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EAN : 9782021461411
128 pages
Seuil (03/09/2020)
3.92/5   36 notes
Résumé :
La catastrophe écologique est enclenchée, la crise du coronavirus a fracturé le monde entier. Un responsable : le capitalisme. En saccageant le service public de la santé, il a transformé un épisode grave mais gérable en désastre. En poursuivant la destruction des écosystèmes, il a mis en contact des virus mortels avec la population humaine. En aggravant les inégalités, il a plongé des dizaines de millions de personnes dans la misère.
Le gong avait pourtant d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Plutôt que de se remettre en cause après la crise financière de 2008, les capitalistes ont décidé de poursuivre plus avant, d'adopter un nouveau paradigme réservant un avenir technologique fondé sur la numérisation et l'intelligence artificielle à une élite tandis que la masse de l'humanité vivra dans le chaos climatique, en un apartheid généralisé. Hervé Kempf dresse un constat impitoyable, appelle à entrer en résistance et à lutter pour ouvrir un monde nouveau.
(...)
En termes simples, d'une façon éminemment synthétique, Hervé Kempf pose clairement les données des problèmes. Il propose des solutions argumentées qui constituent une excellente base de réflexion et de discussion.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Lu, un peu décue...je ne vais pas résumer le livre, impossible, infaisable...
Je m'attendais à non seulement une diatribe contre le capitalisme, mais aussi à des propositions sérieuses pour, quand il serait détruit, l'autre...
Que nenni. Enfin si, oui, mais non...
Je vais essayer de faire court...
donc le capitalisme c'est tout pourri. Ca je le savais déjà sinon je n'aurais pas acheté ce livre et même pas lu.
Mais comment va-t-il crever ? en s'unissant nous tous contre lui...
Sauf que j'aurais aimé trouver une vraie, sérieuse, analyse sur le rôle des banques centrales dans ce monde qui nous est imposé... j'aurais aimé trouver quelques analyses sérieuses sur la provenance de la technocratie, et le reste.
Bref si j'ai lu dans ce livre des choses qui m'intéressaient, je n'y ai trouvé aucune perspective, aucune proposition, aucune voie pour essayer de tracer un avenir hors du capitalisme qui aura été crevé.
Donc une déception.
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"Que crève le capitalisme" est écrit par le journaliste Hervé Kempf.

En guise d'introduction à la problématique environnementale que nous connaissons aujourd'hui cet ouvrage est à mon sens un bon récapitulatif des évènements des dernières décennies. Sans entrer dans les détails, il relate et nous permet d'établir des liens dont nous n'avions peut être pas connaissance en tant que lecteurs. Surtout si le sujet n'avait pas attiré notre attention dans de précédentes lectures. C'est aussi une base dans laquelle ont peut trouver d'autres références pour aller plus loin dans nos lectures sur le sujet et pousser notre réflexion.

On a donc un écrit qui met en évidence à travers l'histoire et l'évolution du capitalisme ses dérives et ses effets pervers en articulant ses évolutions avec les crises sociales et la catastrophe environnementale actuelle.

Pour aller plus loin l'auteur nous montre un profil de ce que pourrait être le futur si nous ne mettons pas de battons dans les roues à ce monstre qu'est le capitalisme. Mais il nous prouve aussi que déconstruire le dogme de la croissance dans nos esprits est possible et que le système peut s'effondrer sans que cela ne soit une fatalité pour nous, humains avant d'être consommateurs.

L'auteur n'a pas peur d'affirmer ses positions et ses convictions en faisant fi de la bienséance et ça, ça fait du bien ! Il dénonce mais propose aussi des solutions. Parfois déjà citées par d'autres penseurs/auteurs aux positions moins radicales et donc aux discours moins controversés voir non entendus.

Lecture rapide, accessible, compréhensible, d'utilité publique !?, ...
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La colère de moins en moins froide d'un observateur attentif depuis longtemps face à l'inaction climatique engendrée par un capitalisme tardif arc-bouté sur ses obsessions de profitabilité.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/03/16/note-de-lecture-que-creve-le-capitalisme-herve-kempf/

Publié au Seuil en 2020, treize ans après « Comment les riches détruisent la planète », « Que crève le capitalisme » (souvent sous-titré officieusement « Ce sera eux ou nous ») constitue une réaction salutaire – et légitimement emportée – à la radicalisation (éventuellement paradoxale) du capitalisme néo-libéral, « tardif », que toutes et tous peuvent hélas observer depuis le lendemain de la crise des subprimes de 2007-2008 (que l'on se souvienne par exemple du magnifique « Les effondrés » de Mathieu Larnaudie, publié en 2010). Contrairement à toutes les laborieuses promesses d'auto-réforme enregistrées à l'époque, la détermination d'une grosse poignée d'ultra-riches – et de leurs beaucoup plus nombreuses troupes, directes et indirectes, (grassement) rémunérées – à poursuivre la course à l'abîme s'est non seulement révélée intacte, mais dans certains domaines, s'est même accélérée : c'est ce constat implacable que rappelle d'abord Hervé Kempf, depuis son poste d'observateur privilégié à la rédaction en chef de Reporterre, le quotidien de l'écologie. En une grosse centaine de pages, il recense ici les principales obstinations délétères de ce capitalisme arc-bouté sur son unique indicateur réel, celui du profit arraché à la Terre et aux humains, confisqué pour sa majeure partie en accumulation insensée et sans avenir – les principales seulement, car une étude exhaustive de tous ces combats retardateurs, pratiqués chaque semaine en tous lieux de décision par les lobbyistes du capital, à tout propos (ou presque) pouvant ralentir leur course folle, demanderait naturellement plusieurs dizaines de milliers de pages. Au fond, et malgré tous les discours que l'auteur, comme nous, lectrices et lecteurs, a pu entendre, rien n'a vraiment changé depuis le « Printemps silencieux » (1962) de Rachel Carson, et la remontrance du fictif vice-président des États-Unis, Raymond Becker, dans « le jour d'après » (2004) de Roland Emmerich (« L'économie est tout aussi fragile que l'environnement, pensez-y avant de faire des annonces sensationnelles »), demeure plus que jamais le seul discours à se traduire au quotidien en actions (et en inactions) décisives.

Face à la radicalisation capitaliste, désormais pleinement mortifère, écologiquement et humainement, Hervé Kempf, tout en restant, à son habitude, soigneusement analytique, est donc logiquement passé au stade de la colère assumée.

Qu'ils semblent loin en effet, désormais, les cris d'alarme, en fiction, du John Brunner du « Troupeau aveugle » ou, en non-fiction, du « Les limites à la croissance » des époux Meadows, tous deux publiés en 1972… de même que l'on notera, chez un romancier pourtant aussi déterminé que le grand Kim Stanley Robinson, l'infléchissement notable – dans le sens de la radicalité désormais indispensable – entre son « SOS Antarctica » de 1997, sa « Trilogie climatique » de 2004-2007 et son « Ministère pour le Futur » de 2020, Hervé Kempf rappelle ici solennellement, et avec un énervement évident et logique, que le temps des demi-mesures est passé, et qu'il faudrait sérieusement songer à balayer ces obstacles si mortifères, et à en finir avec le tabou de la violence envers les biens – qui nous tuent. Andreas Malm, avec son « Comment saboter un pipeline » de 2020, ne dit pas autre chose, et c'est bien à nous toutes et nous tous d'en tirer désormais, enfin, les conséquences éventuelles.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Je ne connaissais Hervé Kempf qu'au travers de l'excellent site "Reporterre" dont il est le rédac chef. Je vous conseille vraiment, c'est de mon point de vue le meilleur site - et de loin - sur l'écologie.
Je suis allé l'écouter chez Thuard.jeudi dernier pour la sortie de son livre "Que crève le capitalisme". Je m'attendais à voir un jeune gauchiste fringant, je suis tombé sur un bon pépère peinard, paisible et pacifique.
Son exposé comme son livre ne le sont pas.
Je doutais que, venant de l'écologie, on puisse avoir une analyse social et politique juste. J'avais tort. En 100 pages, Kempf écrit l'histoire du capitalisme qui n'a que 4 siècles. Il redéfinit opportunément libéralisme et néo-libéralisme. Il nous dit le capitalisme qui vient et les horreurs qu'il nous promet.
Ce sera lui ou nous.
Ne lui laissons pas le choix.
A lire urgemment.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Que crève le capitalisme, mes amis ! Que crève cette baudruche immonde, ce monstre stupide, cet ivrogne insatiable, ce meurtrier insensible, ce violeur impénitent, cette ganache ventripotente, ce concept délirant, cette histoire subclaquante, mais oui, qu'il crève, ce fatum puant, ce cauchemar de toxicomane, qu'il disparaisse, le capitalisme, corps malade éventré des plaies de la Terre, ver immonde qui ne survit que de l'anéantissement de la vie, tumeur métastatique, élixir trompeur des rêves impossibles, virus mortifère, gredin, chenapan, criminel, boudin gras et suintant, bulldozer métallique et sans pitié, cyber caché et pervers, qu'il crève, et que vivent les sans-abri, que dorment les sans-logis, que se rassasient les affamés, que coure le léopard, que transpire la jungle, que sourie la mère, que vive enfin le monde, que l'horizon s'éclaire, que la lumière revienne, que se lève un avenir qui ne serait pas de catastrophe, de chaos, d'étouffement, de lutte pour une survie misérable, que vive enfin l'humanité libérée des rets tentaculaires de l'argent qui veut décider de tout.
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La catastrophe a commencé

Il y aura des moments de calme, des périodes de pause, des îlots de sérénité. Il en existe toujours au milieu des catastrophes : le pays n'était pas uniformément à feu et à sang durant la guerre de Cent Ans, nombreux étaient les coins de France ou d'Allemagne où l'on pouvait vivre à peu près normalement durant la Première Guerre mondiale, tout comme en Angleterre durant la Seconde. Rien, au demeurant, n'est plus trompeur que ces moments de calme, si on ne les saisit pas comme des chances pour rassembler son énergie dans le but de se préparer à la tempête qui vient. Car elle viendra, et partout : si des accalmies seront fréquentes, aucun lieu ne sera épargné par la catastrophe qui a commencé à déployer ses terribles menaces.

Des centaines de livres, de rapports, d'études racontent – souvent avec talent, toujours en s'appuyant sur des références scientifiques indiscutables – la catastrophe et ses conséquences envisageables : sécheresses, inondations, feux de forêt, montée des eaux, pandémies, invasions de nuisibles, érosion des sols, stress hydrique, tout cela entraînant déficits agricoles, famines, déstabilisation des États, mortalités dues à la chaleur, migrations de centaines de millions de personnes, chaos, guerres. Je ne détaillerai pas ici ce que j'ai aussi décrit dans d'autres livres et qui finit par former un fond de culture commune ahurissant par l'hébétude dans laquelle il nous plonge.

Mais il faut repérer deux choses nouvelles au milieu de cette avalanche d'informations. D'abord, le processus de destruction s'est accéléré à tel point qu'en quelques décennies ce qui était objet de débat est devenu une réalité sensible en tout point de la planète. J'observe comme journaliste scientifique la crise écologique depuis trois décennies. Autour de 1990, l'alerte écologique avait été relancée depuis quelques années (à partir des pluies acides en 1983, des accidents de Bhopal en 1984 et de Tchernobyl en 1986, de la déplétion de la couche d'ozone connue en 1988, du premier rapport du GIEC sur le climat en 1990). Cependant, le doute restait grand tant sur le changement climatique qu'à propos de la biodiversité, dont le concept n'avait été posé par les biologistes qu'en 19862. Si l'on savait que la destruction des espèces et des milieux naturels était en cours, les scientifiques avaient du mal à évaluer les taux d'extinction des espèces (le concept d'espèce étant lui-même disputé), et former une vision globale des milliers de situations particulières était difficile. Quant au changement climatique, il restait incertain, comme le reconnaissait le GIEC deux ans après son rapport de 1990 : la réaction de la température moyenne à la surface du globe au doublement du CO2 (gaz carbonique ou dioxyde de carbone) ne dépasserait « probablement pas » la fourchette de 1,5 oc à 4,5°C, écrivait-il ; il y avait « de nombreuses incertitudes dans [leurs] prédictions », particulièrement en ce qui concerne « le calendrier, 1'ampleur et les effets régionaux » ; la hausse de la température depuis cent ans « est de même magnitude que la variabilité naturelle du climat » ; la détection sans équivoque de l'accroissement de l'effet de serre « n'est pas probable avant une décennie voire plus ».

Les climatosceptiques, le plus souvent financés par les compagnies pétrolières, se sont engouffrés dans cette hésitation pour entretenir le doute et créer la confusion dans l'opinion publique. C'est tout à l'honneur des scientifiques d'avoir avancé avec prudence pour asseoir leurs conclusions avec le plus grand degré possible de certitude. Mais il a fallu des années pour parvenir au fait indiscutable que la sixième crise d'extinction des espèces s'amorce et que le changement climatique est lui aussi pleinement engagé. La connaissance scientifique, et c'est logique, est toujours en retard sur la réalité des phénomènes qu'elle tente de décrire. L'ennui, le gros ennui, est que la lente marche pour refermer peu à peu les interrogations a permis aux conservateurs de maintenir un statu quo destructeur. Si bien qu'en à peine trente ans réchauffement, recul de la diversité de la vie et pollution des écosystèmes ont atteint des niveaux effrayants.

Autre élément nouveau et crucial, les dégâts macroécologiques affectent les pays riches, alors que jusqu'à récemment ils se manifestaient surtout dans les pays du Sud. Qui était réellement concerné en Europe ou en Amérique du Nord quand les Pygmées du Cameroun ou les Yanomami au Brésil constataient la destruction des forêts où ils vivaient, quand les Philippins ou les Guatémaltèques voyaient leur économie meurtrie pour plusieurs années par des cyclones, quand les Pakistanais étouffaient par une chaleur de 45°C ? Cependant, depuis le coup de gong de l'ouragan Katrina qui a balayé La Nouvelle-Orléans en 2005, le souffle oppressant de la catastrophe atteint les rivages prospères. En Californie, avec des feux monstrueux à répétition, l'exception devient d'une banale normalité. En 2019, l'Australie a éprouvé pendant des mois des incendies de forêt au goût d'apocalypse. En 2020, un virus venu de la forêt profonde et disparue a plongé le monde dans la stupeur et la paralysie. Nous ne sommes plus à l'abri. Et le spectre de l'« effondrement » taraude les sociétés opulentes, qui oublient que cette situation a déjà été subie par d'autres cultures : Mayas, Incas et Aztèques exterminés par les maladies apportées par les Européens au XVIe siècle, sociétés africaines déprimées par l'esclavage des Européens au XVIIe et XVIIIe siècle, peuples premiers des États-Unis d'Amérique quasiment détruits par un génocide au XIXe siècle. Le monde s'effondre, écrivait Chinua Achebe en 1958, face à la « modernisation ». Mais qui écoute un écrivain nigérian ?
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Mais il faut repérer deux choses nouvelles au milieu de cette avalanche d’informations. D’abord, le processus de destruction s’est accéléré à tel point qu’en quelques décennies ce qui était objet de débat est devenu une réalité sensible en tout lieu de la planète. J’observe comme journaliste scientifique la crise écologique depuis trois décennies. Autour de 1990, l’alerte écologique avait été relancée depuis quelques années (à partir des pluies acides en 1983, des accidents de Bhopal en 1984 et de Tchernobyl en 1986, de la déplétion de la couche d’ozone connue en 1988, du premier rapport du Giec sur le climat en 1990). Cependant, le doute restait grand tant sur le changement climatique qu’à propos de la biodiversité, dont le concept n’avait été posé par les biologistes qu’en 1986. Si l’on savait que la destruction des espèces et des milieux naturels était en cours, les scientifiques avaient du mal à évaluer les taux d’extinction des espèces (le concept d’espèce était lui-même disputé), et former une vision globale des milliers de situations particulières était difficile. Quant au changement climatique, il restait incertain, comme le reconnaissait le Giec deux ans après son rapport de 1990 : la réaction de la température moyenne à la surface du globe au doublement du CO2 (gaz carbonique ou dioxude de carbone) ne dépasserait « probablement pas » la fourchette de 1,5 °C à 4,5 °C, écrivait-il ; il y avait « de nombreuses incertitudes dans [leurs] prédictions, particulièrement en ce qui concerne « le calendrier, l’ampleur et les effets régionaux » ; la hausse de la température depuis cent ans « est de même magnitude que la variabilité naturelle du climat » ; la détection sans équivoque de l’accroissement de l’effet de serre « n’est pas probable avant une décennie voire plus ».
Les climato-sceptiques, le plus souvent financés par les compagnies pétrolières, se sont engouffrés dans cette hésitation pour entretenir le doute et créer la confusion dans l’opinion publique. C’est tout à l’honneur des scientifiques d’avoir avancé avec prudence pour asseoir leurs conclusions avec le plus grand degré possible de certitude. Mais il a fallu des années pour parvenir au fait indiscutable que la sixième crise d’extinction des espèces s’amorce et que le changement climatique est lui aussi pleinement engagé. La connaissance scientifique, et c’est logique, est toujours en retard sur la réalité des phénomènes qu’elle tente de décrire. L’ennui, le gros ennui, est que la lente marche pour refermer peu à peu les interrogations a permis aux conservateurs de maintenir un statu quo destructeur. Si bien qu’en à peine trente ans réchauffement, recul de la diversité de la vie et pollution des écosystèmes ont atteint des niveaux effrayants.
Autre élément nouveau et crucial, les dégâts macro-écologiques affectent les pays riches, alors que jusqu’à récemment ils se manifestaient surtout dans les pays du Sud. Qui était réellement concerné en Europe ou en Amérique du Nord quand les Pygmées du Cameroun ou les Yanomami au Brésil constataient la destruction des forêts où ils vivaient, quand les Philippins ou les Guatémaltèques voyaient leur économie meurtrie pour plusieurs années par des cyclones, quand les Pakistanais étouffaient par une chaleur de 45 °C ? Cependant, depuis le coup de gong de l’ouragan Katrina qui a balayé La Nouvelle-Orléans en 2005, le souffle oppressant de la catastrophe atteint les rivages prospères. En Californie, avec des feux monstrueux à répétition, l’exception devient d’une banale normalité. En 2019, l’Australie a éprouvé pendant des mois des incendies de forêt au goût d’apocalypse. En 2020, un virus venu de la forêt profonde et disparue a plongé le monde dans la stupeur et la paralysie. Nous ne sommes plus à l’abri. Et le spectre de l' »effondrement » taraude les sociétés opulentes, qui oublient que cette situation a déjà été subie par d’autres cultures : Mayas, Incas et Aztèques exterminés par les maladies apportées par les Européens au XVIe siècle, sociétés africaines déprimées par l’esclavage des Européens aux XVIIe et XVIIIe siècles, peuples premiers des États-Unis d’Amérique quasiment détruits par un génocide au XIXe siècle. Le monde s’effondre, écrivait Chinua Achebe en 1958, face à la « modernisation ». Mais qui écoute un écrivain nigérian ?
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Le grand navigateur Bernard Moitessier a écrit ceci : le Monstre « est loin devant. Il n'a pas encore gagné cette course, mais si nous ne tentons pas le bord suicide, il la gagnera, c'est réglé d'avance. Et lorsqu'il l'aura gagnée, la planète sautera. Ou bien l'homme sera devenu un robot décérébré. Ou encore, ce sera les deux à la fois : l'homme robot téléguidé pullulera sur la Terre, et ensuite notre planète s'en débarrassera comme on se débarrasse de la vermine. Il restera quelques lamas au Tibet, quelques rescapés sur les montagnes et sur la mer, peut-être. Et tout le cycle sera à recommencer, le Monstre aura gagné, l'humanité aura perdu ».

Le « bord suicide » pour un navigateur à la voile, c'est tenter le tout pour le tout, prendre le plus grand risque pour échapper à la tempête qui s'annonce. Elle arrive et, quoi qu'on fasse, on est perdant. La solution, plutôt que de continuer à se préparer à encaisser et à perdre, c'est de virer et de prendre la route perpendiculaire pour aller chercher un autre vent, d'autres vagues. « Quand tu as déjà perdu la course, m'explique Patrice, mon ami marin, c'est paradoxalement la seule chance de renverser la situation : parier sur l'impossible. » Parions sur l'impossible.
Sortons du capitalisme.

Un oiseau entre par mégarde par la fenêtre de la pièce où j'écris et cherche désespérément son chemin - il finit par le trouver ! Nous aussi, enfermés dans la cave du capitalisme, nous battons des ailes en cherchant la sortie. Nous allons la trouver.

Ce sera lui ou nous.
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« Ôôôôôôô, quelle violence ! Quelle faute de goût, quelle brutalité, quelle horreur ! Ne peut-on pas s’exprimer, euh, paisiblement, raisonnablement, entre gens de bonne compagnie ? Mais là… pouah… »
Que crève le capitalisme, mes amis ! Que crève cette baudruche immonde, ce monstre stupide, cet ivrogne insatiable, ce meurtrier insensible, ce violeur impénitent, cette ganache ventripotente, ce concept délirant, cette histoire subclaquante, mais oui, qu’il crève, ce fatum puant, ce cauchemar de toxicomane, qu’il disparaisse, le capitalisme, corps malade éventré des plaies de la Terre, ver immonde qui ne survit que de l’anéantissement de la vie, tumeur métastatique, élixir trompeur des rêves impossibles, virus mortifère, gredin, chenapan, criminel, boudin gras et suintant, bulldozer métallique et sans pitié, cyber caché et pervers, qu’il crève, et que vivent les sans-abri, que dorment les sans-logis, que se rassasient les affamés, que coure le léopard, que transpire la jungle, que sourie la mère, que vive enfin le monde, que l’horizon s’éclaire, que la lumière revienne, que se lève un avenir qui ne serait pas de catastrophe, de chaos, d’étouffement, de lutte pour une survie misérable, que vive enfin l’humanité libérée des rets tentaculaires de l’argent qui veut décider de tout.
Que crève le capitalisme pour que nous vivions. Titubants, comme l’alcoolique désespéré de savoir se détruire et qui pourtant reprend un verre, groggy, vaporeux, nous avançons dans le brouillard de la consommation en sachant qu’il détruit tout et pourtant incapables de dire stop, d’arrêter, de bifurquer, addicts au dernier, pour la route, la route qui conduit à l’abîme.
Que crève le capitalisme, que finisse cette histoire qui eut son aube, son aurore, sa jeunesse, sa maturité, ses tournants, ses phases folles, criminelles, énergiques, créatives, et qui maintenant n’est plus que mécanique absurde, vampirique, qui ne peut maintenir l’apparence du normal qu’en suçant à l’os la peau et la chair et les nerfs et le cœur de la Terre, et des humains qui tentent, comme depuis un million d’années, d’y vivre, simplement.
Que crève le capitalisme, mes amis, et n’ayez crainte de proférer l’imprécation interdite pour qu’en leurs palais moroses les puissants incertains voient se fissurer leur monticule de papier, pour qu’en leurs tours phalliques les spéculateurs sentent le souffle du cyclone, pour qu’en leurs prisons dorées les opulents tremblent d’appréhension, n’ayez crainte de leur pouvoir évanescent, de leurs alibis sans valeur, de la peur qu’ils distillent, n’ayez crainte de l’avenir. Et que crève le capitalisme pour que s’ouvre le monde nouveau, le monde d’une humanité réconciliée avec le cosmos.
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