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Critique de Ellane92


Je ne connais pas grand-chose de l'Islande, excepté que c'est, comme son nom l'indique, une ile, qu'elle est couverte de glace et peu peuplée (ça c'est à cause de la coupe du monde...). Avec ce premier roman d'Hannah Kent, je sais à présent qu'au XIXème siècle, on y vivait de ce que l'on produisait, que même les "nantis" qui n'étaient pas que fermiers avaient du mal à joindre les deux bouts, ou tout simplement à isoler avec du bois les murs de leur maison, que tout le monde, maitres, employés, invités, dormait dans la même pièce, le badstofa, et que c'est en 1830 qu'a eu lieu la dernière application de la peine de mort pour une femme. Cette femme s'appelait Agnes Magnusdottir, et avait tué, à l'aide d'un homme et d'une autre femme, deux hommes, dont l'un était à la fois son employeur et son amant.
A la grâce des hommes raconte les derniers jours d'Agnes à Kornsa, dans une ferme obligée de l'accueillir jusqu'à ce que soit fixée la date de son exécution. Elle y sera servante, et devra tenter de se repentir de ses pêchés afin de se remettre dans les petits papiers du Créateur qu'elle ne tardera pas à rejoindre.

Il y a beaucoup de choses que j'ai aimé dans ce roman. La reconstitution de la vie du XIXème siècle en Islande, très bien réussie, est sans doute ce que j'y ai préféré. Qu'il s'agisse des activités, des modes de vie, de la nourriture, des habits, on se sent complètement immergé dans cette société. J'ai beaucoup aimé également les portraits d'Agnes et de Margret en particuliers. Deux femmes fortes et intelligentes dans un monde gouverné par des hommes, chacune sachant sa fin proche. Il faut dire que les hommes de cette histoire ne sont spécialement présentés sous leur meilleur jour, sauf peut-être le gentil et naïf sous-révérend Toti. L'alternance de la vie à Kornsa et des évènements qui y ont conduit Agnes, des poèmes et autres correspondances, rythment gentillement le récit, et il y a même un semblant de suspense quant à ce qui s'est réellement passé à Illugastadir, le lieu du double meurtre.
Dans "La note de l'auteur" en fin d'ouvrage, Hannah Kent explique que les ouvrages se rapportant au double meurtre d'Illugastadir "tendent à donner d'Agnes l'image d'une sorcière inhumaine, attisant les pulsions meurtrières". Son intention était "d'offrir aux lecteurs un portrait plus contrasté de cette femme". Et c'est un peu là que se trouve ma légère déception vis-à-vis de cette lecture : il y a un parti pris trop visible d'innocenter, ou en tout cas, de défendre le "cas Agnes Magnusdottir", au point d'affadir un peu, de mon point de vue, la modernité du personnage.
Mieux vaut en tout cas ne pas être à la merci des hommes, et ne pas s'en remettre à leur grâce !
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