Depuis vingt minutes environs, Luigi Torreto tournait dans la pièce comme un lion en cage. Sous l'effet de la colère et de l'impatience, son lourd visage avait pris un aspect encore plus sinistre que d'habitude. Les poches qui soulignaient ses yeux globuleux paraissaient gonflées et bleuâtres.
Il se mit à jurer sourdement entre ses dents. Puis pour maîtriser ses nerfs, il se contraignit à s'asseoir dans le vieux fauteuil qui se trouvait près de la fenêtre aux volets fermés. Dehors, dans la ruelle, on entendait gémir le vent nocturne. Des bruits sournois et irritants peuplaient la nuit : une porte grinçait dans la cour, une barque mal attachée faisait clapoter l'eau du rio contre le quai, un chat en vagabondage secouait le lierre de la façade.
(incipit)
De Genève à Zürich et de Zürich à Berne, il fallait compter environs 400 bornes. Par conséquent, en faisant vite et en réduisant au strict minimum la halte à Zürich, le coupable pouvait s'amener d'un instant à l'autre.
Pour la troisième fois au moins, Francis sortit machinalement son paquet de Gitanes. Mais il le fourra derechef dans sa poche en soupirant. Pas question de fumer, hélas. L'odeur du tabac aurait éveillé la suspicion de Herr Müller...
Ils commencèrent par déshabiller complètement le mort. Ensuite, ils descendirent le cadavre dans la cave. C'était une cave qui devait dater de plusieurs siècles. Les murs avaient un mètre d'épaisseur, les voûtes arrondies du plafond étaient suintantes d'humidité.
Luigi, à la lumière d'une bougie, découpa alors, au moyen d'un rasoir et d'une petite hache de boucherie, la tête, les mains et les pieds du macchabée.