Ses tentatives visant à être un père responsable consistaient bien souvent à enseigner à ses fils ce qu’il avait lui-même appris de son frère aîné en l’absence de leur propre père, à savoir des apprentissages pour la frime, inutiles pour la plupart, par exemple faire les clins d’œil, claquer des doigts, siffler et cracher, tailler le bois au canif, gober des cacahuètes, lancer un couteau afin qu’il se plante dans la cible, assener un coup de poing, dénicher des pointes de flèche dans les herbages, mais parfois aussi des connaissances pratiques – distinguer les serpents-taupes des crotales grâce à leur cou, tenir un pistolet, une carabine et un fusil (même s’il éprouvait une vive aversion pour la chasse et ne laissait jamais ses fils tirer sur des animaux en sa présence), et enfin il leur avait appris à conduire, d’abord à Troy, puis à Harlan, qu’il rehaussait avec un oreiller pour qu’il atteigne le volant. Le secret du bon conducteur, expliquait Bill, c’était de poser le regard sur la route à distance intermédiaire, ni trop près du capot ni trop loin vers l’horizon.
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