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Critique de Rodin_Marcel


Kendall Paul Murray (1911-1973) – "Louis XI ... l'universelle araigne..." – Fayard/Livre de poche, 1974 (ISBN 2-253-01808-2)
– trad par Eric Diacon de l'original en langue anglaise, publié en 1971
– 703p., dont 544p. pour l'ouvrage lui-même, suivi de pas moins de 159 pages d'annexes, comprenant une copieuse bibliographie raisonnée (pp. 673-684) et un index (pp. 687-700), ainsi que de copieuses notes (pp. 573-669).

Un de ces trop rares livres tout à la fois excellents sur le plan scientifique tout en demeurant d'une lecture passionnante, et même palpitante : un grand coup de chapeau à l'auteur, ainsi qu'au traducteur.

Comme le précise l'auteur à plusieurs reprises, Louis XI (roi de 1461 à 1483) nous fut – dans notre scolarité des années soixante du vingtième siècle – souvent présenté comme un roi rusé, fourbe, usant et abusant des cages de fer (pour enfermer les prisonniers) ou de la pendaison, austère, mal habillé, affrontant le terrible duc de Bourgogne Charles le Téméraire, allié des très vilains et méchants Anglais qu'il fallait encore et toujours bouter hors de la doulce France (les terribles images Rossignol n°23 et 24 pendaient aux murs de la classe). L'ouvrage de P.M. Kendall vient rectifier ces mythes, tout droit sortis de l'imagination des romanciers du XIXe siècle.

La thèse de l'auteur est en effet beaucoup plus subtile : conscient des limites de ses forces, peu enclin à faire massacrer ses soldats, se méfiant de ses nobles, Louis XI préféra toujours négocier, négocier et encore négocier, plutôt que d'affronter des coalitions (Bourgogne, Bretagne, Aquitaine, alliés aux Anglais) qui auraient de toute façon eu le dessus. Bien évidemment, ces négociations étaient toujours plus ou moins biaisées, mais aussi bien du côté de Louis XI que de ses adversaires peu soucieux de respecter leurs engagements, à la seule exception de l'estime et de l'amitié qu'il semble avoir entretenu avec Francesco Sforza, duc de Milan ainsi qu'avec Philippe de Commynes, qui deviendra son premier biographe.

Par ailleurs, et c'est là l'autre versant de la présentation de Kendall, Louis XI fut probablement le premier des rois français à s'appuyer délibérément sur la grande bourgeoisie et les villes, puisque constamment soumis lui-même aux rebellions de ses seigneurs les plus fortunés.

Cet ouvrage est devenu un classique de la littérature historique, un modèle de biographie d'un personnage illustre (un peu comme le "Marie-Antoinette" et le "fouché" de Stefan Zweig), à tel point qu'il a fait l'objet de rééditions multiples, la dernière (à ma connaissance) datant de 2009.

Un véritable plaisir de lecture.
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