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Critique de michfred


Mirage, comme son nom l'indique, est un roman en trompe-l'oeil..

Un polar? Non, pas vraiment et même vraiment pas: l'énigme du- mari -qui- n'est- pas -celui -qu'on-croyait-avoir-épousé est vite oubliée, elle s'enlise dans les sables sahariens, et perd tout intérêt pour l'héroïne, et pour nous..

Un roman psychologique? Pas plus: Robyn, l'héroïne, NE PEUT PAS CHANGER , elle est insubmersibe, inoxydable, indécrottable... Après son périple "initiatique" en terra incognita (j'y reviendrai) , elle reste et demeure inébranlablement... une expert-comptable américaine qui croit que tous les bienfaits se rendent par une belle somme d'argent versée à ceux qui ont risqué leur vie pour elle, que tous les pièges tendus par des méchants assez peu convaincants (ils lui offrent le gîte et le couvert, et la "livrent"...à l'ambassade américaine en dernier ressort, on ne fait pas plus galant!) se détricotent à coup de tractations financières.. et qui obtient toutes les complicités ou les aides nécessaires à coup de bakchiches...

Cette propension américaine à dégainer le dollar est d'autant plus gênante qu'il s'agit d'un périple au Maroc, et qu'elle a donc de forts relents colonialistes et impérialistes......

Alors, peut-être, MIRAGE, un roman initiatique, un de ces récits de voyage, qui vous font rêver? Moi aussi, je suis allée plusieurs fois au Maroc..;et j'ai eu l'impression en lisant Mirage de voir se déplier un prospectus touristique: tout y est, et rien n'a le son ni le goût du vrai..Pas même une note exacte pour Essaouira le grand port sardinier, qui brille de tous les feux de la sardine au soleil..Cette ville , dessinée par un prisonnier français sans doute plein de nostalgie, est en fait un fort à la Vauban...Un coin de Bretagne aux couleurs du Portugal, adossé au désert, balayé par les vents de l'Atlantique et plutôt aéré! Maroc, terre de contrastes! Donc, pas un roman de voyage non plus. Mieux vaut lire une pub du défunt club Méd'...

Mais un voyage, c'est aussi la rencontre, en pays étranger, des hommes et des femmes de ce pays , me direz-vous.!!

Pas plus! Tous les clichés humains sont au rendez-vous: les affreux violeurs du désert sont "compensés" par les berbères au coeur sur la main, le vilain gay -obèse -escroc (n'en jetez plus!) est "rééquilibré" par le gentil et timide marchand berbère pauvre mais honnête. Notre expert-comptable indemnisera ce dernier une première fois, place Jmaa- el-Fnaa, en vendant à un joaillier ( juif ) le diamant (de Tiffany) offert par le vilain mari fugueur (mais artiste coté) et la montre (Rollex ) de papa - même en plein désert, traquée par tous et abondamment violée, une expert-comptable américaine a toujours de la ressource, comme on voit!

Le seul mirage vraiment volontaire du livre est ce mari disparu et en fuite que la narratrice et héroïne aperçoit plusieurs fois sur sa route, et même en plein New York, à son retour, et qui soudain se dissipe comme si le paysage saharien ou urbain l'avait avalé...Ce n'est donc pas dû à une insolation marocaine de notre expert-comptable déboussolée...

Un soupçon de fantastique dans Mirage?Que nenni: la dimension Stephen Kingienne du récit elle aussi se perd dans des sables inexpliqués..

J'avais lu avec plaisir deux ou trois autres livres de Douglas Kennedy, il y a longtemps. Je n'ai hélas pas retrouvé ce plaisir cette fois-ci, et j'en suis désolée pour les Editions Belfond et Masse critique de Babélio, que je remercie de nous associer à une lecture critique en toute liberté.

MIRAGE, pour moi, s'est dissipé sans laisser de traces, une fois le livre refermé...
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