La Malédiction de Zar

: L'ambiance sera un peu étrange, c'est ce que l'on appelle un conte macabre.
Les enfants n'auront pas cette comparaison mais certe qu'il existe sans doute des contes à niveau et sur ce ton, moderne, d'une ironique noire, avec un art de faire sourire de la mésaventure des gens qui se seront pas mal égarés de leur vivant et qui devront en payer le prix.
Nous penserons à Andersen, peut-être dans cette veine d'histoires sinistres. Mais Andersen ne fera pas rarement rire il est dans la satire et nous serons ici dans le sarcasme.
Tu as voulu trop jouer et bien tu as perdu.
Ce sont les contes africains qui se régalent de ce thème moral mais préfèrent en rire aux éclats.

L'album.
C'est l'histoire d'un joueur de cartes mais d'un tricheur.
Dans certaines cultures, les jeux d'argent sont un pêché, conduiront sur la mauvaise pente avec excès et parfois au crime, comme l'ivresse.
L'auteure Hélène Kérillis associera ce mal (de plusieurs époques, diront les grands lecteurs) à une dimension fantastique pour enfants, à l'identique d'Alice de Lewis Carroll, avec ses personnages de cartes à jouer qui prendront vie et qui jugeront.
Notre pauvre personnage regrettera d'avoir abuser du jeu et surtout d'une vie de tricherie, on le comprendra par la suite.
Monsieur Zar passera à trépas lors d'une partie, une main sur son jeu et l'autre dans son dos avec un atout caché.
Cette scène revue par l'illustratrice Xavière Devos reprendra la célèbre peinture de Georges de la Tour, " le tricheur à l'as de carreau" , 1635-1640( une version à l'as de trèfle existera aussi).
Notre Monsieur Zar est le vil tricheur qui devra en répondre ici devant une instance supérieure. Cela ressemblera à un mauvais rêve, pire un cauchemar puisque Zar y est mort et qu'il devra passer en jugement ( les mythes d'Egypte et la religion chrétienne en parleront, les âmes ou les coeurs des défunts sont soupesées afin de déterminer leur destination( vie éternelle ou damnation).
Le coeur de Zar sera t-il pur et plus léger que la plume sur le deuxième plateau?
Les personnages à l'image de la royauté des cartes à jouer nous détourneront un peu l'attention, c'est un peu fou mais amusant.
La suite sera bien moins sulfureuse que prévue et presque moqueuse: Zar sera condamné à participer à des parties de cartes truquées à l'infini, un vrai tourment puisqu'il sera condamné à ne jamais gagner.
Néanmoins, il n'est pas seul et l'histoire, qui se moquera aussi de ce drôle d'enfer implacable, lui permettra d'y rencontrer l'amour.
Mais comment vivre d'amour et d'eau fraiche lorsque l'on est ci bas?
C'est l'incroyable ressort de ce conte car Zar trouvera la vraie solution à la rédemption et sa seconde chance.
Il faudra lire " La malédiction de Zar" pour savoir ce qui pourrait sauver de l'enfer du jeu.
C'est doublement ironique au final.
Il ne faudra pas hésiter à s'intéresser au tableau qui est fabuleux pour sa composition et ses irrésistibles jeux de regards des personnages à la table de jeu. le tricheur y a une complice( Si si).

Un album très agréable à lire et très bien illustré dans lequel un homme sans coeur est confronté, après sa mort, à la malhonnêteté de ses actes. Confronté à la cupidité et à la tricherie, il sauvera son âme en apprenant à aimer les autres.