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Critique de zazy


Année 1986 catastrophique à Dublin pour Douglas Kennedy. Sa pièce très mal accueillie par les critiques est boudée par le public, sa chronique dans un quotidien supprimée. Il se réfugie dans une fermette irlandaise bien décidé à écrire un bouquin et il ressort les 5 carnets qu'il avait remplis lors de son voyage en Egypte l'année précédente.

Parti, « à la manière de » par bateau, il voyage lentement, hors des circuits touristiques, se laissant balloter par des rencontres inattendues. C'était cela le but de son voyage : découvrir les égyptiens et donc, l'Egypte telle qu'elle est, ce qui lui valut d'être interdit de parution en Egypte. Comme Kennedy l'écrit : « le voyage est un confessionnal ambulant » et il en profite.

Il nous décrit L'Administration et ses tracasseries kafkaïennes où il faut une autorisation pour chaque déplacement ou presque avec des attentes de plusieurs heures, voire des journées entières.
Le voyage à Assouan en felouque vaut son pesant de cacahuètes : les marchandages infinis pour la location de la felouque….. le manque de vent…. il rencontre l'épouse de l'un des marins qui n'a que 11 ans et qui regarde en famille Falcon Crest.

Le bipartisme religieux est mis à mal. Les Coptes ont de plus en plus de mal à exister du fait de la montée de l'islamisme pur et dur. Les carmélites ont autant peur du fondamentalisme religieux musulman que chrétien. Il se retrouve au fin fond de l'Egypte dans un monastère copte avec des moines férus d'informatique et très au courant de la vie politique internationale.

Tout ceci peut paraître fouillis, mais son voyage « désorganisé » est très organisé. Commencé à Alexandrie il se termine à Assouan


Quelques longueurs, mais c'est un livre dense, que l'on lit en prenant son temps. Chaque rencontre se lit comme une nouvelle. J'y ai découvert la densité et les difficultés rencontrées par les coptes, redécouvert certains faits divers. J'ai aimé sa façon d'aborder les gens simplement, sa facilité à les faire parler de leurs problèmes.

Sa description de l'Egypte, bien que datée, n'en est pas moins toujours d'actualité. Son ouvrage a été interdit de publication en Egypte car il révèle l'extrême pauvreté de ce pays, son immobilisme. L'attirance des dirigeants égyptiens pour les « grands » l'URSS pour Nasser et les USA pour Anouar El Sadate. « Ces coups de soleil » comme Kennedy l'écrit, ont affecté durablement la vision de ces chefs d'Etat.

Malgré cette peinture peu réjouissante, j'ai ressenti beaucoup d'égards pour la population égyptienne. Cette « masse » qui fait si peur aux gouvernants de tous les bords. Kennedy nous montre parfaitement l'ambivalence de ce pays ; « Au sud l'Egypte mythique, au nord, l'effort de modernité ; au sud, l'Afrique, au nord, l'Europe. »

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