AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nat_85


Lorsque l'amour rime avec dévotion, il ne peut ouvrir les champs des possibles qu'à une seule et même finalité : la destruction du soi et ses dommages collatéraux. C'est ainsi que se résume le roman de Julia Kerninon » Ma dévotion « paru aux éditions du Rouergue en 2018.
Mais que connaît-on à l'amour lorsque l'on a connu que les viols de ses propres frères comme entrée en la matière ? Avec toute l'impunité et l'indifférence de sa propre mère comme unique soutien ?
p. 111 : » – Mais nous avions grandi avec eux, rétorquerais-tu, n'est-ce-pas ? Nous ne connaissions pratiquement que ça. Des menteurs, des tricheurs, des opportunistes, des truands. Mes parents. Tes parents. Non ? Nous n'avions jamais connu autre chose. «
C'est au gré du hasard qu'Helen croise Frank dans une rue de Londres. Ils ne se sont pas revus depuis près de deux décennies. Mais les yeux ne trahissent jamais. À travers leurs regards échangés, se transmet toute une vie d'incompréhension, de rendez-vous manqués… de dévotion.
Au crépuscule d'une vie entière dévouée à cet homme, Helen souffre de n'avoir jamais su trouver les mots, de n'avoir jamais eu le courage de s'ouvrir à son meilleur ami… son amour de toujours.
Ils ont douze ans lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois, à Rome, où le père d'Helen occupe le poste d'ambassadeur et celui de Frank premier conseiller. Habitués à faire bonne figure en toute circonstance, chacun évite tant bien que mal sa propre famille.
p. 31 : » – Toi aussi, tu détestes ta famille ? «
De plus en plus proches et complices, Helen décide de convaincre ses parents du bien fondé de partir faire ses études de littérature à Amsterdam avec Frank, profitant ainsi de l'appartement dont sa mère est restée propriétaire. Une fois leur diplôme de fin d'étude ne poche, ils pourront vivre leur idylle en toute liberté, tout en s'investissant dans leurs études respectives. Mais tout ne se déroule pas comme prévu, comme une première alerte dont Helen préfère ignorer le retentissement. Si elle est une jeune femme sérieuse, déterminée et pragmatique, Frank, quant à lui, est un être au tempérament solaire, imprévisible et égocentrique.
p. 36 : » Ainsi je crois que, dès le premier soir, j'ai eu cette certitude, Frank : veiller sur toi serait ma destinée. «
Passées les premières semaines d'une cohabitation passionnée et sans nuage dans l'appartement d'Amsterdam, Helen entame son cursus scolaire tandis que Frank se contente de vivre au jour le jour. Blessé dans son orgueil par la réussite de sa compagne, il se met en tête d'écrire un roman et s'enferme un mois durant dans sa chambre. Helen se consolera dans la gestion du foyer en plus de ses études.
p. 52 : » Pour moi, tu m'as été redevable dès a première seconde où j'ai cérémonieusement déposé le double des clés dans tes mains en coupe, l'été de nos dix-huit ans. Et ta dette, à mes yeux, n'a fait que s'alourdir, avec tout ce qui est arrivé par la suite. «
Un jour Helen lui présente un ami peintre : Frank a la révélation de sa vie. Il souhaite lui aussi devenir artiste peintre et comme toujours, il obtiendra ce à quoi il aspire, sans concession, n'écoutant que son seul désir comme leitmotiv. C'est à l'insu de deux étudiants de l'Institut d'Art Appliqué Theo Soto-Salinas et Ossip Gang qu'il acquerra les bases.
p. 83 : » À leur insu, ils t'ont éduqué, en te répétant le soir devant un verre de bière ce qu'ils avaient appris en cours dans la journée, et ils t'ont formé en te montrant leurs outils, en te présentant leurs amis, en t'ouvrant les portes de leur monde. Plus tard, ton ingratitude à leur égard m'a toujours paru une erreur, un manque de savoir-vivre. «
Depuis l'âge de ses vingt-huit ans, Frank connaîtra un succès grandissant en tant qu'artiste. Sa réputation le précédera auprès de la gente féminine, ne laissant à Helen – loyale mais amère – qu'une simple place de figurante.
p. 129 : » J'étais devenue ta servante, et comme toutes les servantes, j'ai fini par considérer que mon maître m'appartenait. «
Mais quelles sont les limites d'une telle dévotion ? Helen s'est oubliée toute sa vie durant pour cet homme sans reconnaissance. C'est un livre sur sa trajectoire parallèle à celle du grand Frank Appledore, dans une sorte de confession. L'écriture est incisive et intimiste. Un roman agréable, sans être un coup de coeur.
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}