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3,43

sur 806 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Mon embarras est grand ! Maylis de Kerangal est une femme de lettres brillante. Je reconnais objectivement que l'écriture d'Un monde à portée de main est une performance littéraire, peut-être même une prouesse. A sa lecture, je suis pourtant resté… de marbre, sans émotion. Aussi froid que tous ces marbres dont les personnages du livre savent si bien reproduire l'apparence.

L'auteure s'est immergée dans le monde de la peinture en décor, du trompe-l'oeil, de la fabrication de l'illusion. Un monde professionnel où l'on reproduit à la main, en deux dimensions, ce que l'oeil perçoit en trois dimensions, et même plus, car il s'agit aussi de prendre en compte les patines du temps, du vieillissement, ainsi que les marques d'agression ou d'usure par les éléments, l'eau, le feu, les intempéries, les chocs, les frottements... Un métier d'art qui exige des savoir-faire multiples, transmis par apprentissage et assimilés par l'expérience. Celles et ceux qui les ont acquis peuvent imiter l'aspect d'un matériau et d'un végétal, donner l'illusion d'un relief et d'une perspective, redonner sa jeunesse à une fresque et à une oeuvre d'art ancienne. Des faussaires de génie !

Le travail ne supporte pas l'imperfection et nécessite une minutie infinie. Ce n'est pas sans répercussion sur le mental de femmes et d'hommes, qui utilisent autant leur cerveau que leur main. Paula, Jonas et Kate sont enterrés vivants dans un métier dont leurs proches ne saisissent pas la noblesse, ni même la portée ou la complexité. Ils passent d'un chantier à l'autre et semblent perdus dès lors qu'ils ont des moments de liberté.

Le travail littéraire effectué par Maylis de Kerangal se compare à celui de ces façonniers de l'impossible, de ces besogneux sublimes noyés dans le détail d'exécution. Elle travaille avec la même implication, mais son domaine, ce sont les textes, les phrases et les mots. Elle analyse tout, répertorie tout, dans les moindres détails, sans rien laisser de côté.

Le résultat est un documentaire intéressant. Mon activité professionnelle m'a parfois amené à côtoyer ces artisans, ces artistes – je ne sais comment les dénommer –, sur un chantier de monument historique, de résidence ou d'hôtel de luxe, dans un studio de cinéma ou dans un parc d'attraction. Leur approche diffère suivant les lieux. Leur démarche intellectuelle et manuelle est toujours impressionnante. Leur solitude est souvent à la mesure de leur concentration mentale.

Dans son précédent roman, l'excellent Réparer les vivants, le style de Maylis de Kerangal était aiguisé comme un bistouri, sec comme un geste chirurgical. Une écriture qui s'accommodait bien d'une histoire de greffe d'organe, course contre la montre depuis la mort cérébrale d'un donneur jusqu'au réveil du greffé. Un parcours aussi délicat humainement que techniquement, où toutes les tâches devaient être effectuées très rapidement et sans erreur, ce qui donnait au livre le caractère dramatique et émotionnel d'un thriller.

Dans Un monde à portée de main, les énumérations sans fin et répétées d'outils, de couleurs, de pâtes, de bois, de marbres, et j'en passe, m'ont assommé… Elles relèguent au second plan la pâle intrigue amoureuse censée donner un caractère romanesque au livre.

A Lascaux, où elle oeuvre à un « fac-similé ultime », Paula s'est demandé « si les peintures continuaient d'exister quand il n'y avait plus personne pour les regarder ». J'ai pensé à Michel Legrand et aux « chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie ». Parallèle entre peinture et musique. Les peintres en décor sont-ils des créateurs ? Sont-ils des interprètes ?

Dans la grotte de Lascaux IV, Paula préfère oublier le présent. Son esprit se fond dans la grotte de Lascaux tout court, parmi d'autres peintres en décor, dont juste vingt mille ans la séparent…

Moi aussi, je préfère oublier.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Ouf ! est le premier mot qui m'est venu en achevant cet ouvrage.
J'ai découvert Maylis de Kérangal par ce tout nouveau roman, succès de la rentrée littéraire, et la découverte s'arrêtera malheureusement là.

Maylis de Kérangal manie les mots, les tournures, les figures à la perfection. Son talent d'écriture est indéniable.

Pour ma part, que de difficultés j'ai eu à entrer dans cet univers et à m'imprégner tant le rythme est soutenu, rapide et long à la fois, court mais compliqué. J'ai eu la sensation d'une chanson de rap qui ne se termine jamais, loghorrée sur fond de sample en boucle. A tel point que j'ai failli ne pas arriver au bout.
Un sujet et des personnages pourtant originaux et intéressants, on apprend beaucoup sur la peinture, le matériel, la technique du trompe-l'oeil mais voilà, le mélange des couleurs n'a pas pris et la matière finale laisse l'équivalent d'un monochrome dont on ne sait que faire et que l'on regarde avec des yeux de poisson mort.
C'est peut-être ici que se trouve la réussite, une oeuvre ne plaira pas à tout le monde et tout le monde y trouvera sa propre signification... ou pas ?

Je suis restée de marbre, je passe mon chemin.
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Un livre hybride, pas vraiment dans le roman, pas vraiment dans le documentaire. Bien trop froid à mon goût pour être passionnant, et une lutte à plusieurs reprises pour aller au bout. Désolé Mr Busnel, de vous contredire, ainsi qu'un très grands nombres de libraires à priori puisqu'un bandeau recouvre à présent le livre : "Le livre préféré des libraires", mais j'ai lu des romans de cette rentrée littéraire bien plus impressionnant que celui-ci. D'ailleurs, comment pouvez-vous affirmer qu'il est le meilleur ... parmi les quelques six cents sorties de cette rentrée ? Il me semble humainement impossible que vous les ayez tous lus, mais bon, je dis ça, je dis rien...

J'avais eu un coup de coeur pour son précédent roman "Réparer les vivants". L'écriture ciselée, remarquable, lumineuse de Maylis de Kerangal m'avait emballée. Ici, avec "Un monde à portée de main", ce ne fut pas le cas, vous l'avez compris. Trop décousu. Trop de techniques, de matériaux, de couleurs...énumérés à outrance. Assommant. Trop peu d'émotions. Déçue.

Peut-être suis-je tout simplement passée à côté. Ou le sujet m'a t-il laissée de marbre ;-) ? Ce n'est pas le fait qu'il soit ardu qui m'ait dérangée, mais bien cette absence de sensations, de vertiges, de frissons, de poésie. Enfin, bref, je m'attendais à autre chose qu'un reportage extrêmement précis sur le métier très technique de faussaire, qui ne m'a point embarquée, hélas.
Les médias m'ont vendu du rêve, j'ai été dupée ;-) Ayant adoré "Réparer les vivants" j'aurais très certainement tourné les pages de cet ouvrage. La précipitation de côté, je lui aurais peut-être fait un meilleur accueil.
Allez j'arrête de me justifier... À vous de vous faire votre propre idée.
Offert à ma belle-mère qui aime la peinture. J'espère qu'elle appréciera davantage que moi cette lecture.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Paula Karst, vingt ans, entre à l'école Van der Kelen, rue du Métal, à Bruxelles. Pendant six mois, elle va s'exercer à la peinture décorative, acquérir les techniques qui lui permettront d'imiter plus d'une soixantaine de variétés de bois et de marbre. Elle partage sa location avec Jonas Roetjens, un autre étudiant de l'école ; avec Kate, l'Écossaise, ils se serrent les coudes pour affronter toutes les difficultés d'un apprentissage exigeant et intensif. Leur formation achevée, le trio se disperse pour réaliser des chantiers aux quatre coins du monde et Paula travaillera en Russie et fera un long séjour à Rome où elle mettra son art au service des studios de Cinecittà.
Maylis de Kerangal sait de quoi elle parle. Pour traiter de son sujet, elle a acquis le jargon du métier, en maîtrise les termes techniques, connaît sur le bout des doigts les noms des pigments… Quel sujet au fait ? On ne le sait pas très bien. Veut-elle nous faire apprécier la dextérité des artisans d'art ? Souhaite-t-elle nous montrer la solitude dans laquelle s'enferme son héroïne ? Désire-t-elle nous faire sentir le malaise qui pousse Paula vers une existence errante ? Nous faire éprouver la difficulté à passer du fac-similé à la vraie nature des choses ? Trop souvent le récit se perd dans les circonvolutions d'une expertise assez vaine des techniques picturales. Les personnages deviennent de plus en plus des silhouettes de papier, presque sans chair et sans émotion. La lourdeur d'un style parfois trop emphatique tire le roman vers l'imagerie. C'est une dentelle amidonnée, qui se tient raide tellement il y a d'apprêt, une guimpe qui empêche toute liberté du mouvement. Même le patronyme de Paula sonne lourdement – Karst – pour pour la conduire un jour au fond de la grotte d'où sortira enfin la lumière : Lascaux.
Le seul moment du roman où s'échappe cette grâce de l'écriture juste et de l'effet non appuyé est la rencontre de Kate et d'une baleine. Trois pages qui se débarrassent tout à coup du vocabulaire encombrant pour nous livrer enfin une histoire vibrante.
Maylis de Kerangal s'est laissée emporter loin de ce qui fait un écrivain, à défaut d'un artiste : une écriture à l'os.
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Comme certainement beaucoup c'est avec "Naissance d'un pont" que j'ai découvert Maylis de Kerangal et son style particulier. C'est avec "Réparer les vivants" que j'en ai fait une de mes auteures à ne pas manquer. C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de "Un monde à portée de main", impatiente de découvrir cet monde de la peinture.

L'histoire : Paula a tardé à trouver sa voie. Jusqu'à ce qu'elle entre dans cette école de peinture à Bruxelles. Pendant 6 mois elle va apprendre à peindre les matières, toutes les matières que la nature puisse proposer. Son avenir : la décoration, le faux, l'imitation à la perfection, pour de l'architecture d'intérieur ou pour le monde du spectacle. Un enseignement douloureux et la naissance de fortes amitiés.

J'ai retrouvé ce que j'avais apprécié dans mes précédentes lectures citées ci-avant : une écriture nette, précise, incisive, qui s'appuie sur un travail fouillé, documenté. Cet art du faux est décrit avec une précision extrême. Les énumérations sont nombreuses (type de pinceau, liste de matières ultra détaillée, couleurs, techniques, etc).

Mais, car il y a un mais (que vous sentez venir depuis le premier paragraphe) je n'ai pas été touchée par le destin de Paula, par ses interrogations, ses doutes, sa souffrance, sa passion. Ses 6 mois d'apprentissage sont longs, très longs. Et il ne se passe pas grand chose. La suite de sa carrière entre décor d'appartement et incursion à Cinacita ne m'ont pas fait vibrer. Je me suis accrochée pour aller au bout de ce livre, espérant à chaque nouveau chapitre qu'il m'apporterait enfin une émotion. Ma récompense : les 60 dernières pages et le récit de la découverte de la grotte de Lascaux et la réalisation de Lascaux 3. Mais ce que j'ai aimé n'est pas l'art de reproduire mais l'Histoire de l'Art et des Hommes.

Bref, une déception tout en reconnaissant la qualité de l'écriture et le travail de recherche et de précision sur le sujet traité. Et si il faut interpréter ce livre sur le travail du faussaire comme une réflexion sur l'écrivain et la création, alors c'est tordu et raté.
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Ceci est ma seconde tentative (et sûrement ma dernière) pour lire un roman de Maylis de Kerangal. J'ai déjà tenté l'expérience il y a deux - trois ans face au succès de cette romancière. Piquée de curiosité, mon libraire m'avait conseillé "Naissance d'un pont", qui m'est tombé des mains car le sujet est bien trop éloigné de mes centres d'intérêts (le BTP, les détails techniques). Pour "Un monde à portée de main", le sujet est beaucoup plus évident pour moi qui travaille dans l'art... Et force est de constater que cela ne m'aide pas à entrer dans l'univers de la romancière. J'ai l'impression d'assister à un exercice de style avec un rendu certes malin, brillant et bien réalisé mais totalement à côté d'une quelconque émotion. Tout est très bien décrit : personnages, lieux, technicités, couleurs... mais pour moi il n'y a pas d'incarnation, pas de lien, pas de souffle. Tout est extrêmement plat et répétitif. Et je dois dire que les phrases de 45 lignes où on enchaine les synonymes et les virgules... je n'en peux plus.
J'ai arrêté à la page 75 après deux semaines poussives de tentative de lecture.
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Sentiment mitigé, mis à part peut-être le passage sur la découverte de Lascaux, le reste ne parvient pas à me convaincre. Une écriture riche et puissante, comme d'habitude, mais souvent indigeste ... même quand on aime et pratique la peinture et c'est mon cas. Cela en devient étouffant. Paula, héroïne sans en être une, en perd son humanité et son charme, dans ce catalogue de couleurs et autres pinceaux. D'un chantier à l'autre, je me suis lassée, ennuyée, j'ai tourné certaines pages pour voir si cela s'améliorait plus loin. En vain !

Trop de descriptions inutiles, trop de technique, pas d'émotions, peu de réels sentiments à mon goût. Bref, je n'ai rien retrouvé de ce que j'avais aimé dans Tangente vers l'est, qui reste mon roman préféré de Maylis de Kerangal.
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Je suis visiblement passée à côté de ce roman, qui reçoit pourtant de bonnes critiques, mais Je n'ai Pas réussi à entrer dans cette histoire.
Après un départ en fanfare autour de retrouvailles d'anciens amis, l'auteur nous invite ensuite à nous plonger dans leur rencontre mais plus encore à nous faire pénétrer le milieu des artistes...Et c'est là que j'ai décroché !...
Je reconnais à l'auteur un art subtil du phrasé mais les enchaînements de termes appartenant à un lexique de l'art assez pointu m'ont laissé aux portes de ce roman. Je l'ai terminé en espérant être emporté mais ce ne fut pas le cas...question de timing ? de sensibilité ? ...je ne sais pas.
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Dans ce roman de Maylis de Kerangal on trouve une reconstitution intéressante de la jeunesse, en particulier du saut dans le vide permanent qui l'accompagne. Paula, le personnage principal, vit la fin de ses études et le début d'une carrière professionnelle au moment de l'action, ce qui renforce ce point de vue.
Maylis de Kerangal nous fait (re)vivre l'assaillement d'incertitudes qu'on vit à cette période: sentimental et matériel, mais aussi dans son mode de vie, et ceci est indéniablement réussi.
J'ai cependant eu le sentiment qu'il existe dans ce texte une certaine posture dans le sujet comme dans la façon de décrire les personnes. Comme si volontairement on regardait tout ce petit monde avec un angle de vue choisi et corrigé continuellement pour ne pas s'éloigner d'une image de départ qui m'a parue un peu convenue. J'ai eu ce même sentiment pour le style d'écriture: agréable souvent, mais appuyé au point d'en devenir parfois un peu plus lourd et donnant au rythme des incises technique / sentimentale / technique ... quelque chose de répétitif.
Pour être bref : la magie n'a pas pris sur moi, et j'en suis d'autant plus peiné pour un livre qui était un cadeau.
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Un roman qui narre une tranche de vie, celle de Paula, jeune femme étudiante en arts, spécialiste du trompe-l'oeil. Au début de sa vie active, on la suit dans ses chantiers. Des descriptions très minutieuses et documentées, mais qui sont froides comme le marbre. Détails sur le blog.
Lien : https://bibliblog.net/un-mon..
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