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Critique de Eve-Yeshe


Samuel étudiant américain, peu argenté est venu passer quelques mois à Paris. Petit intermède avant d'intégrer Harvard, découvrir la magie de la ville, fuir une famille peu aimante.

Un jour, dans une librairie où une auteure est venue présenter son livre, il rencontre Isabelle, plus âgée que lui, mariée et le coup de foudre est immédiat. Ils vont se retrouver l'après-midi vers 17 h dans le studio où se situe le bureau d'Isabelle, traductrice de son métier.

Il tombe amoureux d'elle, à moins que ce soit plutôt amoureux de l'amour. Elle a subi un drame dans sa vie, son bébé étant décédé de la mort subite du nourrisson et elle s'en est mal remise, les blessures sont à vif, elle s'est contentée de continuer à vivre, pour se conformer à la tradition de la famille d'aristocrate de son époux. Lui, se console avec ses maîtresses sans même prendre la peine de se cacher. Alors ces rendez-vous de l'après-midi (on note au passage que c'est Isabelle qui décide du jour autant que de l'heure). Est-ce pour pimenter un peu ?

Cependant, tout a une fin. Sam doit rentrer aux USA, il aurait pu tout quitter pour construire un couple, une vie avec Isabelle mais elle l'a renvoyé dans ses pénates, lui annonçant qu'elle ne quitterait jamais son époux, son milieu aisé et que de toute manière elle voulait démarrer une nouvelle grossesse et donner une chance à son couple. En fait, elle n'est pas prête à abandonner sa vie avec Charles, elle est trop confortable : l'appartement luxueux, la maison familiale en Normandie…

Sam reprend donc ses études, il travaille d'arrache-pied car, comme il le dit si bien : « Contrairement à la plupart de mes condisciples, je ne me plaignais pas de l'emprise dévorante des études à Harvard. Ma vie ne contenait rien d'autre. »

Il rencontre une jeune femme, « libérée au lit » avec un comportement sadomaso souvent, cette violence contraste avec la douceur des relations qu'il avait avec Isabelle : il a choisi une femme complètement à l'opposé ; en fait ce serait plutôt Siobhan qui l'a choisi lui… Pour elle c'est un dernier défoulement avant de commencer une vie typique de l'Amérique des années 70. Elle est quand même lucide, a bien compris qu'il y a une femme dans l'ombre :

« Même quand tu auras trouvé ce que tu penseras être l'amour, tu te prendras à rêver d'une autre réalité. Tu ne poseras jamais tes valises. Ta solitude te hantera pour toujours, parce qu'elle fait partie de toi. C'est elle qui te définit » lui dit-elle !

Sam va tenter de se persuader qu'il peut tomber amoureux d'une autre femme lorsqu'il rencontre Rebecca, et finit par l'épouser. Il ne fait qu'obéir aux diktats de l'époque : un mariage ou plutôt une association de deux personnes compatibles qui ont les mêmes buts, dans la vie, un travail rémunérateur et qui confère un statut privilégié, des enfants…

Ce qui frappe dans ce roman, c'est d'abord l'aura de tristesse qui entoure Sam tout au long de son histoire. Sa mère est morte quand il était jeune, son père est d'une froideur extrême et il est sans cesse en quête d'amour, de reconnaissance, avec une estime de soi dans les chaussettes. Il a le chic pour tomber sur des femmes qui sont soit inaccessible, l'idéal de l'amour avec Isabelle qui ne peut que rendre les autres femmes ternes, car il subit sa vie au lieu de la vivre.

On baigne dans le mélodrame : Rebecca est « foldingue », elle relève de la psychiatrie, elle est alcoolique, obsédée par le rangement, et a complètement décompensé lorsque Sam a eu la promotion dont elle rêvait et qu'elle n'a pas eu dans le cabinet d'avocat où elle devait devenir associé… Elle se montre jalouse, une tigresse, mais même s'il est conscient qu'elle est malade, il continue à subir.

Sam est amoureux de l'amour, il ne cherche pas à agir, il préfère subir, et il est parfois lourd, le roman s'éternise car un pas en avant, deux pas en arrière. Il revoit régulièrement Isabelle, même si parfois des années s'écoulent entre deux visites, ils s'écrivent de la même manière, par période.

Douglas Kennedy nous offre une belle histoire d'amour et de souffrances, digne du Romantisme du XIXe siècle, avec des allusions fréquentes à « Madame Bovary » : Isabelle lui ressemble étrangement avec son ennui abyssal, et n'oublions pas que son mari se prénomme Charles. Il aurait d'ailleurs pu appeler son roman « La poursuite du malheur » ! (Clin d'oeil à un de ses romans précédents « La poursuite du bonheur »). Il insiste sur la sensibilité du héros, ses états d'âme, et le côté rédempteur de la souffrance. Certes, c'est jouissif intellectuellement, mais on plonge vite dans la victimisation.

Petit bémol : même si c'est une lecture agréable, car les personnages sont bien étudiés, et la plume de Douglas Kennedy est quand même belle ; on a de jolies réflexions sur l'amour, l'espoir, les regrets mais il faut s'accrocher parfois pour pouvoir résister à ce côté mélancolique, fataliste même qui plombe un peu la lecture…

C'est le troisième roman de l'auteur que je lis et je n'ai pas retrouvé la fougue, l'inventivité de « L'homme qui voulait vivre sa vie » ou surtout, « La poursuite du bonheur » qui m'avait tant plu…Quitte à baigner dans la mélancolie ou le blues, je préfère la plume d'Olivier Adam

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver un auteur que j'apprécie.

#Isabellelaprèsmidi #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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