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Critique de nathanbabelio


Kiruna m'a hypnotisé au même titre que la mine à happé Maylis de Kerangal dans ses entrailles. Séduit par sa couverture sobre, froide et élégante mais surtout appelé par ce nom dont les reliefs suédois me rappellent des voyages tant aimés et les récits d'une amie qui a vécu quelques années dans ce pays du nord, j'ai accepté de plonger dans cette Suède de papier. Tout à la fois carnet de voyage et étude socio-historique de ce lieu au même titre que la ville et la mine sont deux mêmes facettes de Kiruna, ce court récit finement écrit est un bijou de littérature, brut et intrigant.

Maylis de Kerangal, partie là-bas pour interroger la mine, sa ville, ses habitants et son influence sur le paysage et le pays, raconte son voyage et ses réflexions. Elle déroule le portrait d'une mine monstrueuse et fascinante en même temps, qui a eu, et a encore sur le pays et plusieurs poignées de vies un pouvoir étonnant. Elle nourrit et attire, elle blesse, tue et sauve, elle donne et prend.

On y découvre la mine comme un paysage, décrit avec une précision où se mêlent questions et fascination. Elle la déroule comme un lieu de vie et donc un terrain de sociologie, où des hommes et des sociétés se sont croisées et heurtées. La mine prend aussi la forme d'une puissance qui agit véritablement sur les autres paysages et sociétés qui l'entourent. La mine, enfin, est une communauté. Des vies qui se sont construites par et sur elle et qui la chérissent tout en en dépendant profondément.

La forme assez froide de ce récit, qui use beaucoup de descriptions pour s'ancrer dans le réel, m'a légèrement laissé de marbre. Ce n'est en même temps pas un texte qui appelle à l'émotion, mais plutôt à la réflexion et à la contemplation. Pourtant, je l'ai lu assez rapidement, encouragé que j'étais par sa forme ramassée et ciselée, et également fasciné par ce portrait d'une Suède industrielle et inconnue.

Voilà pourquoi j'ose en introduction parler d'un bijou, car c'est effectivement un texte qu'on dirait taillé dans un matériau brut et vivant. Une fois qu'on s'est laissé happé par ses lignes, la fascination l'emporte sur les apparences froides des découpes, l'émotion de tout un peuple- les habitants d'une ville - l'emporte sur la sociologie, le voyage l'emporte sur les mots.
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