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Critique de Pujol


Durée de la lecture environ 20 jours.

Etat d'esprit à l'entame : besoin de distraction.

Sam, étudiant américain en droit est en vacances à Paris. Il y fait la rencontre d'Isabelle, traductrice aux reflets roux et trompeurs. Passion physique. Sentiments intenses. Mais une relation cantonnée unilatéralement par la jeune femme à deux heures de temps. le cinq à sept proverbial. Pas plus, pas moins.

Deux heures à vivre plus fort et plus vite et vingt-deux heures à mourir à petit feu pour notre héros. Errance triste et esseulée dans un Paris qu'il tente de transformer en passe-temps géant. Chien des quais congédié, mis à la porte de son paradis et de ses fruits défendus.

En effet, Isabelle est belle comme son nom l'indique. Et bien mariée. Elle compte cependant sauvegarder sa vie bourgeoise et faire de ce rendez-vous une échappatoire sans risque à une certaine monotonie conjugale. 120 minutes à épargner.

Commence alors la valse lente et lassante à mon goût d'un Sam sans ego ni contours, balloté par sa soif d'amour inassouvie. Prêt à tout subir, à tout endurer. Et qui pour oublier sa qualité de valet de chambre, va se jeter à coeur perdu dans d'autres bras et d'autres pièges.

On l'observe se ruer vers des relations toxiques, de naufrages en catastrophes. Un peu poissard et toujours victime de l'indécision qu'il s'applique à mettre dans ses amours.

Cette case horaire devient son carcan. Une pièce dont les murs se rapprochent et dont le plafond s'abaisse lentement sur lui. Sam s'enfuie donc vers d'autres chambres qu'il pense plus grandes, plus spacieuses. Jusqu'à ce que le bruit sinistre des vérins hydrauliques se fasse entendre et que les parois se mettent à nouveau à bouger.

Alors, il part en courant. Encore. Il sait bien le faire. Il a une bonne foulée. Mais on le voit toujours finir son jogging devant le 9 Bernard Palissy et composer les numéros du digicode de la porte d'entrée qui le mène, inexorablement, vers Isabelle et alors...(d'ailleurs saviez-vous que le digicode date de 1970 ? Ah ben voilà ! Une lecture pas totalement inutile au final...)

Il m'a fait enrager cet homme boule de flipper, qui roule, qui roule, se fait rouler et remet toujours une pièce dans la machine.

Mais secoue-toi ! Hurle ! Fais-toi respecter que diable !

Il endure ces femmes sans jamais tirer de traits définitifs, sans jamais trancher. Il s'enlise, comme l'énergie du roman, en une platitude sans fin.

Je pense qu'avec ce héros, j'ai rencontré mon exact opposé en chirurgie amoureuse. Je suis un tenant de l'amputation en fin de relation pour éviter une gangrène fatale et généralisée. Alors que lui est un partisan du point de suture pointilliste, du "on verra" et de la porte entrebâillée.

Il y a aussi ce cinq à sept qui est vraiment trop pris au pied de la lettre par Douglas Kennedy. Je ne sais pas si cela vient de la traduction, mais "cinq à sept" est devenu une expression générale et ne signifie pas que tous les couples adultères hexagonaux se passionnent seulement entre 17h et 19h. Heure française. J'ai trouvé cela un peu artificiel.

J'apprends aussi que "benêt" est un mot d'argot. Ca risque de chauffer en cas d'altercation !!

- "Sale benêt !!"

- "Eh ooooh !! Mais vous êtes super vulgaire !!"

Autre chose m'a fortement déplu : les scènes de sexe, qui se veulent endiablées, moites et d'un érotisme débridées sont tombées, en ce qui me concerne, complètement à plat. Et même pas sur le ventre, ni sur le dos. A plat comme un oeuf plutôt :

"A compter de ce soir-là, j'ai passé mes journées enfoui dans mes livres et mes nuits encore plus profondément enfoui dans Siobhan."

Le décor est planté si j'ose dire. C'est un chantier archéologique. On cherche une statuette ityphallique romaine.

Dans mon agenda littéraire, si on a coché “Isabelle l'après-midi”, je m'empresse de noter “Douglas Kennedy pas avant un certain temps”.

Le manque de rythme récurrent, quelques niaiseries sentimentales et mon irritation récurrente envers le personnage principal a tout recouvert, comme les cendres de ma bibliothèque incendiée de rage.

Cela a compromis irrémédiablement ma lecture. Dénouement inclus qui se voulait pourtant délicat et émouvant.

Et pourtant on sent que lorsque l'auteur parle du divorce, de la société américaine et de son hypocrisie il a bien des choses à dire. On se rassure. Mais c'est d'autant plus désolant. J'avais apprécié ma lecture ancienne des "désarrois de Ned Allen". Mais alors ce livre...

Etat d'esprit en sortie de roman : lassé et énervé.





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