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Critique de fanfanouche24


Une lecture vers laquelle je n'aurais pas été de moi-même... Une camarade- libraire [ Librairie Caractères-Issy-les-Moulineaux ] m'a prêté cet ouvrage, avant parution le 8 janvier 2020 afin que je lui exprime ce que j'en pensais...

Il est toujours complexe, ardu d'être le Fils de... la Fille de ...mais le cas de la famille Hemingway dépasse tout, en tourments, épreuves, plus la fameuse "malédiction Hemingway" [7 suicides dans la même lignée familiale], et ce secret honteux d'un fils cadet brillant mais dans des frasques sans fin, dûes à une douleur d'identité sexuelle, Gregory-Gloria !....


J'avoue dans un premier temps avoir eu une sensation de malaise , me transformer en "voyeuse" ... Et mon ancien réflexe de libraire m'a fait m'interroger sur le(s) public(s) à qui j'aurais pu conseiller cet ouvrage ? !

Je n'ai pas de réponse vraiment satisfaisante :

1 ; Aux passionnés du Grand Hemingway, curieux d'une image plus personnelle, dans sa vie de famille

2. Aux personnes intéressés ou en questionnement sur les douleurs et mal-être, liés à l'identité sexuelle

le sujet du livre est le parcours du fils cadet d'Hemingway, brillant jeune homme, médecin, marié trois fois, 8 enfants... et la douleur, cependant, d'être dans la peau d'un homme, alors qu'il se sentait au fond de lui, "femme"...

Pour épargner ses enfants, il ne se décida à se faire opérer que fort tardivement....à plus de 60 ans...

J'oublie un temps mon malaise de "voyeuse" , car il y a au sein de cette histoire "sulfureuse", de très belles histoires incroyables d'amour et de tendresse.
D'Amour, quand on pense que sa dernière épouse a aimé à la folie Grégory-Gloria, l'ayant épousé une première fois, en tant qu'homme, avoir eu deux enfants avec lui, ayant divorcé, découragée, désespérée de ses frasques, de son mal-être, pour finalement l'épouser à nouveau, en temps que femme, après son opération....

Brigitte Kernel... [et je serai curieuse de connaître la démarche qui lui a fait choisir ce sujet...précisément... j'ai cherché sans trouver trop d'éléments sur la genèse de ce livre ] a eu l'idée de se pencher sur une destinée des plus douloureuses, ce fils cadet si brillant, et le canard boiteux absolu de cette prestigieuse famille Hemingway, caché, rejeté de ses parents, de la majorité de ses enfants...

"Ma mère ne m'a jamais aimée.
Papa, c'était autre chose, il m'adorait, mais c'était son secret. Un mâle
Hemingway ne pouvait pas, ne devait pas ressentir d'affection pour un
type "anormal " comme moi, un qualificatif dont beaucoup de mes connaissances et même de ma parentèle ont usé à mon sujet, mais que Ernie, je lui en sais gré, n'a jamais brandi à mon sujet.
Sous la carapace rugueuse de mon père, son caractère d'ours, une subtile délicatesse. (p. 127)

Se dégagent deux lignes de force dans ce récit : la douleur de ce fils cadet mal aimé par une mère qui ne rêvait que d'une fille, douleur démultipliée de ce Fils de... souvent abordé par intérêt pour son "monumentalement célèbre" père :

"- Tous les littéraires ne sont pas des gentils...
-On est d'accord, Gloria
- Je le voyais venir. Il allait me parler du grand Ernest. Je ne l'intéressais qu'à ce seul titre, c'était une évidence. Pas facile de descendre d'un homme connu , respecté, admiré au-delà des frontières. (p. 186)

Ce texte m'aura donné, de plus, envie de découvrir et lire un des textes d'Hemingway m'étant inconnu, " Iles à la dérive"....

Par rapport au début de ma chronique je module mes réserves et blocages pour reconnaître des qualités indéniables à ce texte, le style très fluide de Brigitte Kernel qui choisit comme stratagème narratif de donner la parole directement au fils cadet d'Ernest, Gregory-Gloria, qui raconte à la fois son parcours intime complexe de trans, sa place délicate dans le clan familial, tout en proposant un portrait d'Hemingway, tout en nuances....

Je remercie une nouvelle fois la camarade-libraire, qui m'a permise par son prêt cette lecture que je n'aurais pas faite spontanément

@Françoise Boucard - 17 janvier 2020
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