses vingt ans vers le Grand Nord, carnet de croquis à la main, quêter de sa baguette divinatoire son Graal fantôme ; après quoi il rentre au pays, dessine, grave, sculpte et peint pour de bon ; sur ce, il paraphe en bas à droite PK. Per Kirkeby.
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Mais les tableaux de Kirkeby ne sont pas des cartes géologiques, ce sont des atlas de la perception. Des atlas qui cartographient, ou disons plutôt qui radiographient tous les accidents de notre champ de vision.
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Jour après jour nous rongeons, paraît-il, nos propres glaces. On prédit que nous frôlons la catastrophe. On prédit que la banquise n’aura jamais été aussi réduite. On prédit que le passage du Nord-Ouest, que les siècles ont semé d’épaves, sera bientôt libre de glaces onze mois sur douze. Il y a sans doute du vrai dans ces prédictions. Il suffit de consulter les cartes pour s’en aviser : chaque année, c’est un peu plus de blanc qui recule à la surface de notre orange bleuâtre. Un blanc qui n’avouait pas comme autrefois notre ignorance et notre épouvante mais qui garantissait encore qu’un zeste de candeur trônait aux pôles de notre empire. Que la froidure, que la neige vierge, qu’une innocence glacée, délicieusement crevassée, tonsurait le verger de nos désirs. Mais la planète pèle. Se décalotte à vue d’avion. Elle se décalotte, elle se décalotte de ses glaces, et bientôt les icebergs, larguant les amarres de la mère Groenland, vogueront via le Gulf Stream direction l’Islande, les Féroé, les Shetlands, les Orcades, les Cornouailles, le Finistère ou le Cotentin, et viendront, petits glaçons fondus, lécher les orteils d’argile de notre Vieille Europe.
Qui n’a pas entendu, lu, vu prédire la chose est sourd, aveugle, analphabète ou mort, tant on nous rebat depuis bien cinquante ans les oreilles de ce catastrophisme. De ce réchauffement ou, qui sait, de ce dérèglement climatique. De cet effet de serre.
Seulement, nul ne sait, ou ne veut nous dire, car la science n’a pas réponse à tout, quel sera le visage de la catastrophe.
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