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3,74

sur 459 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vous aimerez sûrement Pendizack et son petit coin charmant en bord de mer sur la belle côte des Cornouailles. L'Hôtel du Manoir comme un petit nid sur son promontoire finirait de vous séduire. Oui mais voilà, la belle auberge n'existe plus, elle s'est écroulée sous les chutes de pierre de la falaise.
Sur les 23 pensionnaires de l'auberge, 7 sont morts en ce mois d'août 1947. Ce constat macabre en début de livre aurait pu être un drame classique.
Le Festin de la romancière anglaise Margaret Kennedy née en 1896 dont c'est ici la 3ième réédition revisitée et traduite par Denise van Moppès aux éditions de la Table Ronde prend au contraire une toute autre tournure. C'est une délicieuse et vénéneuse tragi-comédie, un jeu littéraire détonnant sur les 7 pêchés capitaux où l'on sent l'amusement de sa créatrice.

Sous une plume caustique ravageuse, Margaret Kennedy fait cohabiter un sacré microcosme de la société anglaise d'après-guerre que rien ne destinait à se rencontrer sauf la pénurie et les tickets de rationnement.
Un nouvel élan voit le jour avec des désirs d'épanouissement personnel et de liberté individuelle qui s'opposent aux petites mesquineries et grandes pingreries d'un ordre ancien. Tout ce petit monde se retrouve dans l'auberge pittoresque tenue par la brave Mrs Siddal.
Un drôle de mouton à cinq pattes que j'ai adoré suivre pendant 7 jours.

J'ai aimé découvrir et reconnaître les 23 personnages à travers un trait de caractère, la physionomie, leur personnalité, un journal intime, une lettre, des monologues intérieurs et leurs savoureux échanges. J'ai aimé suivre leur évolution, presque une métamorphose physique et mentale en même temps que se déroule l'histoire comme c'est le cas pour Mrs Paley, Evangeline ou Mrs Cove. Les personnages sont nombreux, adultes et enfants mais ils sont facilement reconnaissables.

A l'Hôtel du Manoir avec ses jardins et ses écuries, c'est une pièce de théâtre au grand air qui se joue.
On ouvre les volets, on ferme les portes. Qui vient, qui sort, comme la manière loufoque de Mr Siddal de sa pièce à cirer les chaussures.
Je me suis prise à ce jeu espiègle de savoir qui est quel pêché.
J'ai aimé me souvenir des 7 péchés capitaux tout au long des 7 chapitres qui amènent à ce joyeux festin des petites Cove au goût de jugement dernier.

A noter la très belle couverture de Mathieu Persan qui ajoute au plaisir de la lecture.


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Dés le départ, on est prévenu, une partie des personnages sera victime d'un accident à la fin...
( Et l'on prie tout du long, pour que ce ne soit pas nos préférés ! )


On est en 1947 dans les Cornouailles, et la famille Siddal a transformé son manoir en hôtel de charme. de charme, parce que sa situation au pied d'une falaise dans une petite crique n'a rien de banal. On a là, Madame, qui travaille dur pour que ses fils puissent faire des études supérieures, et Monsieur qui n'en fiche pas une. On a une intendante acariatre et feigniasse, colporteuse de ragot et une jolie domestique, Nancibel qui ne peut pas la supporter. Arrive un couple qui est en deuil de leur fille unique, un autre à la tête d'une famille de quatre enfants turbulents, dont trois ont été adoptés, une veuve et ses trois filles tristounettes, un homme d'église qui fait vivre l'enfer à sa fille, et une écrivaine délurée accompagnée de son chauffeur-gigolo. Tout un panel de clients, qui au fil de la semaine vont intéragir, se transformer, transformer les autres, faire le bien , ou faire le mal. Agitez dans un chekker et tout est réuni pour une grosse crise ou Un Festin ..
Et à la fin, il n'en restera qu'une poignée...
"Plouf, plouf !."


C'est un roman qui a beaucoup de charme, on est dans l'après guerre et certains n'ont rien oublié des privations.
Autant de caractères différents a un effet cocotte-minute auquel vient se rajouter cette falaise qui va ensevelir l'hôtel, faisant un nombre certain de victimes, et donc, il y a comme une petite bombe en attente d'exploser durant notre lecture .
Le suspens cohabite avec un style que n'aurait pas renié une Barbara Pym. l'histoire se passe en 1947. ..
On a aussi un petit côté cynique, un petit côté jubilatoire car ce roman est une fable, comme un exercice de style, construit autour des sept péchés capitaux que sont : la colère , l'avarice , l'envie , l'orgueil, la gourmandise , la paresse la luxure, représentés chacun par un personnage, parfaitement identifiable et parfaitement détesté par le lecteur. Forcément , à la fin, on a envie que ce soit ceux-là qui meurent !

Le tout est malin, jubilatoire, sacrément bien écrit, et très agréable à lire.
Alors, un petit séjour d'une semaine à l'hôtel Pendizack, ça vous dit ?


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Je n'ai pas lu la saga des Cazalet mais je me suis laissée tenter par le festin quand j'ai appris que l'histoire se passait en Angleterre dans les Cornouailles en 1947.

En quelques pages, je me suis retrouvée dans un hôtel situé au bas d'une falaise tout en sachant que cet hôtel allait finir enseveli mais que tous les pensionnaires n'allaient pas mourir.

Ainsi le festin, roman publié en 1950, et réédité avec pertinence par les Editions de la table ronde en 2022, mêle certains ingrédients d'un bon livre d'Agatha Christie pour le côté suspense et des épisodes de Dowtown Abbey dans l'incroyable galerie de portraits (celles des clients, de la famille de propriétaires mais aussi du personnel).

Sept jours vont ainsi s'égrener pendant lesquels nous faisons connaissance des propriétaires désargentés et de leurs trois fils, d'une veuve Mrs Cove et de ses trois fillettes, d'un couple muré chacun dans son silence suite à un drame, de la lumineuse Nancibel et de l'acariâtre Miss Ellis.

C'est un régal à lire car la plume de Margaret Kennedy est fine, intelligente, incisive et so british (avec l'humour qui va avec).

La réussite tient aussi des relations qui vont se nouer entre les différents pensionnaires, comment ces rencontres vont les changer, les révéler, les transformer.

Et puis bien entendu comme en tant que lecteur, on sait dès le début que la falaise va s'écrouler, cela amène une dose de tension et d'impatience.

Je pensais que ce festin serait léger mais inconsistant. Il n'en est rien car il est aussi une très savoureuse photographie de l'Angleterre d'après guerre et des rapports de classe. J'aurais presque aimé une suite pour retrouver les personnages !

Suspense, humour anglais, plume fine et piquante sont les ingrédients de ce roman jamais trop sucré et que j'ai dégusté jusqu'à la dernière bouchée avec une véritable délectation.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Oh, cette fête de lecture, ce festin offert par Margaret ( et non Babette😉) ! Publié en 1950 en Angleterre, ce livre situe son intrigue lors de l'été 1947, en Cornouailles ,durant cette période difficile de l'après-guerre.

Et quelle intrigue originale! le prologue , habilement, révèle au lecteur qu' un événement tragique s' est produit: l'écroulement d'une falaise fissurée, écrasant un hôtel...et certains de ses occupants. Mais lesquels? Car il y a des survivants...

Tout le roman est un retour en arrière, un compte à rebours, pendant une semaine , jusqu'à l'instant fatal. Nous découvrons avec jubilation, grand intérêt, à travers des lettres, leurs pensées, leurs agissements, les personnages évoluant dans ce microcosme social de l'hôtel. Mis à part quelques-uns, on peut dire qu'ils sont tous un peu tordus, gangrénés par un vice. La palme d'or revenant pour moi à une certaine Mrs Cove...mais je n'en dirai pas plus, à vous maintenant de les découvrir!

L'analyse psychologique est fine, ironique, réjouissante. Des adultes, des enfants se présentent à nous, et nous entrons dans leur for intérieur , souvent tourmenté, parfois cruel. Au fur et à mesure, nous nous attachons à quelques-uns. Et c'est tout le talent de l'auteure: nous voulons savoir s'ils vont s'en sortir. Un suspens où le festin organisé prendra tout son sens ...Beaucoup de symboles sont à observer, notamment celui du chiffre sept.

Vraiment un grand plaisir d'être témoin de ces moments determinants dans la vie d'un groupe ,happé par le destin. Je recommande ce livre!
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Je suis toujours très faible face à la littérature anglaise…si bien que le festin, découvert dans un post enthousiaste sur Instagram n'est pas resté bien longtemps loin de ma table de chevet. Bien m'en a pris car j'ai passé un moment délectable avec ce roman caustique, publié en 1950 par une écrivaine à l'oeil aiguisé. le postulat de base ressemble assez à celui de Paris Briançon de Philippe Besson. Un groupe de personnes, une catastrophe annoncée (ici l'effondrement d'une falaise sur un hôtel) et des morts. Et la découverte des potentiels victimes dans les 7 jours précédant le drame…
De l'avocat désabusé au chanoine colérique, ce sont de délicieux portraits, fins, drôles que Margaret Kennedy esquisse dans ce roman choral. Elle dresse également un état des lieux de la vie sous rationnement en 1947 dans un petit village anglais. La narration est multiple (journal, lettres, dialogue…) et racontée avec beaucoup d'humour. La tension monte (un peu) au fil des pages ; On espère en effet jusqu'au bout une survie des personnages les plus attachants.
J'ai adoré 😍 (comme souvent dans tout bon roman anglais qui se respecte 😉)
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Le révérend Bott a l'écriture trop brouillonne pour savoir se relire. Alors il tape ses sermons à la machine à écrire. Evidemment, le résultat est presque plus calamiteux puisqu'au peu de variations que consentent ses pattes de mouche se substitue l'infinie combinatoire d'une alternance anarchique des majuscules, minuscules, des signes de ponctuation indus, du dangereux voisinage de pas moins de sept touches autour de la lettre que ses doigts malhabiles auraient dû frapper. Minuscule coin enfoncé dans l'orthodoxe dessein divin, les sermons du révérend en prennent un tour absurde délicieusement piquant.

Quant à Mrs Paley, aussi ridicule que ce soit, elle rêve de partir en Chine sur la foi des souvenirs qu'elle a d'un paravent de son enfance. Avec « un lac et des gens qui pêchaient sur de légers esquifs parmi des rochers aux étranges volutes ». Quel pays merveilleux ce doit être que cette Chine-là ! Avec ce qu'est son quotidien auprès du sinistre Mr Paley, on conçoit qu'elle s'y évade.

Mrs Ellis vient d'on ne sait quel monde. Il semblerait qu'elle ait frayé dans des cercles autrement huppés par le passé. L'aigreur aura sans doute corrompu son tempérament. A moins que ce revers de fortune ne soit justement dû à un épouvantable caractère. La voilà, toujours est-il, à servir dans ce nouvel hôtel sur la côte anglaise au pied des falaises.

Mr et Mrs Siddal n'auraient pas autrement les moyens de subvenir aux études de leur cher Duff. En ce bel été 1947, ils ont donc ouvert leur maison aux hôtes payants. Mrs Siddal s'épuise en cuisine. Mr décline un mélange d'agressivité passive et de condescendance houleuse depuis le placard à chaussures qui lui sert désormais de chambre. Gerry, l'ainé qui est médecin, ne compte que pour offrir ses revenus à sa famille désargentée et se plier à toutes les corvées que réserve ce nouveau projet. de toute manière, serviable et couvert de boutons comme il est, à quoi d'autre serait-il bon ?

Et puis, Lord et Lady Gifford, leur quatre enfants. Les trois petites Cove et leur épouvantail de mère. le chanoine Wraxton et sa fille au moins aussi hystérique qu'il est fou furieux, la délicieuse Nancibel, Fred, Robin, la sulfureuse Anna et son chauffeur Bruce.

Et une bonne partie de ce joli petit monde va périr écrabouillé sous un pan de falaise qui détruira impitoyablement l'hôtel et ses hôtes encore présents.

Non, ne tapez pas, je vous promets, je ne gâche rien, ce fait est connu dès les toute premières pages du roman.

Qui en revanche ? Ca, je ne vous le dirai pas. Il faudra le découvrir au terme des sept parties de ce livre comme autant de jours qui séparent ce joli samedi initial du vendredi de la catastrophe.

Mis dans la confidence, le lecteur a ce trouble statut de voyant et de juge. C'est depuis cette place qu'il assiste au spectacle souvent indigne des actions des uns et des autres. Dans une Angleterre traumatisée moins par la guerre que par les trahisons qu'elle a provoquées, il faut faire avec les déserteurs revenus des Etats-Unis où ils avaient fui la disette et les bombes, les tickets de rationnement que d'aucuns prétendent marchander, les courages qui se sont débinés et les drames qui sont restés tus. Il faut accepter la ruine des grandes fortunes, la montée des classes laborieuses et la difficulté à garder une conduite dans un monde effrayant.

Quelle différence entre l'orgueil et la dignité ? Entre la patience et la soumission ? N'y a-t-il aucune morale à tenir et seul un plaisir à pourchasser ? La guerre doit-elle excuser les comportements les plus abjects ou le vers était-il dans le fruit bien longtemps auparavant ?

Sous ses atours grotesques ou grinçants, la farandole de personnages en vacances à l'hôtel des Siddal pose ces questions avec une urgence qu'explique leur situation souvent désespérée. Et loin d'y répondre avec toute la componction qu'on attendrait d'une romancière de bon ton, Margaret Kennedy s'appuie sur un sens affirmé du caustique pour clamer que le dogme étouffe et que la charité n'est rien que d'humain.

Mais c'est drôle. Délicieusement, légèrement drôle. A la manière d'une comédie bien sûr, avec des fêlures qui rappellent certains personnages de Dickens, d'autres qui m'ont fait penser à Beckett s'il avait été lâche ou flegmatique. C'est drôle et acidulé. On y trouve assez d'humour et de lucidité pour retremper son courage et se dire que, si le ciel est vide, tout n'est pas perdu pour autant.
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Passer l'été dans un petit hôtel familial des Cornouailles, voilà le programme des protagonistes de ce roman.
L'intrigue se déroule en 1947, et les souvenirs de la guerre sont encore frais, ainsi que les privations.
Mais ce qui va rendre l'atmosphère très particulière, c'est que dès les toutes premières pages, on apprend que la falaise s'est écroulée et qu'elle a enseveli l'hôtel et ses occupants.
L'auteure nous propose de revivre la semaine qui a précédé ce drame, nous permettant ainsi de nous familiariser avec tous les personnages : les propriétaires de l'hôtel, leurs domestiques, leurs hôtes plus ou moins charmants, tels qu'un chanoine et sa folle de fille, une veuve et ses trois petites qui semblent bien moroses, une femme écrivain un peu fantasque et son chauffeur, une famille dont la maman semble très malade....
L'auteure se moque allègrement de tout ce petit monde et nous dépeint cette semaine de vacances avec beaucoup d'ironie.
Le suspense est bien présent, puisqu'on ignore qui a été écrasé par des tonnes de rochers et qui a miraculeusement survécu.
J'ai dévoré ce roman à l'ambiance surannée avec un grand sourire.

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Je n'avais jamais entendu parler de Margaret Kennedy. C'est la lecture commune proposée par Gwen qui m'a donnée l'occasion de découvrir cette auteure. Je n'ai pas eu beaucoup le temps de participer aux échanges mais j'ai beaucoup apprécié ma lecture. En fait, j'ai dévoré le roman en 3 jours à peine.

« le festin », c'est tout à fait le genre de roman choral que j'apprécie. le roman réunit tous les ingrédients qui font une réussite dans ce registre. : un contexte intéressant, une galerie de personnages soignée, des intrigues et sous-intrigues prenantes, un style et une tonalité personnels.

L'histoire prend place dans l'Angleterre de l'après-guerre et on voit bien, au cours du récit, combien le conflit a laissé des traces, parfois même des cicatrices, dans la société.
Kennedy concocte une galerie de personnages savoureuse. Les caractères sont bien brossés et les rapports entre personnages permettent d'aborder des thèmes riches et intéressants, notamment les rapports de classe. La caractérisation des protagonistes est globalement fine. Les personnages plutôt positifs, auxquels on s'attache et pour qui on prend fait et cause, ne sont pas simplistes pour autant, ils ont leurs défauts, leurs défaillances mais on les apprécie malgré cela. D'autres, en revanche, sont particulièrement odieux. Ceux-là, sont un peu plus caricaturaux mais cela n'entame pas le plaisir de lecture tant on aime les détester.
Les diverses intrigues qui composent le récit sont toutes intéressantes, parfois même haletantes. Il y a une vraie tension, un véritable suspense instaurés dans ce roman, notamment dans l'intrigue principale qui scellera toutes les sous-intrigues dans un dénouement qu'on a une impatience de découvrir tout au long de la lecture.
L'écriture de Kennedy est très séduisante. J'aime bien quand une peinture sociale a une tonalité acide. C'est le cas ici, le récit est corrosif tout en ayant une légèreté très agréable. En mêlant humour, émotion et ironie, l'auteure pointe du doigt les travers humains.

« le festin » a vraiment été une très chouette découverte et j'en remercie Gwen. Je compte bien ne pas en rester là avec cette auteure.
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Un roman que j'avais mis dans ma liste de Noël. Attirée par la couverture, un podcast, une critique lu quelque part, je ne saurai dire...

En tout cas, ma soeur me l'a offert et je l'ai lu ces dernières semaines avec un grand plaisir.

Dès le départ, on connait la fin. le talent de Margaret Kennedy est de nous faire découvrir les différents personnages, leurs fêlures, leurs défauts... et de ce qui va permettre à certain.e.s de s'en sortir indemnes.

J'ai aimé le style mordant, les critiques acerbes des différentes classes sociales représentées par les différents personnages, la vision sans fard de ce monde post seconde guerre mondiale. Finalement, on s'aperçoit que le monde ne change pas tant que cela...

Je n'ai pas mis 5 étoiles car certains des personnages sont trop caricaturaux, trop binaires. Ils auraient mérités d'être un peu plus équilibrés pour être plus crédibles.

Tous ceux / toutes celles qui aiment la littérature anglaise devraient apprécié ce court roman.



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Le festin a de faux airs de jeu de famille à l'anglaise. Prenez une pension de famille au bout d'une plage de Cornouailles sous les falaises (qui vont jouer un rôle crucial, nous le découvrirons) et à côté d'un petit village. Ajoutez y ses propriétaires, une famille ruinée dont les fils logent à l'écurie pour libérer des chambres pour les pensionnaires, son personnel, sympathique femme de chambre au coeur brisé par un mariage déçu ou vieille gouvernante acariâtre. Puis faites entrer les hôtes qui vont remplir petit à petit l'hôtel : un couple en deuil depuis le décès de leur enfant unique, une riche famille dont la mère alitée laisse ses enfants faire les 400 coups, une écrivaine et son jeune chauffeur-qui-est-sans-doute-un-peu-plus-qu'un-chauffeur, un pasteur colérique et sa fille terrorisée... Comment tout ce petit monde va-t-il cohabiter et surtout qui restera-t-il à la fin ?, puisque nous apprenons dès le début du roman que la falaise s'écroulera d'ici la fin de semaine en ensevelissant une partie des habitants...

Le jeu de mots est facile mais il résume parfaitement mon ressenti à la lecture de ce roman : je me suis régalée avec ce Festin ! On y trouve tous les ingrédients essentiels à une excellente lecture. Tout d'abord une galerie de personnages hauts en couleur, chacun caractérisé en quelques lignes par l'auteure qui a un talent certain pour brosser des portraits à la fois attachants et saisissants. Ensuite le petit côté jeu de piste à la Dix petits nègres : le lecteur fait petit à petit connaissance de tous les occupants des lieux, en compte 24 et sait déjà qu'il en manquera 7 à la fin... mais lesquels ! Et bien sûr l'unité de temps : 7 jours pas un de plus, décomptés inéluctablement puisque chaque chapitre correspond à une journée de cette semaine maudite qui se terminera par l'accident. L'auteure rend son roman extrêmement vivant en mêlant divers supports pour raconter son histoire et celle de ses différents personnages : courriers, journal intime, récit des uns et des autres, on passe d'un point de vue et d'un personnage à l'autre et on se délecte à reconstituer les actions des uns et des autres et les différentes facettes d'une même histoire.

Le festin est un roman mené tambour battant, plein de peps et d'humour, de charme anglais et de qualités littéraires. J'étais un peu inquiète à l'idée qu'il soit trop daté en découvrant qu'il avait été en fait écrit en 1950 (je croyais au départ que c'était un roman contemporain) mais il n'en est rien. L'histoire n'a pas pris une ride et nous replonge avec délices dans l'époque de l'après guerre, les événements tragiques qu'ont vécu les personnages, les tickets de rationnement et l'obsession pour la nourriture après tant de privations, le contexte politique agité. Non vraiment, je n'ai trouvé aucun défaut à cette lecture, c'est un vrai petit plaisir dont on tourne les pages à toute allure en regrettant que l'énigme soit déjà résolue. Pour un peu je le relirai presque pour profiter encore plus de tous les petits cailloux que sème l'auteure au fil des pages comme autant de clins d'oeil à son lecteur perspicace. A découvrir, merci à Iris29 dont la critique enthousiaste m'a convaincu d'emprunter ce livre à la médiathèque !
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