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3,74

sur 286 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Buvard est un roman sur l'écriture et la lecture. C'était une recommandation d'un libraire rencontré au cours de l'émission La grande Librairie.
Une jeune femme sauvage, auteur de romans qui ont marqué le paysage littéraire, vit en recluse dans la magnifique campagne anglaise. Pourquoi fait-elle un exception et accepte t-elle de se livrer à un jeune étudiant fan de ses écrits? Lui-même a du mal à comprendre sa chance. Mais ils vont passer plusieurs semaines ensemble, au cours desquelles Caroline lèvera le voile sur les blessures de son passé et les chemins cahoteux qui l'ont conduite à exorciser son passé en écrivant. Les confidences de la jeune femme réactivent chez Lou les plaies de son passé.

La justesse de l'écriture confère au roman des accents d'authenticité, et il pourrait être tentant d'effectuer en quelques clics des recherches sur la vraie Caroline Spaceck : peine perdue, elle n'existe que dans l'imagination de Julia Kerninon, aux côtés du jeune interviewer. le rendu des émotions ressenties par les personnages est très réaliste et très convaincant. le huis-clos accentue la force des interactions entre les deux personnages principaux, renforçant l'intérêt du lecteur pour le propos

C'est un premier roman très prometteur, avec un sujet séduisant : les mécanismes de l' écriture, mais aussi les liens qui se tissent entre un lecteur et un auteur, et la faille qui peut se révéler lorsque ces liens fantasmés passent au crible de la rencontre tangible



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Un écrivain, à quoi ça ressemble?
On est happé par ce texte court, fluide et enlevé qui nous plonge dans un huit- clos saisissant entre Lou, le simple étudiant qui voulait savoir comment s'écrivent les livres, désireux-- nous lecteurs d'en savoir plus-- et cette femme " écrivain" Caroline.N.Spacek, diva de la littérature, recluse dans sa propriété de la campagne Anglaise, énigmatique, sulfureuse, silencieuse surtout , :"Mon silence est tout ce qu'ils ont à écrire".
"La littérature--- la Littérature est mon affaire---"
Caroline et Lou ont chacun un passé très douloureux qui les ronge, un passé envahissant leur présent à tout instant, qui risque de les paralyser.......
Le malheur est partout dans l'enfance de Caroline,"MES parents m'avaient élevée sans précaution---sans Amour"......."Ravaler cette histoire -- Faire du papier avec la démence insigne de mon pére, avec la peau de ma mére gorgée d'eau comme un sac en plastique ".
En fait nous sommes au coeur de secrets vertigineux, de faits invraisemblables, de jeux de miroirs , d' identités qui se brouillent .Ce récit nous immerge au coeur d'une somme inracontable et écrasante à la fois,oú l'on se déverse, l'on se confie, l'on s'épanche.......L'auteur nous plonge au plus profond du processus de création , à la recherche des codes secrets des portes blindées de la littérature.
Seuls comptent la perfection, la démesure, la douleur, l'excès........la violence aussi, l'inspiration et oú l'écriture devient salvatrice. Je n'en dirai pas plus........
Une écriture qui peut construire ou détruire une vie.....
Un texte entièrement dédié à la lecture et aux mécanismes de l"écriture qui balaie tout sur son passage et ne laisse personne indifférent .Un récit qui reconstruit une trajectoire ô combien minée et fêlée, le temps d'un été brûlant .
Une écriture envoûtante et riche au souffle puissant, surtout pour un premier roman!
Étonnant !
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Qui se cache derrière le nom de Caroline N. Spacek ? Un voile opaque entoure cette romancière à succès âgée de 39 ans, coupée du monde dans sa grande maison du Devon, en Angleterre. Un voile que s'apprête à lever le jeune Lou, tombé amoureux de son écriture et l'un des rares journalistes à avoir reçu le privilège de l'interviewer. Mais la rencontre qui ne devait durer qu'une journée va s'étendre sur neuf semaines… Deux mois durant lesquels le jeune homme va recueillir les confessions les plus intimes de Caroline, de sa jeunesse dans un milieu populaire où « les bouquins, c'étaient pour les tafioles », à sa rencontre avec le poète Jude Amos, son Pygmalion, son âme soeur, en passant par ses relations houleuses avec les hommes et aux trop nombreux drames de sa vie. Une vie tumultueuse et enflammée, qui laissera peu de place à autre chose que l'écriture. Une passion dévorante, exigeante et intraitable à laquelle Caroline se consacrera corps et âme, au détriment parfois de la raison…


Avec « Buvard », Julia Kerninon nous offre un premier roman bluffant et terriblement addictif ! le lecteur se retrouve happé par ce huis clos passionnant et inquiétant, dévoré par l'envie d'en découvrir plus sur cette femme intrigante et énigmatique. Une mise en abîme du roman, dans laquelle l'interview se transforme en véritable travail de biographe pour Lou qui, de simple admirateur, succombe petit à petit au magnétisme de Caroline et désire jouer un rôle dans sa vie. Une fascination douloureuse, obsédante, mais à sens unique, qui causera au jeune homme bien des tourments. Julia Kerninon nous plonge au coeur du processus de création, où seuls comptent l'inspiration et la perfection et où l'écriture est un exutoire. le style de l'auteur est enlevé, parfaitement maîtrisé et parvient à créer le suspens à chaque coin de pages, emprisonnant le lecteur avec une redoutable efficacité. Un premier roman très réussi, plein de talent et une jeune auteure à suivre !
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«Le dernier amour d'Attila Kiss », m'a donné envie de découvrir le premier roman de cette jeune auteure au talent certain.
L'histoire proposée dans « Buvard » m'a happée dès les premières lignes.
J'ai été sensible à la vie de Caroline N. Spacek, recluse dans la campagne anglaise jusqu'à la visite de Lou.
Le jeune homme est bien décidé à découvrir cette écrivaine dont il a lu tous les livres : « Lui faire ouvrir les doigts. Savoir ce qu'elle dissimulait au creux de sa paume ». Il a toujours été intrigué par cette femme encensée et scandaleuse dont les livres et les amours ont défrayé la chronique.

Et commence alors une rencontre exceptionnelle qui au lieu d'une après-midi initialement prévue, durera neuf semaines.
Neuf semaines pour raconter, neuf semaines pour comprendre.
Caroline se livre, Lou écoute.
« Buvard" est un très beau premier roman, à l'écriture mélancolique qui laisse voir une femme forte et brisée et livre une réflexion sur le processus créatif et la littérature.
J'ai été impressionnée par la fluidité de la langue et la maîtrise de la construction. Tout s'emboîte parfaitement et m'a tenue en haleine tout au long du récit. Un vrai régal.



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Voilà un premier roman étrange, original et prenant, sous forme de huis-clos retranscrit par l'un des personnages.Il fait d'abord penser à " Hygiène de l'assassin" pour le thème: un écrivain face à quelqu'un venu l'interviewer mais là s'arrête la ressemblance.

Lou, jeune homosexuel de 19 ans est étudiant.Il est effectivement venu chez Caroline Spacek , dans le Devon,pour faire une interview de la célèbre et fantasque femme de lettres.Charmée par la sincérité maladroite du jeune fan ( il a lu tous ses livres), elle va se confier à lui , durant tout un été et reconstruire en sa compagnie sa fulgurante trajectoire d'écrivain.Mais comme l'écrit Lou: " Ce n'était pas si facile que ça d'interviewer un écrivain, puisque la vérité n'était jamais une base pour eux, mais plutôt une destination, puisqu'ils maîtrisaient si bien la fiction que tout ce qu'ils pouvaient imaginer sonnait vrai."

J'ai trouvé passionnante cette intrusion dans la vie de Caroline, qui permet d'assister à la naissance d'un écrivain,elle, la jeune fille de 19 ans, issue d'un monde inculte, violent, et qui, par hasard, en devenant la secrétaire improbable d'un poète brillant, Jude Amos, va se trouver confrontée au monde des mots.Et ce sera l'explosion d'un talent.Explosion, c'est le mot car l'univers agressif de ses livres subjugue et fait scandale à la fois.

J'ai été touchée aussi par le beau- mais fragile- lien qui s'établit entre Caroline et Lou, au fil des jours.Lui aussi a connu une enfance douloureuse et la misère sociale et il comprend mieux que personne ce qu'elle a vécu.

Les méandres de la création, les sortilèges de la fiction sont décrits de façon fort intéressante, dans un style brillant et tourbillonnant, à certains moments, en accord avec le tempérament tempétueux de Caroline: " Mon style, c'était la tristesse dans laquelle je me réveillais le matin, quand je pensais à Art, mon style, c'était de petites chambres d'hôtel dans toutes les capitales européennes,c'était les jardins royaux gelés, les blocs délavés à la dérive sur le Danube, couverts d'oiseaux, la neige bleue sous mes pieds,mon style, c'était une toque en fourrure et mes yeux qui pleuraient dessous."

Julia Kerninon est un auteur à suivre, c'est sûr ! Vivement son prochain livre...
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Qui se cache derrière une plume, qui est l'auteur(e), d'où vient-il (elle) et comment est-il (elle) venu(e) à l'écriture, que reflète ses ouvrages ? Si vous aimez la littérature et tout ce qui touche aux écrivain(e)s ce roman retiendra votre attention.

Lou, 24 ans demande à Caroline N. Spacek, 39 ans, écrivaine à succès qui vit recluse dans le Devon (Angleterre) depuis plusieurs années si elle accepterait de le recevoir pour une interview. A sa grande surprise non seulement elle accepte mais ce qui aurait dû durer qu'une journée va devenir un long séjour de neuf semaines pendant lesquelles Caroline va se livrer, dans un premier temps par bribes, elle, son enfance, son parcours, ses rencontres, sa vie et comment est née sa plume, dans quelle encre elle s'est nourrit,  révélant au jeune homme ce qu'elle tenait caché, son jardin secret, les hommes de sa vie et ce qui l'a à la fois construite mais également détruite et pourquoi, désormais, elle vit à l'écart du monde.

J'ai connu Julia Kerninon avec Ma dévotion et Liv Maria, deux romans que j'avais beaucoup aimés, dont la plume douce et délicate relatait des histoires fortes et féminines, où l'amour tenait une place prépondérante même si elle s'attache aux destinées de ses héroïnes et à leurs secrets. Ce qu'elles sont, leurs choix et comment ne pas penser qu'ici elle parle également d'elle en tant qu'écrivaine d'un premier roman où, à travers Lou, elle évoque un monde dans lequel elle entre, découvre et tente de déflorer les secrets de création. 

Mais il s'agit d'un roman et son héroïne, Caroline, est entourée de mystères et après avoir lu tous ses ouvrages grâce à son amant, Piet, grand fan de l'auteure et qui l'encourage dans la voie de l'écriture, Lou va tenter de soulever le voile sous lequel désormais elle se cache. Alors certes on peut trouver étonnant la connection rapide qui se produit entre eux deux, Lou restant en "résidence" chez Caroline, partageant son quotidien durant plusieurs semaines, celle-ci acceptant peu à peu de se livrer à cet inconnu, à lui, qui ne possède aucune expérience dans le domaine de l'écriture et c'est justement peut-être les raisons pour lesquelles elle accepte l'offre, parce qu'il offre un visage pur, non travesti, afin de l'avertir, de le prévenir des influences, des répercussions, des échos qui s'insinuent à la fois dans l'existence mais également dans les oeuvres d'un(e) écrivain(e) et peut-être parce qu'elle devine face à elle un jeune homme dont le passé et le destin sont similaires aux siens.

Bien sûr il y a l'enfance, le milieu social, les amours, Un Amour, celui qui la fera à la fois grandir mais qui la ravagera parce qu'on ne sait pas toujours ce qui nous attire vers l'autre, pourquoi on accepte ses absences, ses silences, ses troubles (sujet central de Ma dévotion). Elle aborde l'influence que peut avoir un écrivain sur un autre, comment ceux-ci arrivent (ou pas) à cohabiter, à travailler, à se jalouser parfois. 

J'ai mis un peu de temps à m'intéresser au contexte, à comprendre ce que les deux personnages allaient partager, ayant le sentiment d'entrer dans un puzzle dont je n'aurai pas toutes les pièces. Et puis la magie de la plume de Julia Kerninon a opéré. J'ai écouté, comme Lou, Caroline et, peu à peu, le portrait sortait du flou, elle apparaissait avec ses cicatrices, ses douleurs, ses pertes et comment tout son travail était le reflet de sa vie, de façon directe ou indirecte, comprenant que souvent les écrivain(e)s mettaient un peu (beaucoup) d'eux d'une manière ou d'une autre dans leurs ouvrages.

J'aime, comme dans les deux lectures précédentes d'elle, la manière dont elle dévoile ses objectifs, laissant le lecteur avancer à petits pas, sans brutalité, doucement, prenant soin comme Lou de prendre le temps de s'imprégner non seulement du lieu où vit celle qui sera le sujet de son article, mais également de comprendre comment elle a semé tout au long de son oeuvre des traces de sa vie sans pour autant se dévoiler, ayant trouver grâce à un homme une échappatoire à une vie qui n'avait rien de littéraire.

Caroline et Lou sont animés des mêmes passions : l'amour, l'écriture mais l'une en est ressortie cabossée et l'autre n'en est qu'à ses débuts. 

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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C'est parce que j'avais trouvé le dernier roman de Julia Kerninon, Ma dévotion, très intéressant et que j'avais été séduite par l'écriture de cette auteure que je me suis procuré Buvard, son premier roman. Enfin pas vraiment son premier, puisqu'elle en avait déjà écrit deux autres sous le pseudonyme de Julia Kino. J'ai retrouvé dans Buvard ce qui m'avait plu dans Ma dévotion, et j'apporterai aussi un bémol qui ressemble à celui que j'avais formulé alors…

Buvard, c'est avant tout une histoire d'écrivains (au pluriel), de la passion, de la douleur, de la difficulté, du plaisir et du bonheur d'écrire. Lou, un jeune étudiant, contacte la maison d'édition de Caroline N. Spacek, auteure couverte de prix et traduite en plusieurs langues, pour solliciter une entrevue auprès de cette célébrité qui n'en accorde jamais. Contre toute attente, elle propose de le recevoir chez elle, à la campagne, dans le Devon, dans la maison où elle vit quasiment en recluse. Il y restera neuf semaines, tout un été, dans un huis-clos passionnant et parfois très éprouvant pour l'un comme pour l'autre.

Lou est donc le narrateur à la première personne de cette histoire en quatre parties. Il intervient pour nous raconter comment se passe la longue entrevue que lui accorde Caroline. Il nous décrit ses appréhensions, ses hésitations, ses craintes, mais aussi son enthousiasme, ses joies et son admiration devant cette grande écrivaine qu'il révère. Il retranscrit pour nous les bandes qu'il enregistre : Caroline prend donc la parole à la première personne elle aussi. Les chapitres où elle intervient commencent tous par des guillemets. Et Caroline va lui raconter sa vie mouvementée et « sa » manière d'écrire, sa littérature, sa passion, la création dévoratrice, qui peut tout détruire sur son passage…

J'ai bien aimé ce livre dans lequel Julia Kerninon a prêté aux deux personnages en présence certains points communs : la passion de la lecture et de l'écriture, mais aussi une enfance terrible, difficilement racontable, une enfance qu'on traîne avec soi comme une prison permanente et qui a laissé à l'un et à l'autre l'impression de n'être à sa place nulle part. L'auteure excelle à rendre les émotions des deux protagonistes dans un style naturel et pourtant très original : chapitres et phrases de longueurs irrégulières, parfois deux pages de dialogues, puis un long passage sans rapporter de paroles, ou alors au style indirect libre ; des phrases avec plusieurs relatives, d'autres sans verbe, etc., un rythme toujours changeant qui apporte une grande vitalité à ce beau texte. Un bémol de rien du tout : certaines petites invraisemblances. Entre autres, Caroline lit (et retient !) le dictionnaire en un rien de temps, et enchaîne, elle qui n'avait jamais rien lu, par l'Ulysse de Joyce…

Challenge multi-défis 2019 # 87
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Buvard est le premier roman de Julia Kerninon, dont j'ai découvert la plume il y a quelques mois avec son roman Liv Maria.
Un roman singulier, un huis clos d'une incroyable maturité pour une jeune autrice de 27 ans.

Deux personnages, deux temporalités. Lou, un jeune étudiant jadis violenté par ses parents, arrive chez Caroline N. Spacek dans le dessein de l'interviewer sur sa carrière d'écrivaine.
Contre toute attente la mystérieuse Caroline, qui vit recluse dans la campagne anglaise après une carrière fulgurante, accepte. Et se met à raconter. Son enfance misérable caractérisée par l'inculture, son expérience de secrétaire particulière dévouée corps et âme à un poète qui finira par la mettre à la porte, ses trois mariages, sa vie déréglée et sans entraves, l'écriture de ses romans.

Passionné par ce destin hors normes, Lou lui prête une oreille attentive et joue le rôle de « buvard » aux confessions de la jeune femme.
Buvard propose une réflexion sur le processus d'écriture. Écriture comme trace d'un vécu, témoignage, exutoire, révélateur.
Un roman très bien écrit, différent, que je vous invite à découvrir si vous avez comme moi succombé au charme de Liv Maria.
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Un beau livre sur le processus de création,quand l'écriture devient le moteur de la vie,l'obsession,l'unique source de survie.Un jeune étudiant en sera témoin à travers le récit de la vie d'une écrivaine à succés,par la propre bouche de cette dérniére....
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Lou, universitaire écrivain de 24 ans, rencontre une écrivaine qui le fascine, Caroline N. Spacek, 39 ans, qui elle-même a rencontré un écrivain, alors qu'elle avait 18 ans, qui a marqué un nouveau départ dans sa vie jusque là plutôt difficile. On a là la structure d'un roman à tiroirs avec mises en abyme. Les chapitres sont courts, et marquent une avancée à petits pas dans les histoires de Caroline N. Spacek et de Lou ; c'est le récit de Lou qui occupe la narration. Il se fait dans la lenteur et la retenue.

Caroline N. Spacek est un personnage imaginaire et fantasque. La question de la personnalité de l' écrivain, de sa vie et de son travail semble être récurrente dans l'oeuvre de Julia Kerninon. Lou retrace la biographie d'un auteur qu'il admire.

L' histoire de Caroline N. Spacek et celle de Lou se font écho. Tous les deux ont eu une enfance difficile marquée par la violence de leur milieu et de leurs parents. Ils ont pu échapper à cet enfer grâce à une rencontre, celle de l'écrivain Jude Amos, pour l'une, celle de Piet, son compagnon, pour l'autre. Ils ont pu accéder à la culture et à l'écriture grâce à leur mentor respectif.

Lou est un personnage plutôt candide et ingénu face à Caroline N. Spacek très affirmée, qui semble beaucoup plus âgée que ses 39 ans, avec sa voix rauque et ses propos bien tranchés. A côté, Lou fait figure de petit prince sur l'étrange planète de l'écrivain. Il est désemparé face à une femme dont il ne comprend pas le fonctionnement – Lou est homosexuel .

L'écriture, à l'image de la langue de Caroline N. Spacek est crue en général, mais compte de petites échappées romantiques assez touchantes. C'est le cas quand la parole est donnée à Piet :"- Mais, Lou, on ne tombe pas amoureux des femmes parce qu'elles sont belles. On tombe amoureux des femmes qui sont quelqu'un."

Julia Kerninon, bien que spécialiste en littérature américaine puisqu'elle a obtenu un doctorat en 2016, situe son premier roman, Buvard, au coeur de la campagne anglaise dans la région d'Exeter, au sud de l'Angleterre. C'est là que vit Caroline N. Spacek. Ses souvenirs font aussi voyager, à Paris et dans toute l'Europe.

L'écriture de Julia Kerninon est rythmée, énergique et efficace. Elle contient et exprime toute la violence de son héroïne. Elle maintient son lecteur en haleine au moyen d'un découpage du récit bien pensé, en quatre mouvements.

Buvard est l'histoire d'un amour fou, celui de Caroline et Jude et en même temps celle d'un lecteur fasciné, Lou, qui met sa vie personnelle entre parenthèses pour approcher et comprendre Caroline N. Spacek. le buvard absorbe l'encre, et Lou, à l'image du buvard, se laisse envahir. Mais le sujet du livre de Julia Kerninon est l'écriture, avec ses exigences, sa complexité, sa puissance et ses effets sur la vie de l'auteur. On découvre au détour d'une phrase de très belles définitions de l'écriture.
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