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Qu'est-ce que l'Islande représente pour vous ? Pour moi en tout cas, l'Islande est un petit pays avec tout pleins de volcans dont un au nom imprononçable qui a sacrément emmerdé le trafic aérien il y a quelques années. C'est également une contrée sauvage, quasi désertique, où on doit se peler une majeure partie de l'année. C'est aussi un pays attaché à ses traditions, un pays de valeureux Vikings aux noms également imprononçables. Pour finir, c'est un pays qui a dit non au diktat des banques et dont le partie pirate est en passe de gagner les prochaines élections (rien que pour cela, ce pays intrigant mérite le détour ;). Vous l'aurez compris, dans ce roman il est donc question d'Islande et d'Islandais. En revanche, point question ici du présent mais plutôt du passé. Et on remonte loin puisque notre histoire se déroule en 1828. Hannah Kent (qui n'a rien d'islandais vous l'aurez également remarqué) s'est emparée d'un fait divers local : la condamnation à mort d'Agnès Magnusdottir pour le meurtre de son employeur et amant, Natan Kettilson. A l'époque, colonie danoise, l'Islande exécutait rarement ses prisonniers (peu de délits menaient à de telles extrémités). Premier point surprenant. Deuxième point surprenant, la détenue sera exécutée en Islande et non pas envoyée au Danemark comme c'est la norme pour y subir le baiser de la grande faucheuse. Comment gérer la captive en attendant de faire venir une hache du continent, spécialement dédiée à cette tâche ô combien ingrate ? Quel bourreau désigner ? Bref, une mise à mort n'est pas une partie de plaisir question logistique. Cela prend du temps et en attendant, Agnes Magnusdottir doit crécher quelque part. Et bien ce sera chez Jon, l'assistant du commissaire Blondal, auprès de son épouse et de ses deux filles, qu'Agnès passera ses derniers mois. Sympa comme idée vous trouvez pas ? Ce n'est évidemment pas du goût de la famille qui n'a pas franchement envie d'accueillir comme l'enfant prodigue, au coeur de leur intimité, cette pécheresse à la sacrée réputation.
Car Agnès ne laisse pas indifférente la population locale qui la connaît bien. Des fermes, elle en a fait depuis sa plus tendre enfance, passant dans les mains d'employeurs plus ou moins attentionnés, de tâches plus ou moins ingrates. Jusqu'à sa rencontre avec Natan Ketillson qui la fascine. Athée assumé (dans un pays plus cul-bénit tu meurs), séducteur invétéré, grande gueule à la gouaille et au verbe fleuri, guérisseur/sorcier réputé, c'est un homme à la fois craint et respecté, tantôt admiré, tantôt méprisé. Pour autant, sa mort provoque une onde de choc et on réclame à corps et à cris la tête d'Agnès la catin, celle qui a accepté de partager sa couche avec un homme hors les liens sacrés du mariage. On pardonne moins à une femme qu'à un homme, c'est tellement plus simple et jouissif. Il faut un exutoire, un bouc-émissaire, comme pour les jeux cirque. Un homme libertin c'est une chose, une femme amoureuse qui se donne du plaisir c'est autre chose ! Ah société bien pensante même dans ses bas-fonds, qui n'aime rien moins que condamner. Mais qui connait Agnès ? Que sait-on de son passé, de ses aspirations, de ses rêves brisés, des épreuves qu'elle a dû traverser ? Quels secrets cache-t-elle, notamment sur les circonstances de la mort de Natan ? Entrée comme paria, Agnès partage peu à peu le quotidien de ses geôliers, nouant malgré eux une relation maître/domestique qui se mue en quelque chose de plus intime, de plus profond. Et derrière tout cela, la vérité, dans sa plus pure et terrible forme. Sont-ils prêts à l'entendre ?
C'est une bien belle histoire que nous raconte Hannah Kent et une performance que celle de donner vie à un fait divers remontant à aussi loin. Effarant également ce que les sociétés et les préjugés changent peu, surtout quand ils agit de la place de la femme et du regard porté sur elle. Cette histoire venant du froid aurait pu se dérouler partout ailleurs et encore aujourd'hui. Hannah Kent donne la voix à cette femme, abandonnée étant enfant, qui dût s'élever par la seule force de sa volonté et de son courage, femme lettrée et instruite qui a souhaité vivre pleinement son existence, aimée et amante, libre et forte. Pour cela, la société ne lui pardonnera pas cette offense et la condamnera. Ainsi soient les hommes. Ainsi soient les femme
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Agnes, dans l'attente de son exécution de condamnée à mort pour avoir tué son amant, est envoyée, par le gouvernement, dans une famille de fermiers pour y travailler. Elle est accueillie comme une pestiférée et chaque membre évite tout contact avec cette criminelle qui les dégoûte et leur fait peur. Il faut préciser qu'ils dorment tous dans la même pièce. Ses premières phrases seront pour Totti, jeune révérend qu'elle a choisi. Durant ces sept mois, dans cette ferme isolée où les hivers sont longs, ce sera d'abord avec la fille, puis avec la mère qu'elles vont s'observer, s'apprivoiser, se dévoiler, s'attacher….

Ce roman, dont la toile de fond est la mort, décrit les dures conditions des fermiers et surtout des servantes, les longs hivers sous la glace. Histoire touchante, personnages bien décrits, style propre, odeurs (mauvaises) présentes. Très délicat de la part de l'auteur ses notes sur la prononciation de l'islandais, ainsi que son explication sur les patronymes.
Bel hommage pour la dernière personne condamnée à mort en Islande.
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Islande, 1828

Basé sur l'histoire vraie d'un double meurtre à Illugastadir, ce roman nous emmène dans le nord de ce pays de glace et de feu. Une plongée passionnante dans la vie des campagnes islandaises du XIXème siècle, une immersion dans les badstofas des fermes où un climat froid régit la vie quotidienne : les élevages de moutons, la préparation du boudin par les femmes, un endroit où même le café est un produit de luxe... Dans cette atmosphère sombre, une femme condamnée à la peine capitale pour un crime, soumise à l'attente de l'exécution de la sentence sans en connaître l'échéance.

Cette femme, c'est Agnes Magnúsdóttir, dite "fille de Magnus", elle a réellement existé. Avec la complicité de Fridrik et de Sigga, elle est accusée d'avoir tué Natan Ketilsson, son amant et Pétur Jónsson. Renvoyer les accusés au Danemark étant trop coûteux, il est décidé que leur exécution aura lieu en Islande. En attendant son châtiment, Agnès est placée dans une ferme.

Jón, sa femme Margrét et deux filles doivent accueillir la criminelle au sein de leur foyer. Je me suis tout de suite attachée aux différents personnages : la tuberculeuse et sèche maîtresse de maison Magrét, les deux soeurs aux tempéraments différents, la jolie et admirée Lauga et Steina, l'aînée un peu gauche qui fait fi des bonnes manières et qui se prend rapidement d'affection pour Agnès. Il y a aussi le jeune et inexpérimenté sous-révérend Tóti, choisi par la condamnée pour accompagner son âme vers la mort. D'autres personnages secondaires viennent ponctuer le récit telle l'indiscrète et agaçante Róslín, véritable source de ragots ou encore la poète Rósa.

Tout au long du roman, on en apprend davantage sur l'histoire d'Agnès. Née en 1795, abandonnée par sa mère quand elle avait six ans, sa "seconde mère" l'instruit à l'insu de son époux mais meurt prématurément. Agnès devient servante, passant de ferme en ferme jusqu'à son arrivée chez Natan.

J'ai été happée par ce récit, tenue en haleine du début à la fin. L'écriture est agréable et belle, les personnages profonds. La plupart des faits sont réels bien que l'auteure propose au lecteur une interprétation personnelle sur le personnage d'Agnès. Elle a effectué un travail de recherche historique poussé sur cette femme qui fut la dernière personne à être exécutée en Islande. Apparemment il existe plusieurs publications sur ce meurtre d'Illugastadir, moins clémentes à l'égard d'Agnès. Je ne sais pas si les traductions existent, mais il me plairait de les découvrir.
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L'Islande au 18e siècle, sa pauvreté, son âpreté, son climat rude, avec vents et pluies. Tout cela est très présent dans ce roman. de même que les odeurs : l'angélique par exemple, dans le carré du potager. Les fermes sont séparées les unes des autres, et curieusement la mer est assez peu présente dans ce roman.
1828. Agnès Magnusdottir, fille de ferme, est accusée avec une autre femme et un homme du meutre de son maître et de l'invité de celui-ci. Après être restée longtemps enfermée seule, entravée dans une pièce sans aération et sans possibilité de se laver, elle est emmenée dans une ferme où vit un couple Jon et Margrèt avec ses deux filles Steina et Lauga, tous hostiles sauf Steina. Cette cohabitation a été imposée par le commissaire qui prend ses ordres du Roi du Danemark auquel l'île est inféodée depuis la fin du 14ème siècle.
Peu à peu des relations se tissent entre la supposée meurtrière et ses gardiens. Par ailleurs Agnès se confie à un jeune pasteur. Mais dit-elle toute la vérité ?

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Un très bon livre que j'ai découvert pour me souvenir de mon voyage en Islande.
On s'attache vite à Agnès et à sa vie bien difficile. J'ai espéré tout au long de la lecture. J'ai été en colère et triste de toute cette injustice... Ce manque de chance...
Je voyais aussi les paysages défilés sous mes yeux, ce brouillard dévalé les pentes pour grignoter le vert de ces terres islandaises...
Bravo à l'auteure pour toutes ces émotions et ces images procurées au fil des pages.
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On pourrait dire de ce livre qu'il est très instructif mais il est bien plus que ça !
J'ai adoré vivre en Islande, début 1800 ou plutôt survivre ! J'ai eu froid, j'ai ressenti l'humidité, le vent. J'ai eu faim. J'ai travaillé comme une bête, à m'en casser le dos ... et tout ça pourquoi ? J'ai rencontré Agnès, j'ai appris à la connaître. J'ai rencontré Margrét et sa famille qui doivent l'accueillir et à qui se pose un problème de conscience. C'est cette rencontre entre ces deux femmes qui m'a le plus touchée.
Et surtout j'ai espéré pour Agnès, durant tout le livre, et pourtant je connaissais la fin ...
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J'avais très envie de lire ce livre depuis que je l'avais acheté, et voilà c'est chose faite. J'ai vraiment passé un très bon moment de lecture, l'auteure a une écriture très fluide et les pages se tournent sans se poser de questions. Agnès, notre condamnée à mort va devoir aller vivre dans une ferme habitée par une famille très pauvre et participer aux tâches ménagères en attendant son exécution, elle sera assisté par un sous-révérend qui l'aidera grâce à l'amour de Dieu a supporter ses longues journées d'attente et d'angoisse.
L'auteur s'est en grande partie inspirée d'une histoire vraie, Agnes ayant réellement existé, elle nous a décrit le personnage comme quelqu'un que la vie n'a pas gâté et qui ne cessera tout au long de sa vie de vivre de galère en galère. Nous découvrons donc ce qu'était la vie en Islande dans les années 1800 et nous nous attachons très rapidement à Agnes, on ne veut pas qu'elle meure, on veut la protéger, la réconforter, la cacher, bref on ne veut pas de son exécution. J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui sort de mes habitudes et que j'ai vraiment apprécié à sa juste valeur, je vous le conseille donc vivement.
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Qui était Agnes ?
Ce livre nous propose une fiction réaliste de ce que fut sa vie, de ce que furent ses émois, ses espoirs, ses rêves et ses derniers jours.
Pourquoi Hannah Kent a t elle choisi d'écrire une telle histoire ? Comment une australienne peut elle nous faire vivre dans l'Islande du XIXe siècle avec autant de réalisme (j'ai revécu les mêmes sensations qu'à la découverte du monde de Jon-Kalman-Stefansson avec "Entre ciel et terre"). Chapeau bas devant autant de recherche !
Le plus terrifiant est la découverte que cette histoire n'est justement pas une histoire mais un récit qui lève le voile sur un terrible fait divers : Agnes fut la dernière personne exécutée en Islande.
Penser que maintenant Agnes et Fridrik reposent dans le même caveau me semble une terrible injustice envers Agnes.
Ce livre est un plaidoyer saisissant contre la peine de mort. Même combat que Victor Hugo avec son "dernier jour d'un condamné", Hannah nous livre les "derniers mois d'une condamnée" pour nous rappeler encore et toujours l'abomination qu'est la condamnation à la peine de mort.
Merci à Mr Babelio et Mmes Presses de la Cité pour cette lecture ....
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Agnes Magnúsdóttir, servante dans l'Islande austère et violente du XIXe siècle, est condamnée à mort pour l'assassinat de son amant et placée dans une ferme reculée en attendant son exécution. Horrifiés à l'idée d'héberger une meurtrière, le fermier, sa femme et leurs deux filles évitent tout contact avec Agnes, qui leur inspire autant de peur que de dégoût. Seul Tóti, le révérend chargé de préparer la jeune femme à sa fin prochaine, tente de la comprendre. Au fil des mois, Agnes raconte sa vérité, aussi terrible soit-elle à accepter. Mais la justice des hommes est en marche, et pourquoi Agnes réapprendrait-elle à vivre si c'est pour mourir ?

Inspiré d'une histoire vraie, A la grâce des hommes est un roman sur la vérité, celle que nous pensons connaître et celle à laquelle nous voulons croire.

La romancière nous offre un drame psychologique, où l'on assiste à l'évolution des caractères et des sentiments des personnages vis-à-vis de la condamnée. le roman est, en même temps, une peinture sociale de l'Islande des années 1820, avec ses paysages lourds, ses fermes de tourbe, le poids de la religion luthérienne et la lutte quotidienne pour survivre dans cet univers. Comme pour nous rappeler que son roman se fonde sur une réalité historique, Hannah Kent parsème le livre de brefs textes retrouvés dans les archives : lettres, compte-rendu d'auditions, décisions de justice.
Très beau roman
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Ce roman historique est basé sur un fait divers sanglant et se situe dans les fermes glaciales d'Islande au début du 19e siècle. Les tribunaux ont condamné Agnes Magnusdottir pour complicité d'assassinat sur les personnes de Natan Ketilsson et Pétur Jónsson en 1828. A cette époque, l'Islande, sous domination Danoise, n'a pas de prison et afin d'économiser de l'argent, les autorités locales décident de l'envoyer à la ferme d'un petit fonctionnaire. Elle y travaille avec la famille en attendant son exécution tandis qu'un jeune prêtre tente de la guider sur le chemin du Seigneur.

C'est un roman subtil et émouvant qui nous raconte les derniers mois (imaginaires) de la vie d'Agnes. Nous y découvrons la vie dure de ces fermiers sur cette terre hostile battue par le vent, la pluie, la neige. C'est un roman à deux voix : Agnes et Toti qui nous font partager leur quotidien, leur ressenti, leur vie et leur rêve. le contexte social y est ait très bien décrit : le Danemark règne sur l'ile et la plupart des fermiers louent leur terre à des propriétaires totalement absents et d'aucune aide. Les plus pauvres se louent à des fermiers guère plus riches qu'eux. Elle brosse à merveille le portrait de ces anonymes qui subissaient souvent un quotidien très difficile dans le plus grand dénuement.
Sujet intéressant, cadre atypique et écriture fluide en font un roman agréable à lire. Ce livre offre un beau et touchant portrait d'une femme condamnée qui est plus victime que coupable.



Lien : http://jelisquoi.blogspot.fr..
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