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EAN : 9782823614725
200 pages
Editions de l'Olivier (19/03/2020)
3.56/5   58 notes
Résumé :
" Humour noir, poésie, absurde… Le génie israélien est de retour. "
Le Figaro

Un employé de cirque accepte d'être envoyé dans le ciel comme un boulet de canon ; le jeune pensionnaire d'un étrange orphelinat découvre qu'il est un clone d'Adolf Hitler ; un accidenté de la route perd la mémoire et se retrouve dans une pièce virtuelle avec une femme virtuelle, à moins que ce ne soit l'inverse...

Facétieuses, co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Et si la Covid 19 était sorti de l'imagination d'Etgar Keret ?
Pas impossible tant ce que nous traversons depuis le début du confinement aurait pu trouver sa place sans détonner dans le dernier recueil de nouvelles un peu barrées de l'auteur israélien.
Il aurait peut-être intitulé son récit « A la recherche du masque perdu » ou « Sexe avec gestes barrières » et il nous aurait fait rire et réfléchir sur l'inconscience de soi et la relativité de nos existences.
Les 22 nouvelles qui composent « Incident au fond de la galaxie » font souvent le pari de l'absurde, défient parfois la réalité en duel et pactisent avec l'humour et le fantastique pour damner certaines de nos turpitudes.
« Ne fais pas ça ! » suit par exemple un veuf et son fils qui voient un homme prêt à se suicider du quatrième étage d'un immeuble. le petit veut une glace et voir le désespéré s'envoler comme un super héros tandis que le père fait tout pour le sauver. Il lui parle avec ses tripes et en quelques pages, l'auteur questionne avec force et finesse la capacité à surmonter ou pas la perte d'un être cher.
D'autres nouvelles abordent la solitude de façon plus légère comme « Tod » qui supplie son ami écrivain de lui pondre une histoire qui lui permettrait de coucher avec une fille. Autre question existentielle autour du même thème. Que fait un poisson rouge la nuit pendant que chacun dort seul avec ses rêves ?
Keret, c'est le Schengen de la nouvelle, celui qui efface les frontières terrestres pour laisser passer les âmes à la douane. Il mélange le virtuel et le réel comme un plat de tagliatelles. Il clone Hitler pour assouvir la vengeance des descendants de ses victimes, il menace d'expulser un ange au royaume du barbecue car ce dernier affiche une mine trop triste depuis la mort de Dieu.
Il est important de ne pas lire toutes les histoires d'un trait. Ce n'est pas un recueil pour soiffard. Il m'a fallu laisser un peu de temps passer pour détecter tous les cépages de ces nouvelles. Pas une lecture cul sec pour pilier de comptoir ! Il faut garder les idées claires pour trinquer avec Etgar.
J'ai dû un peu gamberger pour comprendre pourquoi une épave de voiture compactée était devenue une table de salon et pourquoi un amnésique soigné dans un centre de réalité virtuelle pouvait tomber sous le charme d'un hologramme. Ou l'inverse…
Que dire aussi de cette histoire de B.A où une bourgeoise et ses copines trouvent un sens à leur vie en faisant des câlins à des SDF ? Elles découvrent que c'est plus gratifiant qu'un diner mondain de bienfaisance.
Dans la même veine, un homme riche mais trop seul décide de fêter son anniversaire tous les jours en rachetant les anniversaires d'inconnus à prix d'or. L'argent fait son bonheur, la joie égoïste de déchirer des papiers-cadeaux au mépris du pathétique.
Vous pouvez rajouter aussi au menu un couple stérile qui adopte un chien agressif, un dépucelé trop reconnaissant et un homme-canon qui tombe de haut.
Au final, un ensemble que j'ai trouvé inégal mais pas aussi foutraque que mon billet peut le laisser supposer car toutes ces histoires sont des déviations qui nous ramènent avec humour à nos impasses : le deuil, la solitude, la religion et le sens de l'histoire.
Une galaxie facétieuse pour pensées corrosives en orbite.
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Edgar Keret, excellent écrivain israélien, reconnu notamment pour ses nouvelles au style kafkaïen, avait tenté avec sa compagne Shira Geffen. une première expérience cinématographique particulièrement réussie avec leur long métrage les Méduses, Caméra d'or au festival de Cannes 2007.

Récemment on a eu l'occasion de découvrir sa série L'agent Immobilier avec ces mêmes inclinaisons pour un réalisme poétique qui flirtait assez souvent avec l'absurde.

On retrouve ce même univers dans son tout dernier recueil de nouvelles " Incident au fond de la galaxie » qui vient de sortir aux éditions de l'Olivier.

Ce féru de Kafka n'aime rien de plus qu'inscrire ses écrits dans une veine où le réalisme s'empreint d'une teinte légèrement surréaliste.

Dans ces 22 nouvelles certaines bien axées science-fiction et d'autres plus ancrées dans le réel, Keret défile son style inimitable, entre décalage permanent et gravité sous jacente.

Joliment traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, ces nouvelles, qui sont parfois de profondes réflexions sur le deuil et la solitude sont souvent sensibles et sincères et touchent au coeur!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai retrouvé avec plaisir la verve délirante, absurde et truculente de Keret. Un peu déçu par "7 années de bonheur", ce recueil m'a totalement réconcilié avec cet artiste. Que dire ? Les pitchs de ses histoires sont des aphorismes en soi. Trois gamines découvrent que leur père s'est transformé en lapin. Un type cherche à se procurer de l'herbe chez un avocat pour tenter de séduire une femme. Un gamin demande une caisse enregistreuse comme cadeau d'anniversaire... L'ouvrage est rythmé par des échanges de mails entre un client et un patron d'escape room traditionnellement fermé le jour de la Shoa. C'est vraiment délirant, joyeusement décalé. La mise en scène des losers célibataires est présente sans être étouffante. La solitude ramène aux questions existentielles. Que fait-on sur cette planète. Certains écrivent des histoires. D'autres les lisent. Et la boucle est bouclée ? Non Mr Keret, je n'en ai pas fini avec vous, je reviendrais fouler vos contrées délurées, soyez-en assuré !
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En une profusion de vingt-deux textes souvent très courts, Etgar Keret fait se percuter tragédies existentielles et anecdotique avec une inventivité et un humour grinçant qui dans un premier temps mettent en évidence la dimension absurde -voir complètement déjantée- de ses textes. Mais assez vite, tout en continuant de savourer son sens du burlesque et ses affinités pour l'étrange, le lecteur y décèle aussi l'expression de la mélancolie, voire de la détresse, qui hantent la plupart de ses personnages.

De nombreuses nouvelles évoquent ainsi les stratégies manipulatrices ou les procédés pathétiques que déploient les individus pour s'assurer de l'affection de leurs proches, pour susciter chez l'autre une manifestation de gratitude ou d'intérêt leur donnant, ne serait-ce que pendant un instant, l'illusion de leur propre valeur.

Parmi eux, cette mère qui profite de la déficience mentale de son fils pour le rendre complétement dépendant d'elle, ou cet homme qui demande avec une insistance pitoyable à son ami écrivain de lui écrire un texte qui lui servira d'appât pour attirer les femmes dans son lit. Et dans un monde que fait tourner l'argent, ce dernier devient le moyen de provoquer un attachement dont on préfère ignorer le caractère chimérique. Ainsi ce père divorcé qui accède à tous les désirs de son insupportable et capricieux garçon, ces riches épouses désoeuvrées qui font profiter de leur extravagante charité des quidams choisis au hasard, dans la rue, pour le simple plaisir que leur procure le spectacle de leur reconnaissance, ou cet homme qui achète les anniversaires d'inconnus afin d'être fêté plus souvent qu'à son tour…

Certains aiment comme ils consomment, telle cette jeune fille qui ne s'intéresse qu'aux puceaux, dont elle s'octroie ainsi la primeur, tandis que d'autres s'abîment ou s'oublient dans le vide qu'est devenue leur existence, victimes d'une résignation que l'auteur semble renvoyer à sa nature dérisoire, comme lorsqu'il évoque ce foyer dont les membres, au coeur de chaque nuit, ruminent les concessions faites à leurs rêves, pendant que leur poisson rouge, sorti de son bocal, regarde des dessins animés à la télévision chaussés des pantoufles du chef de maison.

Palliatif à cette déshumanisation croissante des relations humaines qu'entraîne l'expansion de l'économie de marché et qu'elle contribue paradoxalement à accentuer, la technologie, abordée sous l'angle de ses dérives, est au coeur de plusieurs textes, qui empruntent à la fois à l'anticipation et à l'allégorie. Un homme amnésique, piégé dans une pièce sans ouverture où il est censé suivre un traitement pour récupérer ses souvenirs, jouit de la compagnie d'une femme virtuelle qui s'avère finalement plus charnelle qu'il ne le pensait. de jeunes orphelins, enfermés dans un institut, y suivent l'apprentissage conçu pour chacun sur mesure, avec un but bien défini…

Si l'auteur s'attache à décrypter les maux de nos sociétés moderne -la solitude, le poids de la performance…-, il est aussi l'observateur des douleurs indissociables de la condition humaine - deuil, abandon, rupture, traumatismes individuels ou collectifs- et de la manière dont on les surmonte, ou pas. Et sous le ton cocasse, le trait est corrosif, sarcastique, et le propos finalement bien sombre. Dans le monde en perte de repères d'Etgar Keret, Dieu est mort, Trump entame son troisième mandat, et Hitler est ressuscité sous forme de clone. Mais comme semble vouloir le rappeler le titre de l'ouvrage, l'ampleur de l'agitation et de la vanité humaines, pour fascinantes qu'elles soient, n'ont sans doute d'égal que l'insignifiance de notre petite planète dans un univers dont nous ne mesurons pas l'étendue. Et ces extraterrestres qui, après avoir étudié de plus près nos comportements, préfèrent, pour se préserver de notre agressivité et notre orgueil, ne pas entamer de relation, pourraient sans doute en attester.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Je ne suis pas un grand lecteur de nouvelles. Attention, cela ne veut pas dire que je n'aime pas lire des nouvelles mais juste que je n'en lis pas souvent. Ma dernière lecture d'un recueil de nouvelles doit remonter à environ un an.

En tout cas je suis ravi d'avoir mis le nez dans ce recueil signé Etgar Keret. La nouvelle n'est pas un style facile, il faut réussir à faire passer avec peu de pages des émotions aux lecteurs ou bien des pistes de réflexion. C'est bien évidemment toujours plus difficile que dans des romans de plusieurs centaines de pages dans lesquels le lecteur peut prendre le temps de s'attacher à des personnages et à des environnements.

Exercice de style difficile donc, mais il faut dire que l'auteur maitrise parfaitement ce genre. C'est vraiment réalisé avec brio. Certaines nouvelles sont peut-être très légèrement en dessous des autres (en tout cas de mon ressenti) mais la grande majorité a déclenché chez moi un effet "wahou".

La construction est souvent brillante, Etgar Keret arrive à tourner et retourner une situation dans tous les sens et à pousser le lecteur à réfléchir sur des thèmes comme les nouvelles technologies, la solitude et j'en passe...Je ne veux pas en dire trop pour ne rien dévoiler des 22 nouvelles de ce livre.

C'est un véritable OLNI (objet littéraire non identifié) que je recommande hautement. Vous serez bluffé par ces nouvelles parfois drôle, parfois plus triste, toujours avec une construction parfaite et une profondeur parfois impressionnante.

Une lecture très originale et un vrai petit coup de coeur, j'en redemande !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Avant le spectacle, on m’a mis une combinaison argentée. J’ai demandé à un vieux clown avec un énorme nez rouge s’il fallait suivre un entraînement avant d’être tiré. « Ce qui compte, a-t-il marmonné, c’est de relâcher ton corps. Ou de le contracter, l’un ou l’autre. Je ne me souviens plus très bien. Et veiller à ce que le canon soit bien pointé en avant, pour ne pas rater la cible.
— C’est tout ? » ai-je demandé. Même dans la combinaison argentée, je puais encore la bouse d’éléphant.
Le directeur du cirque est venu me taper sur l’épaule. « N’oublie pas, m’a-t-il dit, après qu’on t’aura envoyé sur la cible, tu reviens aussitôt sur scène, tu souris et tu salues le public. Et si par hasard t’as mal ou t’as quelque chose de cassé, tu ne le montres pas, le public ne doit pas le voir.»
Ils avaient l’air vraiment heureux, dans le public. Ils ont applaudi les clowns qui m’ont poussé dans la gueule du canon et, une minute avant d’allumer la mèche, le grand clown avec la fleur qui crache de l’eau m’a demandé : « T’es sûr de vouloir le faire ? C’est le moment ou jamais d’y renoncer. » J’ai hoché la tête, il a dit : « Tu sais qu’Istvan, l’homme-canon avant toi, est à l’hôpital avec douze côtes cassées ?
— Mais non, j’ai dit, il est un peu soûl. Il dort dans sa caravane.
— Comme tu veux », a soupiré le clown à la fleur qui éclabousse, et il a craqué l’allumette.
Avec le recul, je reconnais que l’angle du canon était trop aigu. Au lieu d’atteindre la cible, j’ai volé en l’air, j’ai troué la toile tendue du chapiteau et j’ai continué de voler haut dans le ciel, un peu au-dessous du voile de nuages noirs. J’ai survolé le cinéma drive-in abandonné où Odélia et moi allions parfois voir des films ; j’ai survolé l’aire de jeux où des gens se promenaient avec leur chien et leur sac en plastique chiffonné, et parmi eux le petit Max en train de jouer au ballon, qui a regardé en l’air quand je suis passé au-dessus de lui, a souri et m’a fait un signe de la main ; j’ai plané au-dessus de la rue HaYarkon, tout au bout derrière le local à poubelles de l’ambassade américaine, où j’ai aperçu Tigre, mon gros chat, qui guettait un pigeon. Quelques secondes plus tard, en me voyant atterrir dans l’eau, des gens sur la plage m’ont applaudi, et quand je suis sorti, une jeune fille avec un piercing au nez m’a tendu sa serviette en souriant.
Quand je suis revenu sur l’esplanade du cirque, mes vêtements étaient encore mouillés et tout était obscur alentour. Le chapiteau était désert et au centre, à côté du canon d’où on m’avait tiré, Ijo était assis, en train de compter sa recette. « T’as raté la cible, a-t-il grogné, et t’es pas revenu saluer comme je te l’avais dit. Je te retire quatre cents shekels. » Il m’a tendu quelques billets froissés et, voyant que je ne les prenais pas, il m’a lancé un regard têtu de Slave et m’a dit : « Tu préfères quoi, mec ? Prendre l’argent ou te bagarrer avec moi ?
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"Deux jours plus tard, Avri m'appelle dès le matin et me dit qu'il a peut- être quelque chose, mais que c'est compliqué. Je lui réponds que je prends même si c'est cher. C'est juste pour une fois c'est particulier, et il me faut à peine un gramme. Je n'ai pas dit que c'était cher, s'énerve Avril, j'ai dit que c'était compliqué. Dans quarante minutes, viens au 46, rue Carlebach et je t''expliquerai."
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Au début, nous étions une cellule. Puis une amibe, et bien sûr un poisson, et après une longue période très frustrante, nous nous sommes transformés en lézard. En ces temps-là, la terre était molle et instable sous nos pieds, alors nous avons grimpé aux arbres. La-haut, au sommet, nous nous sentions en sécurité. A un moment donné, nous sommes redescendus au sol, nous nous sommes redressés et avons commencé à parler, et dès l'instant où nous avons parlé, impossible de nous arrêter.
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La nuit, quand tout le monde dort, le poisson rouge sort de son aquarium et enfile les chaussons à carreaux du père. Puis il s'assoit sur le canapé et zappe d'une chaîne à l'autre. Il aime surtout regarder les dessins animés, les films sur la nature et un peu CNN, quand il y a des attentats ou des catastrophes. Il coupe le son pour ne réveiller personne. Vers 4 heures du matin, il retourne dans son aquarium. Les chaussons mouillés, il les laisse au milieu du séjour. Peu lui importe que le matin la mère fasse une remarque au père. C'est un poisson et, mis à part l'aquarium et la télévision, il n'a rien dans la tête.
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Quand je suis revenu sur l’esplanade du cirque, mes vêtements étaient encore mouillés et tout était obscur alentour. Le chapiteau était désert et au centre, à côté du canon d’où on m’avait tiré, Ijo était assis, en train de compter sa recette.
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Videos de Etgar Keret (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Etgar Keret
Alors que la culture, l'art et la fiction relèvent notre quotidien monocorde, la matinale de France Culture reçoit lundi 16 novembre Etgar Keret, écrivain, scénariste et réalisateur. Il est notamment l'auteur du recueil de nouvelles "Incident au Fond de la Galaxie" et des chroniques intimes "7 années de bonheur", publiés aux éditions de l'Olivier.
Il est rejoint en deuxième partie d'émission par l'ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti, pour s'interroger sur la création sous contraintes.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 16 Novembre 2020) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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